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18

CRA

ils s'imaginoieot vair . Si I'efpril fyllt!m.tique les

~

prt!–

cipités dal15 un

grand

nombre d'erreurs, c'eft pa.rce qu'

il ne nous di pos doooé de découvrir fubitemenl

&

comme par uoe efpeee d'in\lioéi la vérilé.

1

ous ne

pouvons y parvenir, qu'en palTanr par bien des imperti–

nenees

&

des extrovaganees; e'ell une loi

¡¡

laquelle la

natme nous a alTujenis. Mais en époifanr tontes les fot–

tifes, qu'on peut dire fur ehaque chofe, les Grees nous

om rendu un ferv ice important, paree qu'ils naus

one

eomme forcés de preodre prefqo'a I'entrée de notre ear–

riere le ehemin de l. vérité.

Poor reveoir

'01

Chala/enl,

void la doéirinc qo'ils

enfeignoient publiquement; favoir, que le fOleil, la lu–

ne,

&

les autres a.fires,

&

fur-tollt les planetes, émiem

de¡ divinités qu'i1 falloi t adorer. Hérodote

&

D iodore

fool id nos garaos. L es étoiles qui formeD! le wdia–

que, étoienr principalement en grande vélléralion parmi

eox, fans préjudice du foleil

&

de

la

lune, qu'ils ont

tOlljOUes regardés eomme leurs premieres divinités. lis

appelloient le foleil

Be/uI,

&

donnoienr

ii

la lune le

nom de

N,bo;

quelquefois .om i1s l' appelloient

N,,–

gal.

L e peuple, qui el! fail pour etre la dupe de touS

eeux qui ont alTez d'efprit pour prendre fur lui de I'a·

feendant, eroyoit bonnemcnt que la divinité rélidoit

dani le! anres,

&

par cooféqucnr qu'ils

éroient

autanr

de dieux qui méritoicnt fes hommages . POllr les

(ages

&

les philofophes du pays, ils fe eontentoient d'y pla–

cer des efprils ou des dieux du fecond ordre, 'lui en

dirigeoient les divers mouvemens.

Ce principe une fois établi que les allres étoient des

dh'init"s,

iI

n' en faJlut pas davantage aux

Chaldl<,,1

pom perfuader au peuple qu'i1s avoienl une grande in–

fiuen¡:e fur le bonheur ou le malheur des humain,. D e

13 ell née l'Aflrologie judiciaire, dans laquelle les

Chal–

dlens

avoient la répur:ltion d'cxceller

fj

fon entre

les .

autres nations, que tous ceux qui s'y difiinguoio:m, s'ap–

pelloient C

hald/em ,

quelJe que fur leur patrie. Ces

charlatans

s'{toient

fair un

:1((

de pr¿dire l'avcnir par

l'iDfpeéiion ,du eours des allres, 011 ils feignoiel1r de li–

re l'el1ehal nemenr des deflioées humail1es. L a erédulilé

des peuples faifoit toute leur fcience; ear quelle liaifon

pou"oient - ils appercevoir cntre les Illouvemcns

régl~s

des aflres

&

les é"étlemens libres de la volol1té? L'a–

vide

curiofl(é

des hommes pour pereer

dans

I':lvcnir

&

paur prévoir ce qui doil Icur arriver,

en

une mabdie

3Um ancienne que le monde meme. Mais elle a exer–

cé principalement Con empire ehez touS les peuples de

rOrient,

dom on fah

quc "imagination s'allurnc aiC¿–

m em. On ne (auroit croire jufqu', quel exces elle y a

élé portée par les rufes

&

les ""tices des pr';tr.s. L ' A–

{lrologie judiciairc cfl le puilla", frein avec lequel on

a de rout

tCITIS

gouverné I'crprit

des

Orientaux.

Sextus

Empiricus déclame avee beaucoup de force

&

d' élo–

quellee contre eet

3rt

frivole , fi funefle au bOtlheur du

genre humail1, par les maux

qu'il

produit

néce(J"airemclH .

