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KX

ELOGE DE M LE PRESIDENr

Que le Magifl:rars , dans ' quelque ci

!'con~a~ce

&

pour

q~elque (1ra~d in~éret

de

Corp que ce puine erre , ?e doivenr pmals ,erre que

lV~agt1tra~s, ~ns

partl

&

fans

paffiol1 comme les lois,

gUl

abfolvent

&

~unJ{fent

tans almer

DI

halr.

Jl

difoir enfin,

a

J'occahon des d-ifputes EccJéfiafl:iques qui ont tant occupé les Em–

pereurs

&

les Chrétiens Grecs, que les querelles Théologiques, lorfqu'elles ce{fent

d 'erre renfermées dans les Ecoles ,deshonorent infailliblement une Nation aux yeux

des auo'es: en effet, le mépris meme des fages pour ces querelles ne la jufrifie pas;

,paree que les fages faifant par-rout le ?1oins de bruit

&

le plus perit nombre, ce

n'efl: jamais fur

eUX

qu'une Narion eíl: Jugée.

L'importance des ouvrages dont nous avons eu a parler dans cet Eloge, nous en

a fai r paffer fous íilence de moins coníidérables, qui fervoient

a

-I'auteur comme de

délaffemenr,

&

qui auroient futfi pOUl" I'éloge d'un autre ; le plus remarguable eíl:

te

T empte dI! Gltide ,

qui fuivir d 'a{fez pres les Lettres Perfannes. M. de Mbntefquieu,

apres avoir é té dans celle-ci Horace, Théophralle,

&

Lucien, fut Ovide

&

Anacréon

dans ce nouvel e{fa i: ce n'eíl: plus l'amour defporique de l'Orient qu'il fe propofe de

peindre , c'eH la délicate{fe

&

la na'iveré de l'amour pafl:oral, rel qu'il efl: dans une

ame neuve que le commerce des hommes n'a point encore corrompue. L'Auteur crai–

gnant pellt-e rre qu'un tableau íi é rranger

a

nos mceurs ne parút trop languiflant

&.

trOP

uniforme

~

a cherché

a

l'animer par les peintures les plus riantes; il tranfporte

le leéteur dans des lieux enchantés, dont,·

a

la vérité, le fpeétacle intére{fe peu

l'

A–

mant heureux, mai s dont la deYcriprion fIate encore

l'

imaginatio'n quand les· defirs

font fatisfairs. Emporré rar fon fujer, il a répandu dans fa profe ce íl:yle animé '-

fi–

guré',

&

poérique, done le roman de Télémaqu a fourni parmi nous le prer,nier mo–

dele. Nous ignorons pourquoi quelques cenfeurs du Temple de Gnide ont dit

a

cet–

te occallon, qu 'il auroir eu befoin d'erre en vers. Le fl:yle poét ique , fi on entend,

comme on le doir, par ce mot, un íl:yle plein de chaleur

&

d 'images , n'a pas be–

foi n, pour etre agréable, de la marche uniforme

&

cadencée de la veríification ;

mais íi on né fa it conliíl:er ce íl:yle que dans une diaion chargée d'épithetes oifives,

dans les peintures froides

&

triviales des alles

&

du carquois de l'Amour,

&

de fem–

blables objets, la verllfication n'ajoúrera prefqu'aucun mérite

a

ces OI'nemens ufés ; on

y cherc hera roújours en vain l'ame

&

la vie. Quoi qu'il en foír, le Temple de Gnide

érant une e[pece de poéme en profe, c'eíl:

a

nos écrivaíns les plus célebres en ce

genre

a

fixer le rang qu' il doit occuper: il mérite de pareils juges; nous croyons

du moins que les pei nrures de cet ouvrage foútiendroient avec fucces une des prin–

cipales épreuves des defcriptions

poé tique~ ,

celJe de les réprefenter fuI' la roile. Mais

ce qu'on doit fur-toUt remarquer dans le Temple de Gnide, c'efl: qu'Anacréon meme

y eit toúiours obfervateur

&

philofophe. Dans le quatrieme chant, il parolt décrire

les mceurs des Sibarites,

&

on s'appen;:oit aifément que ces mceurs fom les' narres.

La P réface porte {'ur-toot l'empreinre de l'auteur des Lenres Perfannes. E n préfen–

t ant le T emple de Gnide comme la traduétion d 'un Manufcrit grec, plaifanterie dé–

figurée depui s par t ant de mauvais copiíres , il en prend occa{¡on de peindre d' un

,trait de plume l'íneptie des critiques

&

le pédantifme

d~s

Traduéteurs,

&

finit par

ces paroles dignes d 'e tre rapporrées: " Si les gens graves de[¡;-oient de moi quelque

" . ouvrage moi ns fri vol e , je 'fuis en état de les fatisfa ire: il y a trente ans que je tra–

" vaille ,

a

un li vre de

dou.z~

pages, qui doir contenir tout ce que , noUs favons fur

" la Metaphy(lq ue , la Polltlque,

&

la MOl'ale,

&

rout ce que de tres-gtands' auteurs

" ont oubli é dans les volumes qu'ils oot publiés fur ces matieres ".

Nous regardons comme une aes plus honorables récompenfes de notre travaíll'in–

t éret particulrer gue M. de Montefquieu prenoit

a

ce Diétionnaire, dont toutes les ref- ,

fourc ts ont été jufqu'a préfent dans le courage

&

l'émulation de fes Auteurs. Tous

les gens de Lem'es, felon lui , devoient s'empre{fer de concouri l'

a

l'exécution de cet–

te entrepife utile;

il

en a donné l'exemple avec M. de Voltaire,

&

pluíieurs auo'es

Ecri~ains

célebr,es. P eut-etre les u'averfes que cet Ouvrage a eífuyées,.

&'

qui luí rap–

p'ell? lenr les {¡ennes propres, l'intéreífoí ent-elles en notre faveur. Peut-eo'e é toit-il

lenh~le,

fans s'en appercevoir,

a

la jufl:ice que nous avions ofé lui rendre dans le

p remler Volume de I'Encyclopédie, Iorfque perfonne n'ofoit encore élever fa oix

p<?ur le défend re . I1 nous defrinoit un article fur

te

GOt/t ,

qui a é té trouvé impar–

Talt dans fes papiers; nous le donnerons en cet é tat au Public,

&

nous le trairerons

avec le meme refpeét que J'antiquité témoigna autrefoi s pour les dernieres paroles de

~~ neque.

La mort 1'a empeché d'étendre I?lus loi n fes bienfai ts

a

notre égard ;

&

en

JOIgnant nos propres regrets

a

ceux de l'Europe entiere , nous pourríons écrire fur

fon tombeau:

Filtis vitte

&1tS

1106is

/.ttéluOfits

Patrire

trijlis, extra1teis etiarn ignotifqtte

llón

fi/te

etlra fitit

.

'

Tacit.

ill

Agrico t.

c. 43

EN·