xv iij
ELOGE DE M LE P RESIDENT'
de l' Eglife- prouveroit
a~ moi~.s
combien elles
f~roient
excufabl.e,s . lV!ais ce C,?'rps , pleín .
de prudence, ne prJécipltera n en dans une
{j
Importante matl e re: JI connOlt les bor–
nes de la raifon
&
de la foi; il, fait qu e l'ouvrage d 'un homme de Lettres ne doir
point e tre examiné comme celui d'un Théologien ; que les mauvaífes conféquences
auxquell es un e propofitíOIl peut. donner li eu par des
int~rpré lations odi ~ufes,
11e
ren–
dent point blamable la propofitlOn en ell e-meme; que d alll eurs nous vlvons dans un·
fi écJe malheureux , 00 les intére ts de la Religion ont befoin d'a tre ménagés ,
&
qu'on
peut luí nuire aupres des fimpl es , en répa nd ant mal-a-propos fur des génies du pre-
mier ordre le fo ups;on d'incréd lllité; qu'er.f)n, malgré cette ac<!:ufation ínjuíht ,_
M.
de
"
M ontefquíeu fut toujours efrimé , recherché
&
acoueilli par. tout ce qUIl: l:'Eglife a
de plus refpeébble
&
de plus grand; eut-iI confervé aupres des gens de bien. la c'on–
iiqération dom il joüiffoit, s'i ls l'euffent regardé comme un Ecrivailll dangereu!l(?
Pendant que des lnfeél:es le tourmentoi ent dans fon propre pays , l'Angleterre éle–
voit un monllment a fa gloire. En
1 7 )2.~
M.
Daflier, cé lebre par)es Médai lles qu'il
a frappées
a
l'bonneur de plufieurs nommes íllufrres , vint de Londres a Pa1ris pOllr
frapper la {ienne ,
M.
de la Tour, cet artiH:f!
fi
fup é ri eur par fon talent,
&
fi
efiima–
bl · par fon defintéreffement
&
l'élévation de fon ame, avoit
~wdemment
defir é de don–
ne r un nouveau lufire a fon pinceau, en tanfme ttant
a
la po!té rité le ponuait de l'Al1teur "
de l'Efprít des Lois ; il ne vouloi tque la fatisfaBíon de le ¡;>eim:lre,
&
il
mé ritoit,
comme A pelle, que cet honneur lui fú t réfervé : maís
M.
de Momefquieu., d'autant
plus avare du tems de
M,
de la ToLll' qu e cel.lli-ci en é toít plus prodigue;. fe refufa
con{}:amment
&
poliment
a
fes preílantes follicitations.
Ni,;
Damer df'uya
m.
abord des
di ffic ultés femblables . " Croyez-vous , dit-ilenfin
a
M . de Montefquieu , " qru 'il n 'y
" ait pas aut ant d 'orgueil
a
refufer ma propofition q u';'¡ I'accepte r
~,?
Defarmé par cet–
Ire plaifa nteri e , il laiíIa faire
a
M.
D amer tout ce Cju'il voulllt,
L'Auteur de l'Efprit des Lois joüilloit enfin paiúblement de fa gloi,re, 10rfG)u'il tom–
ba malade au commencement de Février. Sa {amé , riaturellement déliLate, commeu–
c;oit
a
s'alté rer depuis long-tems par l'effet lent
&
prefq l1e il'lfaíJlible des étud'es
pro~
iondes , par les chagrins qu 'on avoit cherché
~
lui fu fc irer
fur
fo n ouvrage; elJfi n par
le ge nre de vie qu'on le fors;oit de mener
a
Paris ,
&
qu'il fentoit lui e tre fu.neHe .
