CHI
la
renai/Tance des lettres
d.nsrEurope, Quand les con–
noiff.nees des langues e"eent OUNert les thréCoes des
G rees
&
de, Latins ,
iI
fe forma d' exeeUens hommes
dans toutes les nations
&
dans toUS les genees, Mais
Ce
'lu'il
y
eut de partieulier, p.e rapport
a
la Chirurgie
fue-tout dans I'!talie
&
dans l' Allemagne, e'e!l qu;
c elte Ceienee fut eultivée
&
exereée pae les memes hom–
mes qui eultiveeent
&
qUI exeeeeeent la Medeeine; de
forte que 1'00 vit dans les mllmes favans,
&
des
Chi,–
""ygiev,
admirables,
&
de tres-grands Medecins , Ce
furem la les beaux jours de la Chirurgie poor l' /talie'
&
pour l' A lIem.gne , C 'e!l
a
ce tems qu.e nous devons
r. pportee eette foule d'hommes illu!lres daD! les Ouvra–
ges [eeom
a
jamais le foutiell
&
l'honoeur de I'une
&
J'3utee Medeéine,
.
La diCpor,tion des lois avoit [avoriCé la libeeté d'unir
d.nsles memes hommes \es deux 3rtS; ce fut eme li–
bené mcme qui eaufa la ehilte de la Chirurgie , 11 n'ef!
pas diiñci le de femie les raifons de eelte déeadenee,
Les dehors de la Chieurgie ne font pas attC3yans; ils
rebutent la dél ieate/Te: eet art, hors les tems de guee–
re , n'exeree prefque les fonaions qui lui fOllt peopres
que
Cue
le peuple, ce qui n' amoree ni la eupidité ni
l'ambition, qui ne teouvent Ieue avamage que dans le
commeeee avee les rienes
&
les geands ; de-la les fa–
valls, maitres
de I'un
&
Ilautre art,
abandonnerent l'e–
xeeciee de la
Chieur~ie,
L es maladies médiea'!es font
les eompagnes ordinalCes des eiehdfes
&
des gC3ndeurs;
&
d'ailleues elles n'olfeem eien qui, eomme les mala–
dies ehirurgicales , en éloigue les perfonnes teop Mlica–
tes ou tro,? Cenlibles; ce fut pae ces eaiCoos , que ces
hO,mmes IlI unres, Medeeins
&
C hiyltrgi em
tout-á-la–
f015, abaodonnerent les fOllaioos de la C hieurgie, pour
n'exereee plus que eelles de la Medecine ,
Cet abaodon donna lieu au feeond état de la Chirur–
gie. Les
M~de~jnJ·ChirHrgieI1J,
en quiuant
l'
exercice
de eet aet , retineem le droit de le dirigee,
&
commi–
reot aux Baebiers les fonaions , les opérations de l.
Chirurgie ,
&
I'applieation de touS les remedes extérieues,
Aloes le
Ch;ytJygim
ne fut plus un homme Ceul
&
u–
lIique: ce fut le compofé monClrueux de deux indivi–
dus; du Medeeio , qui s'arrogeoit exclufivement le deoit
de la fcieDee,
&
conféquemment eelui de dieiger;
&
do
Chirttrgien
manceuvre, 3. qui
00
abandoDOoi[ le ma–
lIuel des opér.tions,
L es premiees momens de celte divWon de la fcience
d'avec I'arr d'opéree, o'en 6eent pas fentir rout le dan–
gee, Les geands ma'tres qui .voiem exercé la M ede–
c ine somme la Chieurgie vivoient encoee;
&
I'habileté
'lu'ils s'étoieot acquife CuiñCoil pour dirigee I'automate,
o u le
Ch;Yl/rgien
o pérateue , Mais des que ceue raee
Hippocratique, eomme
l'
appelle Fallope, fut eteinte,
les peéjugés de la Chirurgie fUJOCnt non-feulement arrc–
tés , mais l'art lui-meme
fU!
