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,D E

M

O

N

r

E S

~

U 1 E U.

x,iij-

,

fguieu a cru pouvoir

&

devoir en u[er dans un livre defl:ipé

a

'des hommes gui pen–

fenr, dom le génie doir fu pplée r

a

des omiffions ' volomaires & raifonnées,

L'ordre qui fe fait appercevoir dans les grandes parties de l' Efprit de'!; Lo is , ne

reg!1e pas !TIoins dans les dérails;

IlOUS

croyons que pll}5 on approfondira

l'

ouvrage,

, plus

de l'Afie

&

de l'Amériquq,

&

réprouvé dans les

dimats tempérés de l' Europe, donne fujet a

l'

Auteur de traiter de l'Efclavage civil. Les hom–

mes n'ayant pas plus de clroit fur la li berté que

fur

la

vie les uns des autl'es, il s'enfuir que I'e–

fclavage, généralement parlanr, el!: contre la loi

l1!lturelle. En effet, le droir d'efclavage !le peur

venir ni de .la guerre, puifqu'il ne ¡iourroit etre

alors fond é que fur le rachat de

la

vie ,

&

qu'il

n'y a plus de droit fur la vie de ceux qui

n~at­

taquent plus; ni de la vente qU'lIn homme fuit

de lui-meme a un autre , puifqul:: tollt cito)'en

étant redevable de

(a

vie a l' Etat, lui ere

;1

plus

forte raifon redev'able de fa liberté "

&

pllr con–

féquent n'el!: pas

le

maltl'e de la vendre, D'ail-'

leurs que! (eroit le prix de cette veñte? Ce ne

peut etre l'argent donné au vendeur, puifqu'au

moment qu'on fe rend efclave, tolltes les polfef–

.Gons appartiennent au maltl'e : or une verlte ["ns

prix eft auUi chimérique qu'un contrat fans con–

dirion .

I1

n'

y a

pellt-~tre

jamais eu qu' une loi

jul!:e en fuveur de I'efclavage, c'étoit la loi Ro–

maine qui rendoit le débiteur efclave du créan–

ci~r;

encore cette loi, pour erre équir:.ble, de–

voir borner la fervituae quanr au degr.é

&

quant

:m

tems . L'efclavage peut tout au plus erre to–

léré dans les Erars defporiques, ou les hommes li–

bres, rrop foibles

'c~ntre

le gouvernemem, cher–

chent a devenir, pour leur propre utilité , les

e–

fclaves de ce!1x qui ryrannifent l'Erar; ou bien

daos les climars dOBt la chaleur énerve

{j

fon le

corps

&

affoiblit teHern<:nt le courage, qlie \es

hommes n'y font portés

a

un devoir pénible

qu~

Far la crainte, du chlniment,

,

. ,

A

coté de I'efclavage civil on peut placer la

fervirude domefiique, e' eft -

a-

dire eeHe

Ol!

les

femmes (om dans eertains climats: elle peut avoir

lieu dans ces contrées de l' Afie

Ol!

elles font en

état d'habiter avec les hommes avant que de pou–

voir faire u('ge de leur raiCon; nubiles par la loi

du c1imat, cmfans par celle de la natl¡re. Cetre

fujc;rion devient

enco~'e

plus nécelJaire dans les

P ays ou la polygamie ' cfl: érablie; ufage que M.

de Montefquieu ne erétend pas juiWier dans ce.

qu'il

a

de contraire a la Religion, mais qui dans ,

les lieux ou il eft rec;(i

(&

a ne parler que po–

liriquement ) peut etre fondé jurqu'a un cenain

poim, ou fur la nature au Pays , ou fur le rap–

porr du nombre des femmes au nombre des hom–

mes, M. de MCillltefquieu parle

a

cene occafion

de la Répudiation

&

du .Divorce;

&

il érablit

fuI' de bonnes raifolls, que la répudiation une fois

admife, devroit étre permi(e aux femmes com.

me aux hommes,

Si le clim:¡t

a

tant d'inRuence (ur

la

fervitud e

donieflique

&

civile, il n'en a pas moins fuI' la

fervitllde

politiq~¡e,

c'e l!:- a-dire tul' ceHe qui fou- ,

met un peuple a un autre, Les peuples du Nord

font plus forts

&

plus courageux 9ue ceux du

Midi; ceux-ci doivemt done en g éneral etre fub–

jugués , celL'{ -la conquérans; ceux - ci efclaves ,

ceux-Ja libres . C 'eft auffi ce que I'Hil!:oire con–

firme: l'Afie a été conquife onze fois par les peu–

pies du

N

ord; l' ,Enrope a fouffert beaucoup

moins de révolutions,

A

l'éaard des lois relatives

a

la nature du ter–

rain,il

cR

c1air que la D émocratie convient mieux

Tome

P.

que la Monarchie aux Pays ftéri.\es,

Ol!

la telTe

a befoin de toute l'indul!:rie ' des hommes, La li–

berté d'¡¡illeurs d I: en ce cas une efpece:; di dé–

dommagemenr de

la

dureté du

~ravail.