M ais I'empreffement avec lequel
011
recherchoit fa foci é té étoir trop vif pour ' n'etre
pas
qu el ~
uefois indifcrer; on vouloit, fans s'en appercevoir, jOl1ir de lui aux dépens
de lui -meme. A pei ne la nouvelle du danger
OU
il étoit fe fut-elle
ré pandu~,.
qu'eJle
devi nt l'objet des conver[ations
&
de l'inquié tud e publique . fa maifon ne defemplifloit
poil1t de perfoanes de tout rang
C]ui
ve noiept s' informer de ron é tat, les unes par un
inté re t véritable, les aurres pour s'en donner l'apPíl rence, ou pOl1\' fuivr €
la
foule. Sa
Majefié ,
pé nétr~e
de la pe rte que fon Royaume aliOlI: [aire, en demar;¡ da pluGeurs
foi
de~
nouvelles ; témoignage de bonté
&
de juftice qui n'honore pas moins le Mo–
narque que le Sujet" La fin de M . de Monrefquieu ne fut poi nt indigne de fa vie.
Accablé de doul eurs crL¡ell es , éloigné d 'une famille
a
gui il
~ tojt
cher,
&
qrue n'a pa
eu la conColation de lui fermer les
ye\lX ,
enrouré de quelqnes
amis,
&
d~un
plus grand
nombr~
de fpeél:ateurs,
i1
conferva Jufqu 'au dernier moment )a paix
&
l'égalité de lon
ame. E nfin, apres avoir fati sfait avec dé cence
a
tous fes devoirs, plein de eonfiance
en l' Etre é tern e! auquel
il
alloit fe rejoindre, il mourur avec la tranquillhé dl'un hom–
me de bien, qui n'avoit jamais confacré es ta lens qu 'a l'avantage de la
ven
u
&
de
l'humanité , La France
&
r E urope le perdirellt
le ;ro
Fé'Vrier
1755'
a
ra~e
de
foixan-
~e-{jx
ans révolus,
•
Tomes !es No?velles, Fubliques ont ann.oncé cet
.évenerriel~t
comme.
une
cal~mité
,
011
p~4rrOlt
applrquer
a
M . de MonrefqUleu ce qUI a é té dlr aut refols d'un Illl1f!:re
Romalll ; que perlonne en apprenant fa mort n'en témo igna de joie, que perfonne
meme ne l'oublia des qu'il ne fnr plus , Les Erranger9 s'emprelf\;:rent de f¡¡ire éclater
leurs regrets ;
&
Mylord Chefterfield, qu'il fuffit de nommel', fit imprimer dan s un
des Papiers publics de Londres un article en fon hon neur, anicle digne
de
L'un
&.
de. l'autré
¡
c'eH: le portrait d 'Anaxagore tracé par P ériclés
(a).
L'Acadé rnie l'oyale des
clences
&
des Belles-L.ettres de Pruffe, quoiqu'on
n'y
foit point dans l'ufage de pro–
non-
.
(a )
Voici cet éloge en anglois, tel qu'on le
ht
da~1S
la gaze tte appc:llée
E'¡ie11jllg -poft
ou
Poft~
"11
(0Ir:
, On the iotl¡ of this month, died at P l ris, uni–
ver¡;,\Uy and fincerely
r~grettcd,
Charles Secon–
dat, Baron of Momefqul eu, and PreGdent a mor–
tier of the Parliament of BOllrdeallx . His virmes
did
I~onour
to
hurr~'\n
mmre, hi writing jll!1:ice.
A fne od to rr¡:¡olunq , he affcrted thcir lIndollb–
~hed.
and imlicnable rights wi th freed m, cven
~n
IlIS OWll cOlll1tr.y , whofe prejlldiccs in matters
. I
of religion and governement ( il film fe reffoll–
vcni¡- que c'cí!; un allglois qui parle ) be had long
lumented, and endeaVO'llf(ld ( not without fome
fllcceff) to remove . H e well knew, and j ll{Hy
admired the happy con!1:itution of this counrry ,
where fi x'd and known L a",s equally reíhain
l110narc~y fr~rri
Tyranny
, .an~
liben )' froro'licen –
tlOufilel1. HI vVorks
W llt
rllu!1:rate !lis name
and furvive him as long as righr rearon morai
obligarion, and rhe tme fpirit of laws ,
~h:\1J b~
~mdedtood ,
refpeéted and maint;vned,