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CRA
ils s'imaginoieot vair . Si I'efpril fyllt!m.tique les
~
prt!–
cipités dal15 un
grand
nombre d'erreurs, c'eft pa.rce qu'
il ne nous di pos doooé de découvrir fubitemenl
&
comme par uoe efpeee d'in\lioéi la vérilé.
1
ous ne
pouvons y parvenir, qu'en palTanr par bien des imperti–
nenees
&
des extrovaganees; e'ell une loi
¡¡
laquelle la
natme nous a alTujenis. Mais en époifanr tontes les fot–
tifes, qu'on peut dire fur ehaque chofe, les Grees nous
om rendu un ferv ice important, paree qu'ils naus
one
eomme forcés de preodre prefqo'a I'entrée de notre ear–
riere le ehemin de l. vérité.
Poor reveoir
'01
Chala/enl,
void la doéirinc qo'ils
enfeignoient publiquement; favoir, que le fOleil, la lu–
ne,
&
les autres a.fires,
&
fur-tollt les planetes, émiem
de¡ divinités qu'i1 falloi t adorer. Hérodote
&
D iodore
fool id nos garaos. L es étoiles qui formeD! le wdia–
que, étoienr principalement en grande vélléralion parmi
eox, fans préjudice du foleil
&
de
la
lune, qu'ils ont
tOlljOUes regardés eomme leurs premieres divinités. lis
appelloient le foleil
Be/uI,
&
donnoienr
ii
la lune le
nom de
N,bo;
quelquefois .om i1s l' appelloient
N,,–
gal.
L e peuple, qui el! fail pour etre la dupe de touS
eeux qui ont alTez d'efprit pour prendre fur lui de I'a·
feendant, eroyoit bonnemcnt que la divinité rélidoit
dani le! anres,
&
par cooféqucnr qu'ils
éroient
autanr
de dieux qui méritoicnt fes hommages . POllr les
(ages
&
les philofophes du pays, ils fe eontentoient d'y pla–
cer des efprils ou des dieux du fecond ordre, 'lui en
dirigeoient les divers mouvemens.
Ce principe une fois établi que les allres étoient des
dh'init"s,
iI
n' en faJlut pas davantage aux
Chaldl<,,1
pom perfuader au peuple qu'i1s avoienl une grande in–
fiuen¡:e fur le bonheur ou le malheur des humain,. D e
13 ell née l'Aflrologie judiciaire, dans laquelle les
Chal–
dlens
avoient la répur:ltion d'cxceller
fj
fon entre
les .
autres nations, que tous ceux qui s'y difiinguoio:m, s'ap–
pelloient C
hald/em ,
quelJe que fur leur patrie. Ces
charlatans
s'{toient
fair un
:1((
de pr¿dire l'avcnir par
l'iDfpeéiion ,du eours des allres, 011 ils feignoiel1r de li–
re l'el1ehal nemenr des deflioées humail1es. L a erédulilé
des peuples faifoit toute leur fcience; ear quelle liaifon
pou"oient - ils appercevoir cntre les Illouvemcns
régl~s
des aflres
&
les é"étlemens libres de la volol1té? L'a–
vide
curiofl(é
des hommes pour pereer
dans
I':lvcnir
&
paur prévoir ce qui doil Icur arriver,
en
une mabdie
3Um ancienne que le monde meme. Mais elle a exer–
cé principalement Con empire ehez touS les peuples de
rOrient,
dom on fah
quc "imagination s'allurnc aiC¿–
m em. On ne (auroit croire jufqu', quel exces elle y a
élé portée par les rufes
&
les ""tices des pr';tr.s. L ' A–
{lrologie judiciairc cfl le puilla", frein avec lequel on
a de rout
tCITIS
gouverné I'crprit
des
Orientaux.
Sextus
Empiricus déclame avee beaucoup de force
&
d' élo–
quellee contre eet
3rt
frivole , fi funefle au bOtlheur du
genre humail1, par les maux
qu'il
produit
néce(J"airemclH .
