eRA
<!e
qui folfit pour leor faire perdre toute
I'~utorité
qu'
ils pourroieot avoir.
C~r
OD
fai t qoe les Grecs
~voiem
un rour d'efprit tres·dilférent de celui des Orientaul,
&:
qo'ils détiguroieot tout ce qu'ils touchoieDt
&:
qui
leur veDoit des oatioos
barb~res;
c:u c'dl aiDr. qu'ils
appelloient ceul qui o'étoieDl pas nés Grecs. L es dog–
mes des aut«s natioos, en paOam por leur imagination,
y prenoiem one teinture de leor
m~niere
de penfer;
&
n'emroient jamais daos leurs écrits , fans avoir éprouvé
uoe grande altération. Uoe :lUtee raifon, qui doit nous
reodre foopc;onneul fur les véritables fentimens des
Chal–
JI,,,I,
c'eU
que, felon l'ofage rec;u dans tout l'Orient,
ils renfermoienr dans l'eneeinre de leurs écoles, on me–
me ils n'admwoienr que des difciples privilégiés, les
dogmes de leur feéle,
&
qu'ils ne les produiroiem en
po6lic qoe fous le voile des fymboles
&
des allégories.
A inr. nous ne pouvons former que des eonjeélures fur
ce que les Grees
&
meme les Arabes en ont fait par–
venir jufqu'" nous. De-U aufli cetre diverfité d'opinions
qui
part~gent
les favans, qui Ont tenté de percer I'en–
velnppe áe ces ténebres m yUérieufes . En prétendant les
éclaircir, ils n'ont fait qu'épaiflir davama&e la nuit qui
nous les cache: témoio cetre feéle de phllofophes, qui
s'éleva en Afie vers les tems on ] . C . parur fur la ter–
re . Pour donner plus de poids aUI reveries qu'enfanroil
leur imagination déréglt'e, ils s'aviferenl de les colorer
d'un air de grande antiquité,
&
de les faire palfer, fous
le nom des
Chaldl<nl
&
des Perfes, pour les reltes pré–
eieux de la doéltine de ces philofophes . lis forgerent en
conféquenee grand nombre d'ouvrages fous le nom du
fameuI Z oroanre, regardé aloes dans
l'
Afie comme le
chef
&
le maltre de touS les mages de la Perfe
&
de
la Chaldée.
PJulicurs fovans
1
tant 3ncicns que
modernes,
fe font
e¡ercés
:l
déeouvrir quel pouvoit Ctre ce Z oroaUre
(j
vamé dans tout l'Orient : mais apres bien des veilles
confumées dans ce teavail ingrar, ils onr été forcés d'a–
voüer I'inutilité de leurs elforts .
I/oy'z
¡'arei<l. d. la
Phtlofophi, dtl
PE
R
S E S .
D 'autees Philofophes, non moins ignorans daos les my–
fleres facrés de l'aneieone doélrine des
Chaldétnl,
vou–
lurent partager avee les premiees l'honneur de compo–
rer une fcéle it part. lis prirenr donc le parti de faire
naltre Z oroaUre en Egypte;
&
ils ne furem pas moins
hardis
i
lui ruppofer des ouvcages, dont i1s fe fervirenl
pour les combattre plus commodémel1t . Comme Py–
Ihagore
&
Platon étoient allés en El\ypte pour s'inUrui–
te dans les Sciences, que cene nanoo
avoit
la
réputa–
tion
d'
avoir extrememeO[ perfeél:ionnées,
ils
imaginerent
que les fyllemes de ces deux philofophes Grecs Il'étoi–
em qu'un tidele extrait de In doélrtne de Zoro.Clre.
Cetre hardielfe
a
[uppo[er des livres, qui fait le eara–
étere de ces deux [céles de Philofophes, nous apprend
ju(qu'a quel point nous devons leur donner notre con–
tianee .