peefque éteint; iI n'en re–
fia poue ainfi dire que le nom, On eelra de voir I'e–
l:emple de ces beillantes, de ces eiñcaees opéradons ,
'lui du
eegne
des premiees M edecins avoient eauvé la
v ie
a
taDl d'hommes . De-la eelte peinture. r, vive que
fait
M agatuI
du malheur de taot d'inforrunés citoyens,
'lui fe trouvoient abaodonnés Cans re/Touree , lorfque .u–
u efois I'art aueoit pfi les fauver; mais ils ne pouvoicot
r ieo eo efpéeer dans eeue lituation, .L e
Chirllrg;m
n'o–
foit Ce déteeminer
a
opéree, parce qu' jI étoit Caos lu–
mieees: le Medecin o'ofoit prendee fur lui d'ordonner,
parce qu'iI éroit Caos habileté dans ce genre<,
L'
aban–
don étoit done le Ceul parti qui re!lh ,
&
la prudence
elle-meme n'en permettoit poim d'autee,
La Chieurgie
Fean~oife
nc fut poiot expofée aux
memes ioeonvéniens , Une legisladon dont on ne peut
tra p loüee la Cagelre, avoit donné , ' Ia C hirurgie le feul
état qui pouvoit la conCeever, Cet état c!l le troir,eme
011 la Chiruegie s'e!l v'¡e,
&
qui jufqu'a oos
j~urs
n'a
été connue
q~e
de la Franee ,
L ong-tems avaoc le regoe de
Fean~ois
1. la Chirue–
gie faifoit un eorps favant, mais uoiquemeot oeeupé
a
la culture de la Chieurgie, Les membres de ce eorps
polrédoient la tatalité efe la fcienee qui appeend a gué–
rir; mais ils n'éroiem autoeiCés par la loi qu" faire I'ap–
plieation des regles de
c~lte
Ceienee Cur les maladies ex–
lérieuees ,
&
nullemenr
f~ I~s
maladies internes, qui
faifoient le partage des Phyficiens ou Medecins, La
fcienee étoit liée
a
I'aet par des oreuds qui fembloieot
indiífolubles, Le
Chiyurg;en
Cavanr éroit borné
a
la
cultuee de fon art , La vanité, I'ambition, ou l' imeret
l1e
~ou~oient
plus le diflraire pour touener a illeurs Con
appheauon, Tout fembloit peévfi ; toute Couree de de–
fordre íembloit eoupée dans Ca. racioe; mais la 'fagelre
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des lois peut-elle t0\1joues peevenir les eff'ets des paf–
{ions,
&
les ,oues qu'elles peuvent prendre? L es lemes.
qui faifoien, le partage des
Ch;mygU1¡I
Feal1~ois
Cem–
bloieot meme un frein éternel aux tentatives de leues
adverfaiees, 1IIlais enfin les p(oees
&
1", guerres outeées
qu'ils eueeot
a
fa íltenir , peéparereot l'avilillement de la
Chirurgie, La faculté <Je Medeeine appella les Barbiees,
pour leur eon/:ier (es fecours de la Chiturgie minillran–
te; enfuite elle les iniria aux fooaions des grandes opé.
rations de la Chirurgie; eo·fin elle parvint
a
faire unir
les Baebiees au eorps des
Ch;yuygims,
L a Chiruegie
ainf! dégeadée par Ion a(foeiation avec des anilans, rut
expoC"'e
a
tout le II,Iépris qui devoit Cuivre une aulli in–
digne allianee: elle fut dépouillée par un arret Colcl)1-
nel en 1660 de tous les honneues liltéraires;
&
r, les
lettres nc s'exileeem point de la Chieurgie, du moins
ne paeureot - elles y re!ler que dans la honte
&
dans
l'humilkuion .