En effet , les C

haldlem

retrécilToienr I'e(prit des peuples,

&

les tenoient indignemenr combés Cous un Joug de

fer, que leur impotoit leur fuperllit:on; il De leur étoit

p~s

permis de frire la moitldre démarche, (ans avoir

auparavam conlulté les augures

&

les aru (piees. Quel–

q ue crédules que fuaent les peuples,

iJ

n'étoit pas por–

fible que I'impoflure de ces eharlarans de GhalMe ne

Irahir

&

ue déeelO! tres-fou" em la vanilé de l'Allro lo–

gie judiciaire. Sous le confulat de M. PopiJlius,

&

de

Cncius Calpurnius,

iI

fUI

ordonné aux

Chald/em,

par

un édit du

pr~teur

C or. Hifpaliu$, de fonir de R o me

&

de tOute l' Italie dam I'efpace de dix jours ;

&

la rai–

fOil qu'on en donnoit, c'dl qu'il, abufoÍ<m de la pr¿–

tendue connoiff::mce qu'ils

fe

val1(oienr d'avoir du cours

des allres, pour tromper des eCprirs foibles

&

crédules,

en leur perluadalll que tels

&

tels é vénemens de leur

vie étoiellt écrits daos le ciel. .1lexandre leí

~ m~me

,

qui d'.bord ayoir été préve,'u d'une grande eflime pour

les

Chald¿o1J ,

la leur vendit bien cher par le gralld

mépris qu'il leur porta, depuis que le philofophe Ana–

xarque lui cut f.i t eonnoitre toure la vanité de l'Atlro–

logie Judieiaire.

Quoique l' Aflronomie ail été fort en honneur che?

les

Chaldlem,

&

qu'ils I'ayelll eultivée avee beaueoup

de foin, il ne parolt pourlaUl pas qu'elle eat fait par–

mi eux des progres eonfidérables. Quels Allronomes,

que des gens qui eroyoient que les éelipfes

d~

lune pro–

venoienr de ce que eet aUre tournoit vers nous la par–

tie de fon difque qui étoit opaque? ear ils eroyoiellt

I'autre lumioeufo par elle - mtme, indépendammenr du

foleil: 011 avoient-ils pris aum que le

~Iobe

terrellrc fe–

roie confumé par les flamllles, lors de la conjonéiioll

CRA

des a/lres,

d.ns

le figne de l'EerevilTc,

&

qu' il feroit

inoodé li cetre eOIlJonélion arrivoit dans le ligoe du Ca–

pricorne? Cepcndam ces

e

baldé<1IJ

Ollt été etlimé¡ com–

me de grands Altronomes;

&

il n'y a pas memo long'

(ems

qu'

o.n

ea

revenu

de

cene

ndl~ilst!on pro~i?ieule

qu'on aVal! con.;ue pour- Ieur ¡¡rand lavol< dans 1 fillr?–

mie' admirarion qui n' étoit tondée que fur ce qu' 01,

Com' féparés de nous par une. longue fuite .de fiecles.

Tout éloigoement efl en drolt de nous en Impofer.

L 'eovie de palTer pour les plus aneiens peuples da

monde efl une manie qui a

él~

eommune

¡¡

toutes les

natians ". 00

diroil

qu'ellcs s'jmaginent \'nloir d' 3utant

mieux , qu'elles peuvent remamer plus haur d.lIls l'allti–

quilé. On ne fauroit eroire eombi<:n de r.verics

&

d'.b–

Curdirés om ¿té débitécs

a

ce fujet . L es

Chald/u11 ,

par excmple, prételldoient qu' au

~en~s ~11

Alexalldre

vainqueur de D arius prit Babylone, I1 s étol! éeoulé

qu~tre cem foi,ante

&

dix mille années,

:l

eompter dep",s

le tems ou l' AClronomie fleurilToil dans la ChalMe .

Ccue longue fupputarion d'années

11'0

poinr la preu,'e

dans I'hilloire, mais feulement dans I'imagination échnuf–

fée des

Chaldl<nl.

En effet, Calliflhcne, :\ qni le pré–

cepleur d'A lexandre avoit ménagé une elltrée

3

la cour

de ce princc,

&

qui

ruiv~it

ce eonql1éral1l dans fes ex–

péditions milioaires, envaya a ce meme Arillote des ob–

lervalions qn'il 3\'oil trol1vées

:l

Babylone . Or ces (¡b–

(.r"ations ne remontoi nt pas au·del:! de mille neuf eems

trois aus ;

&

ces mille neuf cenes trois

:lnS,

(j

on les

fait

commencer

a

I'année 4383 de la période Julienne,

ou

Babylone

fut

prife, ironr,

en rétrogradanr, fe termi–

ner

á

I'année 2480 de la méirnc période.