Les
Chaldétnl
étoient en grande confidération parmi
les E_byloniells . C 'étoient les pr"tres de la nation; ils
y remplilfoient les memes fonéliolls que les mages chez
Jes Perres, en illUruif_nt le peuple de tour ce qui avoit
rapport aux chofes de la religion, comme les cérémo–
nies
&
les f_erifices. Voila pourquoi il eU arrivé fou–
veDl aux hiUorims Grees de les confolldre les uns
~vec
les autres; en quoi ils
Olll
marqué leur peu d'cx_élitu–
de, ne diLlin¡:uant p_s, eomme ils le devoieot, I'état
ou fe trouvolt In Philofophie chez les aneiens Babylo–
niens, de celui ou elle fut réduite , lorfque ces peuples
palferelll fous la domination des Perfes.
Ou peuI remarquer en paOant, que chez tous' les an–
eiens peuples, tels que l'Alfyriens, les Perfes , les Egy–
ptiens, les Ethiopiens, les Gaulois, les Bretons, les Ger–
mains, les Seythcs, les Etruriens, eeuI-l' feuls étoient
regarMs comme les fages
&
les philofophes de la na–
lion, qui avoiem ufurpé la qualité de pretres
&
de mi–
nifires de la religion. C'étoiel'l des bommes fouples
&
adroits, qui faifoiem fervir la religion aux vues iméref–
ii!es
&
politiques de ceUI qui gouvernoienr . Voici quel–
le étoit la doélrine des
Ch"ldétm
fur la diviniré .
lis reeonnoilfoient
UD
D ieu fouverain, auteur de tou–
les chafes, lequel a
établi cctre belle harmonie qui
Jie toutes les panies de l'univees . Quoiqu'ils crulfent la
matiere éternelle
&
préexiUante
i
l'opératioll de Dieu,
ils ne s'imaginoieot pounnnt pas que le monde mt
é–
lernel ; cnr lcur cofmogooie nous repréfenre notre terre
comme nyant été un chaos ténébreu!, on touS les élé–
meos étoiem confondus pele-mele, avam qu'elle eut re–
C;U cet ordre
&
oet arrangemem qui la rendent un fé–
Jour habitable . lis fuppofoiem que des
animau~
mon-
T .m. 1I1.
eRA
17
f1rueux
&
de diverfes 6¡¡ures avoient pris
naiOaoc~
don;
1;:
/cio informe de ce chaos,
&
qu'ils 3voicllI été
/oa–
mis
:i
uue fcmme nornmc!e
Omrrca;
que le dicl1
Br/,.s
avoir eoupé ceue femme en deux parties, de I'ulle deí–
quelles il avoit formé le del
&
de l'autre l. terre,
&
que la mon de cene femme avoir caufé celle de rom
c('s animaux; que
B elta
npres
avoir formé le monde
&
produit les animaux qui le rempliOeor, s' étoit fair
couper la tere; que les hommes
&
les ani maux éroient
fonis de la terre que les autres dieux avoicnt détrem–
pée dans le fang qui couloit de la blcOure du dieu
B , -
1111,
&
que c'éroit-l' la rai(on pour laquell e les hom–
mes étoiem doués d'intelligence ,
&
avoiene
rC~ll
une
portioo de la divioité. Berofe, qui rappone ceei dans
les fragmen que nous avons de lui ,
&
qui nous Ollt
{té confervés par Syneelle , obfen 'e que toute ceue cof–
mogonie n'eU qu'une aliégorie myUérieure, par laquelle
les
Cb"ldltm
expliquoiem de quelle maniere le D ieu
cré.teur avoit débroui llé le chaos
&
introduit l' ordre
parmi la eonfufioo des élémens. D u moillS, ce que l'on
voit a·travers les voiles de ceue
furpren.mcallég0rie ,
c'eLl que I'homme doit fa nailfanee it D ieu,
&
que Je
D ieu fupreme s'étoir fervi d'un autre D ieu pour former
ce monde . Cetre doéhine n'étoit poinr paniculierc aUle
C haldlenl.