l'ar uoe eCpeee de prodige, malgeé les lettres prefque
éteintes dans le nouveau corpS , la théorie s' y conle(–
va, On en fut redcvable au peéeieux re!le de l' aneien
corps de la Chirurgie, Ces grands hommes , lll. lgeé
leue I;lUmiliation, malgeé la douleue de Ce voir conton–
dus avee de vils an ifans, eCpérerem le rétabli{femcnt de
leur aet. lis cooCeeveeent le précieul dépÓt de la do.–
&rine,
&
fieent tous leurs effa.rts pour, le teaoCmeme
~delement
a
des fue eclreues
qOl
pourrOlent un Joue
~Olf
renaitre la C hieuegie: leur
.el~
n'oublia rien , Paemi
celte troupe d'hommes avee q\li ils élo!ent confol\dus ,
ils teouveeeot dans quelques '1ms des tell1mees des let–
tres, priCes dans une heureufe éducation; da.'15 d'autres,
des talens marqués pour répaeer , dans un age avancé,
le malheue d'une éducation négligée;
&
dans ro us eu–
fin, le zele le plus viC pone la conCeevation d' un aet
q ni éroit devenu le leur ,
Ce fut ainri que la Chirurgie Ce maimiot dans la poC–
fellion de la Ihéorie, Ce fut le feuit des Cemimem que
ces peres de I'aet, eef!es de l'ancienoe Chiruegie, ral ent
inCpirer
a
leues nouveaUI alrociés, M ais cetle pofleffion
o'éroit pas une polrefllon d'état, 'jne poflellion publique
autoriCée pae la loi; c'étoit une polTellion de fai t, une
polrdlion furlive , qui des lors ne pouvoit pa> long–
tems fe CoGtenir , L a Céparation de la Ihéorie, d' avec
les opératioos. de I'art, éroit l. _fu ile intaillible de cet
état , & la Chienrgie fe voyoit par - lii Cur le penchanr
de fa ruine , On Centit meme plus que le prélage de
celte déeadenee,
&
I'on ne doit point en
~tee
furpeis;
ear les diaécs
&
les leaeurs publiques (rnnt intcrd;tes,
on n'a.voit
d'
au [ce moyen que la tradirion pour faire '
pa/Ter aux é leves les connoieranees de la ChlrllCgie;
&
I'aet dut néeelrairement fe reíTemie de I'infuffi l;mee de
cene vDie, poue tranfmettee fes peéeeptes,
I,.a perte de la Chieuegie étoit done afríirée : il ne
falloit eien moins pour prévenir ce malheue, qu'une loi
fouveroine qui rappell.t cet art dans Con érot plÍmitif.
L'élabliffemeot de cinq démonQrateues royaux en 1724 ,
pour enfeignee la théorie
&
la peatique de I'art) la ti t
cCpéree : bientÓt apres, ell e parUl COmme prochllJllemcnt
aononeée (en
L73 [ )
pae la formation de l'
aea~émie
royale de Chieuegic daos le . eorps de
S,
Cómo;
&
ce
fut e060 l'impeeClio n du preenier volucoe de coémpiees
L
de celte llou velle eompagnie, qui a(n ena l'inU. nl fiIVO- –
rabIe 011 il plut au R oi de prononeer , Voici les peo–
pres termes de eelte loi
m~morahle,
qui. non - feule–
ment, pr.!vint en Franee la ehilte de la Chiruegie, mais
qui en aeraee
a
jamais la eonCervadon
&
les p!ogtes ,
en fermant poue IOGjours les voies pae
leCquelle~
on
avoit penré conduire la C hirurgie a Ca perte , ,
Apres avoir déclaeé d'abord que la ChlCurgle ef! re–
connue paur un
art
favant, paor une vraie
Ccien,ce .
qui
méeite les di!linaions les plus honoeabks, la 101 a]oq–
te : Que l'on en trOuve la preuve la moim équivoque
" el;ns
u.n
geand nombre d' oqvrages (ortis de l' éeol"
" de
S,
CÓme, 011 I'on voit que
de~U1s
long-,tems
I~
" ChiY1<rg;enI
de cctte école oot
1~l1t6é
par 1 étendu!!
de leues eonooilranees
&
par 1 Importanee de leues
" déeouvertes , les
moeq~es
d' e!lime
&
de _proteaion
que les rois peédéeelreurs ont
aceordée~
a une
pr~fcllioo r, importante popr la
co~feevauoo
de la Vle
" humaine: mais que !es
.Chlrltrgten~·
de ro/u,
~(}ng1te
qui eo avoienr été 1 ob]t t, ayant eu la facilité de
" recevoir parmi eux,
fuivan,t
les lettres
patCllles
du
mois de Mars
J6r6 ,
enreglCl eées au parlemem, un
eorps emier de fuj ets illitéeés, qui n' avoient pour
" partage que I'exerciee de la Barbeeie,
&
l' ufage de
qu<¡lques ponfemens ajfés
a
metere en peatique; I'éco·
:; le de Chirurgie
&'avili~
I¡iemll.t par le mélaoge
d'un~
"
ef~'