IJ

s' en f.u'

bien que le tems marqué par ces obC.rvations remonte

jufqu'au déluge , fi I'on s'att5che au fyllcme chrollolo–

gique de Moyfe, tel qu'il

Ce

Irouve dans la "crfion des

::'eptante . Si les

Chald/m}

avoicm eu des "bfervntiolls

plus :tnciennes;

comment fe peut·il

faire que

Ptolomét:,

eer

l\nronome

fi

exaél, n'en ait

poim

fai t mention,

&

que la premiere doO! il parle tombe

3

la prem;er.

ann~e

'de Merdochai roi de Babylolle, laquel le fe trou–

ve étre dans la vingt-feplieme année de .I'ere de Nabonal:

Car?./I rélulte de la que cetre prétendue antiquité, que

les

Chald/enl

donnoient , leurs ohrervations, ne méri–

te pos plus notre eroyance que le témoignagc de Por–

phire, qui lui fert de fondement . 11 Y a plus: Epigene

Ile cra.int

pajnt d'av:mcer que les obtervatÍons

aílrono–

lniques ,

qui

fe

trouvoiem

inCcrircs

fur des briqucs

cui–

tt:S

qu'on

voyoit

a

B:!.bylone,

ne remontoient

pas

au–

del a

de 710

aos;

&

comme

(j

ce tems

cut été

encare

trap long, Bérofe

&

C rirodcme renfermenr tOUI ce tems

dans I'e[pace de 480 ans.

Apres cela, qui lIe riroil de voir les

Chald/ml

nous

prélenter gra

vcment leurs

obfervations

aflronomiques

&

neus

.les apponer

en

preu\'e de

JC\lr

grande antiqu¡!

té; t.ndos que leurs propres auteurs leur donnellt le dé–

menti, en les renfermant daos un

fi

court efpace de tems?

l is Ollt app.remment cru , fuivanr la remarque de L a–

élance '. qu'i! leur écoít libre de mrlllir, ('11

imaginant

des obtervauons de

4icooo

ans; paree qu'ils éroient bien

fUrs qu'en s'enf"'l1.;allr li fort dans I'alltiquité, il, ne fc–

roit

~as

pomble de les ancindre; Mais i1s n'om pos fait

anenllon que tOUS ces calculs n opercnc dans les eCprits

une vraie perCuafion, qu'alltant qll'on y atrache des faits

dom la

r~alité

lIe ro;r poim Cufpeéie.

'

-.r0m.e

c~rooologic

qui nc tiem point :; des fai" , n'efl

pOlOt hlllorlque,

&

par conféqucm lIe prouve rien en

faveur de I'antiquité d'un. nation. Qunnd une fois le

cours

des allres m'eU

coonu, jc puis

prévoir,

en

con–

Céquenee de leur marche alruJeteie

a

des mouvemens u–

nirormes

&

régulicrs , dans quel tems

&

de ql1e1 le ma–

niere iIs tigurérOllt enfemble, foit daos leur oppotition

Coit dalls leur conJonéiion. J e puis également me

re~

plier (ur les tems paDés , ou m'avancer Cur ceux qui ne

10m pas encare arrivés;

&

franehilfant les bornes du

tcms 00 le Créateur a renfermé le orlonde, marquer

dons un tcms imaginaire les innans précis 011 lels

&

tels

allres feroient éclipfés. Je puis,

a

I'aide d'un caleul ouí

ne ,'épuifera jamais, taor que mon eCprit voudra le eo·n–

einuer, faire un Cyllenoe d'obfervations pour des

ter.os

qui

n'ont lamais exilié ou meme qui n'

e~ifleront

jamais .

Mais de ce Cylleme d'obCervations, purement arbitrairc,

il n'en réCultera jamai que le monde ait roOjou" exi–

flé, ou qu'i1 doive totljours durer, Tel efl le eas oú fe

trouveOl par rapport

¡¡

IIOUS les anciens

Chaldhnl

lOU–

chant ces

obferv3rjons

qui ne

comprelloient

pas moins

que 470000 .ns. Si je voyois une Cuite de fai"

anaeh~s

¡¡

ces obrervations,

&

qu'ils rempliITc1lt tout ce long e–

fpace de tcms, je

n~

pourrois m'empéeher de reeollllo¡-

Ire