Il

fauc

plus de loís pour un peuple agriculteur que pour

Ull

peuple qui n0UITit des troupeaux, pour ce–

lui- ci que pour un peuple ehalfeur, pour un.peu- ,

pIe qui faie uGge de la monnoie que p0ur ceIlIi

qui l'ignore,

' .

Enfin on doit avoir égard au génie paniculiel'

de la N ation. La vanité qúi groffit les objets,

el!: un bon relfort pour le gouvernem.ent; l' or–

gueil qui les c;léprife el!: un relfort dangereux"

Le Legislateur doit refpecfrer jufqu'a un certain

poim les préjugés , les patnons, les abus ,

11

doit

imiter Solon, ,qui avoit donné aux Athéniens , '

nOA les meillcllres lois en elles-memes , mais les

meiHeures qu'ils pulfem avoir: le caraétere. gai de

ces peuples' demandoir des lois plus faciles; le

caraétere dur des Lacédémoniens , des )ois plus

féveres, Les

10i~

font un mauvais moyen pour

c.hanger les manieres

&

les ur.1ges ; c'eft par les

récompenfes

&

l'

exemple qu"il faut dlcher d' y

parvenir.

II

eft pourtant vrai en

me~e

l:ems , que

les loi&d'Lin peuple, quand j)n n'affe.é1:e pas d'y

choquer groffieremenr

&

direétemem fes mceurs ,

doivent inAuer infenfiblement rur

e11e:¡',

foit pouÍ'

,les affermir, foit p0ur les changer.

Apn:s avoír approfondi de cen e ma)liere la na–

ture

&

l' efprir des Lois par rappon aux diffé–

re:;ntes efpeces de Pays

,&

de peuple$, l' Auteur

revient de nouveau

:l

confidérer les Etats les, uns

par rapport aux autres. D' abord ,

en

·Ies com–

parant entr'eux

d'

une maniere .g énárale, il n'a–

voit pü les enviC,¡ger que par rappOllt au mal qu'

ils peuvenr

fe

fai re; ici il \es envi!3ge par rap–

pon aux fecours mmuels qu'ils peuvent' fe don–

ner: 01' ces fc:;cours· fom principalement fondés

fur le Ccimmerce. Si l' <;fprir de Commerce pro–

dui~ n~tu~'e}lement

un efprit

d'int.'~n( t

oppore a

la

tubltmlte des. venus morales ,

ti

lenq aulli un

. peu?le naturellement jufte,

&

en éloigne. l'oifi–

vece

&

le brigandage , L es Natioos libres qui

vivenr fous des g.ouvel'nemens

modér~s ,

doivt:llt

s'y

livrer plus que les N atioos efclaves . J amais

une N ati'on ne doit exclure de fon corr, merce 'une

autre Nation, fans de grandes raifons. Au refte

la liberté en ce genre

Il'eí\:

pas une faculté ab·

(olne accordée aux N égocians de faire' ce qu'ils

v.eulem, fad!lté qui leur 'íeroít fouvebt préjudi-.

ciable; elle confi{te

a

ne 'gener les

N

égocíans

qu'en faveur du Comm'erce , Dans

l:t

Monarchie,

la

N

oblelfe ne doit point s' y adollllcr, encore

moins le l?rincé , EnJin il el!: des Naríolls aux–

qllelles le Comrnerce' el!: deravantageux ; ce ne

[ont paS' celles qui n'om befoin de rien, \l1ais cel–

les qui ont befojn de tout: paradoxe qtle l' Au–

teur relld fen(lbl e par l'exemple de la L>ologne ,

qui manque de tout, excepté de blé ,

IX;

qui par

le commerce qu"dle en fair , prive les P'lyfans de

leur 110ulTiture pour

fatisf~ire

aú luxe des Sei–

gneurs.

M .

de Montefquieu,

a

I'occafion des lois

que le Commerce exige, fait I'hitl:oire

de

(es dif–

férentes révolutions;

&

cene partie de fon livre

n'el!: ni la moins intérelrante , ni la moins elll'ieu–

fe.

Il

compare l'appauvrilfemem de l' Efpagne ,

par la décollVerte de l'Amérique, au fon ce ce:;

ti

Prin-

l .