En effet , les C
haldlem
retrécilToienr I'e(prit des peuples,
&
les tenoient indignemenr combés Cous un Joug de
fer, que leur impotoit leur fuperllit:on; il De leur étoit
p~s
permis de frire la moitldre démarche, (ans avoir
auparavam conlulté les augures
&
les aru (piees. Quel–
q ue crédules que fuaent les peuples,
iJ
n'étoit pas por–
fible que I'impoflure de ces eharlarans de GhalMe ne
Irahir
&
ue déeelO! tres-fou" em la vanilé de l'Allro lo–
gie judiciaire. Sous le confulat de M. PopiJlius,
&
de
Cncius Calpurnius,
iI
fUI
ordonné aux
Chald/em,
par
un édit du
pr~teur
C or. Hifpaliu$, de fonir de R o me
&
de tOute l' Italie dam I'efpace de dix jours ;
&
la rai–
fOil qu'on en donnoit, c'dl qu'il, abufoÍ<m de la pr¿–
tendue connoiff::mce qu'ils
fe
val1(oienr d'avoir du cours
des allres, pour tromper des eCprirs foibles
&
crédules,
en leur perluadalll que tels
&
tels é vénemens de leur
vie étoiellt écrits daos le ciel. .1lexandre leí
~ m~me
,
qui d'.bord ayoir été préve,'u d'une grande eflime pour
les
Chald¿o1J ,
la leur vendit bien cher par le gralld
mépris qu'il leur porta, depuis que le philofophe Ana–
xarque lui cut f.i t eonnoitre toure la vanité de l'Atlro–
logie Judieiaire.
Quoique l' Aflronomie ail été fort en honneur che?
les
Chaldlem,
&
qu'ils I'ayelll eultivée avee beaueoup
de foin, il ne parolt pourlaUl pas qu'elle eat fait par–
mi eux des progres eonfidérables. Quels Allronomes,
que des gens qui eroyoient que les éelipfes
d~
lune pro–
venoienr de ce que eet aUre tournoit vers nous la par–
tie de fon difque qui étoit opaque? ear ils eroyoiellt
I'autre lumioeufo par elle - mtme, indépendammenr du
foleil: 011 avoient-ils pris aum que le
~Iobe
terrellrc fe–
roie confumé par les flamllles, lors de la conjonéiioll
CRA
des a/lres,
d.nsle figne de l'EerevilTc,
&
qu' il feroit
inoodé li cetre eOIlJonélion arrivoit dans le ligoe du Ca–
pricorne? Cepcndam ces
e
baldé<1IJ
Ollt été etlimé¡ com–
me de grands Altronomes;
&
il n'y a pas memo long'
(ems
qu'
o.n
ea
revenu
de
cene
ndl~ilst!on pro~i?ieule
qu'on aVal! con.;ue pour- Ieur ¡¡rand lavol< dans 1 fillr?–
mie' admirarion qui n' étoit tondée que fur ce qu' 01,
Com' féparés de nous par une. longue fuite .de fiecles.
Tout éloigoement efl en drolt de nous en Impofer.
L 'eovie de palTer pour les plus aneiens peuples da
monde efl une manie qui a
él~
eommune
¡¡
toutes les
natians ". 00
diroil
qu'ellcs s'jmaginent \'nloir d' 3utant
mieux , qu'elles peuvent remamer plus haur d.lIls l'allti–
quilé. On ne fauroit eroire eombi<:n de r.verics
&
d'.b–
Curdirés om ¿té débitécs
a
ce fujet . L es
Chald/u11 ,
par excmple, prételldoient qu' au
~en~s ~11
Alexalldre
vainqueur de D arius prit Babylone, I1 s étol! éeoulé
qu~tre cem foi,ante
&
dix mille années,
:l
eompter dep",s
le tems ou l' AClronomie fleurilToil dans la ChalMe .
Ccue longue fupputarion d'années
11'0
poinr la preu,'e
dans I'hilloire, mais feulement dans I'imagination échnuf–
fée des
Chaldl<nl.
En effet, Calliflhcne, :\ qni le pré–
cepleur d'A lexandre avoit ménagé une elltrée
3
la cour
de ce princc,
&
qui
ruiv~it
ce eonql1éral1l dans fes ex–
péditions milioaires, envaya a ce meme Arillote des ob–
lervalions qn'il 3\'oil trol1vées
:l
Babylone . Or ces (¡b–
(.r"ations ne remontoi nt pas au·del:! de mille neuf eems
trois aus ;
&
ces mille neuf cenes trois
:lnS,
(j
on les
fait
commencer
a
I'année 4383 de la période Julienne,
ou
Babylone
fut
prife, ironr,
en rétrogradanr, fe termi–
ner
á
I'année 2480 de la méirnc période.