C'étoit meme une opinion univerCellcmcnt
re~ne
dans tOut l'Or;"nt, qu'il
y
a"oir des génie , dicux
fubal ternes
&
dépendans de l' Erre fupreme , qni étoienl
diUribués
&
répandus dans toutes les partlcs de ce "aUe
univees. On croyoir qu'il n'éroit pos digne de la maje–
Llé du Dieu fouverain de prélider direélemenr au fort
des nations. R enfermé d3ns lui-meme, 11 ne lui con–
venoit pns de s'occuper des penfées
&
des aaions des
(jmplc~
monels' mais il en lailfoir le foin • des d'vini–
tés locales
&
tutélaires. Ce n'éroit aum qu'en leur hon–
neur que fumoit I'eoeens dans le temples,
&
que cou–
loit fur les autels le fang des "iaimes . M ais Outre les
bons génies, qlli s'appl iquoient
it
faire du bien aux hom–
mes , les
Chaldlens
admeuoiem 2Um des ¡:énies mal-fai–
fans. Cellx-lit étoieDl formés d'une 'mallere plus grof–
/iere que les bons, avec lerquels ils étoient perpétllel–
lement en guerre. Les premier éroient l' ouvrage du
mauvais principe
1
carnme les
aUCres
l'écoieoc
du bon';
car il parolt que la doélrine des deux principes avoie
I'ris naiflance en Chaldée, d' oú elle a palfé chez les
Perl;'s . Ceue croyance des mauvais démons, qui n011 -
feu lement avoit cou rs 'chez. les
ChaldhnJ,
mais encare
che. les P<rCes, les Egyptiens
&
les autres nations O–
rientales, paroít avoir
la
fource daos la trsdition re–
lpeélable de la féduélion dll premier homme par un
mauvais d"mon . lis prenoient toures fortes de formes,
pour mieux:
tromper ceux qui avoient l'imprudcnce de
fe
confier
a
eux.
Tels éeoiem vrailfemblablement les myfleres, aux–
quels les
Ch"ldéem
avoiem foin de n'initier qu'un pe–
tir nombre d'adeptes , qui devoieO! leur fuccéder, pour
en faire palfer la tradition d'age en agc jufqu'a la po–
Ilérité la plus reeulée .
11
n'étoit pas permis aUI difei–
pies de penCer au-del' de ce que leurs maltres leur a–
voiem appris. lis plioient fervilemem fous
I~
joug que
leur impofoit le refp. él aveugle qu'ils avoient poue eUK.
Diodore de Siei le leur en fait un mérite ,
&
les éleve
en cela beaueoup au-delllls des Grecs, qui , felon lui,
devenoient le jouet éternel de mille opinions diverfes,
emre leC4uelles fiOIlOil leur efprit indécis ; parce que
dans leur maniere de penfer, i1s ne vouloiem etre ma;–
trif"s que par leur génie . Mais iI faut etre bien peu phi–
lofophe foi-meme, pour ne pas fentir que le plus beall
privilége de notre raifon confille
a
ne rien eroire par
l'impullion d'un in/Hnél avellgle
&
méchnnique ,
&
que
c'eU deshonorer la raifon, que de la metrre dans des
entraves ainfi que le faifoiem les
Chald¿enl .
L'homme
eU
n~
pour' penfer de lui-meme . D ieu feul mérite le
facritico de nos lumieres, paree qu'il eU .Ie fen l qui ne
puilfe pas nous tromper, foir qu'il parle par
lui-m~me,
foit qn'iI le falfe par l' organe de ceux auxquels il a
confié le faeré dépÓt de fes révélations . La philofo–
phie des
Chaldl.,,¡
o'étant aurre chofe
qu'~n
amas de
maximes
&
de dogmes, qu'ils tranfmetlOiel1t par le ca–
nal de la
tr~dition,
i1s ne méritent nullement le nom
de philofophes. Ce titre, dans toute la rigueur du ter–
me,
De
con vieot qutaux Grecs
&
3UX
R o mains, qui
les
0 01
imités en mareham fu r leurs traces. Car pour
les autres natioos , on doir en porter le memc jugement
que des
Ch"ldhm ,
puifque le meme efprir de fervilU–
de régnoir parmi elles ; au lieu que les Grecs
&
les R o–
mains ofoient penrer d'aprcs eux - memes. lis ne cro–
yoient que ce qu'ils voyoicnt, ou du moios que ce. qu'
C
l~