IJ
s' en f.u'
bien que le tems marqué par ces obC.rvations remonte
jufqu'au déluge , fi I'on s'att5che au fyllcme chrollolo–
gique de Moyfe, tel qu'il
Ce
Irouve dans la "crfion des
::'eptante . Si les
Chald/m}
avoicm eu des "bfervntiolls
plus :tnciennes;
comment fe peut·il
faire que
Ptolomét:,
eer
l\nronome
fi
exaél, n'en ait
poim
fai t mention,
&
que la premiere doO! il parle tombe
3
la prem;er.
ann~e
'de Merdochai roi de Babylolle, laquel le fe trou–
ve étre dans la vingt-feplieme année de .I'ere de Nabonal:
Car?./I rélulte de la que cetre prétendue antiquité, que
les
Chald/enl
donnoient , leurs ohrervations, ne méri–
te pos plus notre eroyance que le témoignagc de Por–
phire, qui lui fert de fondement . 11 Y a plus: Epigene
Ile cra.int
pajnt d'av:mcer que les obtervatÍons
aílrono–
lniques ,
qui
fe
trouvoiem
inCcrircs
fur des briqucs
cui–
tt:S
qu'on
voyoit
a
B:!.bylone,
ne remontoient
pas
au–
del a
de 710
aos;
&
comme
(j
ce tems
cut été
encare
trap long, Bérofe
&
C rirodcme renfermenr tOUI ce tems
dans I'e[pace de 480 ans.
Apres cela, qui lIe riroil de voir les
Chald/ml
nous
prélenter gra
vcment leurs
obfervations
aflronomiques
&
neus
.les apponer
en
preu\'e de
JC\lr
grande antiqu¡!
té; t.ndos que leurs propres auteurs leur donnellt le dé–
menti, en les renfermant daos un
fi
court efpace de tems?
l is Ollt app.remment cru , fuivanr la remarque de L a–
élance '. qu'i! leur écoít libre de mrlllir, ('11
imaginant
des obtervauons de
4icooo
ans; paree qu'ils éroient bien
fUrs qu'en s'enf"'l1.;allr li fort dans I'alltiquité, il, ne fc–
roit
~as
pomble de les ancindre; Mais i1s n'om pos fait
anenllon que tOUS ces calculs n opercnc dans les eCprits
une vraie perCuafion, qu'alltant qll'on y atrache des faits
dom la
r~alité
lIe ro;r poim Cufpeéie.
'
-.r0m.e
c~rooologic
qui nc tiem point :; des fai" , n'efl
pOlOt hlllorlque,
&
par conféqucm lIe prouve rien en
faveur de I'antiquité d'un. nation. Qunnd une fois le
cours
des allres m'eU
coonu, jc puis
prévoir,
en
con–
Céquenee de leur marche alruJeteie
a
des mouvemens u–
nirormes
&
régulicrs , dans quel tems
&
de ql1e1 le ma–
niere iIs tigurérOllt enfemble, foit daos leur oppotition
Coit dalls leur conJonéiion. J e puis également me
re~
plier (ur les tems paDés , ou m'avancer Cur ceux qui ne
10m pas encare arrivés;
&
franehilfant les bornes du
tcms 00 le Créateur a renfermé le orlonde, marquer
dons un tcms imaginaire les innans précis 011 lels
&
tels
allres feroient éclipfés. Je puis,
a
I'aide d'un caleul ouí
ne ,'épuifera jamais, taor que mon eCprit voudra le eo·n–
einuer, faire un Cyllenoe d'obfervations pour des
ter.osqui
n'ont lamais exilié ou meme qui n'
e~ifleront
jamais .
Mais de ce Cylleme d'obCervations, purement arbitrairc,
il n'en réCultera jamai que le monde ait roOjou" exi–
flé, ou qu'i1 doive totljours durer, Tel efl le eas oú fe
trouveOl par rapport
¡¡
IIOUS les anciens
Chaldhnl
lOU–
chant ces
obferv3rjons
qui ne
comprelloient
pas moins
que 470000 .ns. Si je voyois une Cuite de fai"
anaeh~s
¡¡
ces obrervations,
&
qu'ils rempliITc1lt tout ce long e–
fpace de tcms, je
n~
pourrois m'empéeher de reeollllo¡-
Ire