AST
Quant aux ,mtres comrées; Ics Bramcs ou Bramines
qui avoicnt introduir cc! art prétcndu dans l' lnde,
&
qui I'y prariquoienr, s'étant donnés pour les difpenfatcurs
des biens
&
des maux
a
venir, exercerent for les peu–
pies une autorité prodigieufe. 00 les con[ultoit com–
me des orades.
&
on lT'en obrenoit des réponfes qu'a
grands frais : ce n'étoit qu'a tres-haut prix qu'ils ven–
aoienr leurs menfollges.
Vo)'e>:.
B
R A
e
Il M A N E .
Les anciens ont donné le nom
d'Aflr%gie "potcl.'¡¡'u,–
tífue
ou
fphc," barbarif""
a
cette fcience pleine de fi¡–
perClirion, qui conceme les etfets
&
les influcnces des a–
{lres. Les anciens Juifs, malg'" leur religion, [om tom–
bés dan, cetre fuperflition, donr les Chrétiens eux-mc–
mcs n'onr pas éré exempts. Les Grecs modernes I'ont
portée jufqu':; I'exccs,
& ii
peine fe tfOuve-t-iI un de
leurs auteurs , qui, en toute occalion, ne parle de pré–
diaions par les aflres, d'horofcopes, de talifmans; en–
forte qu'a peine, /i
00
veut les eo croire, il Y avoit une
feule cOlonne, {latoe ou édifice daos Contlanrinople
&
dans toure la Grece, qui ne fur élevée fuivam les re–
gles de
l'Aforo/tltíe "pote/cfmat;,!1Ie ;
ear c'efl de ce mot
':".7¡,,~,..
.. ,
qu'a été formé celui de
ta/;fman .
N ous avons été infeaés de
la
meme fuperflition dans
ces derniers /iecles. L es hifloriens
Fran~ois
obfervem que
l'Ajlr%g;e jttd;ciaire
éroit tellemem en voguc fous la
reine Catherine de M edicis, qu'en n'ofoir ricn clltrepren–
dre d'importanr fans avoir auparavam con[ulté les aClres:
&
fous le regnc de Henri IIl.
&
de Henri IV. iln'e(l.
queflion dans les enrretiens de la cour de France, que
des prédiaions des AClrologues.
Barelay a fait d:lOs le [econd livre de fon
Argenh ,
une [atyre ingénieufe du préjugé lingulíer qu'on avoit
pris dans ceue cour.
U
o Aflrolognc qui s'étoit chargé
de prédire nu roi Henri I'évenemcm d'une gucrre donr
iI
éroit menacé par
la
faEHoo des GuiCes, donna occa–
/ion
a
la fatyre de Barelay .
" Vous dites, devin prétendu, dit Barelay, que c'ell:
" de I'influence des aflres qui Ollt prélidé
a
norre nai[–
" fance, qne dépeudenr les différentes circonflances heu–
reu Ces ou malheureufes de norre vie
&
de norre mort;
vous avoüez d'un autre e/iré que les cieux om un
" eours
Ii
rapide, qu'un feul inClaor [ufEr pour chan-
" ger la difpolition des ,,!lres: commem concilier ces
" deul( cho[es ?
&
plli[que. ce mouyement fi prompt qu'
" on ne peur le eoncevotr, entrallle "vee lui rous les
" corps célell:es; les promelfes ou les men.ces qui y
" fonr attachées, ne doivent-elles pas al\ffi changer Ce–
" Ion leurs différenrcs fituations? pour lors comment
" fixer les deflinées ? Vous ne pouvez favoir (connoi[–
ti
f.~nce
pourtant, [clon vous, nécclfaire ) [ous quel aflre
" une per[oone fera née; vous croyez
peut-~tre
que le
" premicr foin des fages - femmes efl de con[ul\er 1 la
" naifTance d'un enfane toutes les horloges ,.¡:Ie marquer
" exaacment les minutes ,
&
de conferver
a
celui qui
" vienr de naltre Ces éroiles eomme fou patrimoine:
" mais [ouvenr le péril des meres n.e lailfe pas lieu
a
eeue attemion . Quand on le pourroit; combien y en
a-t·il qui néglígenr de le faire, étaor au - delfus de
" pareilles fuperflitions? En fuppofant
m~me
qu'on ait
étudié ce momenr, I'enfanr peut ne pas paroitre dans
)' I'infuult; cerraines. circ;onflances
peuven~ lailfe~
un
" long inrervalle: d'atlleurs les cadraus fOD! tls rouJours
jufles
&
exaas? les harloges , quelque bonncs qu'
" elles foielll, ne fe démenrenr-elJes pas fouve m par un
" tems ou trOP [ec ou trop humide? qui peut done af–
" furer que I'inll:ant auquel des perfoones atrctUives au–
" ronr placé la nailfance d'un enfanr , foir le véritable
momcm qui réponde
i
fon étoile?
" Je fuppofe encore avec vous qu'on ait trouvé ce
" . poinr jufle, I'éroile qui a pn:!fidé , [a fimation, Ca for–
" ce; pourquoi conlidérer elllre les éroiles cclles qui do–
, minoiem pendant que le fru ir s'nnimoit dans le ven–
,: tre de la mere, plu tÓt que cclles qui paroilJoienr pen–
" dam que le corps encore tendre
&
I'ame ignorante
" d'elle-meme apprenoit dans fa pri[on
a
fupporte!" pa-
tiemment la vie ?
" Mais lailfam toutes ces difficultés, je vous accor-
" de que I'état du ciel étoit bien connu au mometU de
la naiffance: pourquoi faire émancr des aClres un pou–
voir abfolu , je ne dis pas fculemem fur les corps,
mais auffi Cur les volonrés? il fau t donc que ce foit
" d'eux que j'aucnde mon bOllheur; que ma vie
&
ma
mOr! en dépendenr . Ceux qui s'engagent dans le parti
des armes,
&
qui périlfcnt dans une meme bataille,
" [om-i1s nés fous la meme conClellation ?
&
peut-on di–
.' re qu'un vailfeau qui doit échoüer ne recevra que ceux
" que leufs m3uvaiCes étoiles auron! condamnés en naif-
AST
663
fanr
:1
faire naufragc? L'expéríence nous fai t "oir touS
les jours que des perConncs nées dans des tems bictl
" différens, [e livreO!
:lll
combat, ou montetH un vaiC–
Ceau on i1s péri{]em, n'ayant de cornmull que I';n–
Clanr de la mon . Tous ccux 'lui vicnnenr au monde
" fous la meme difpolition du ciel, Ont-i1s pour cela
une méme deClinée pour la vie
&
pOur la mort? Vous
voye'¿ ici le roi; croye'L-vous que ceux qui
10m
nés
" [ous la méme élOile, polfedent des royaumes, on pour
" le moins des richefT"es, qui prouvenr l'hcureuCe
&
fa–
" vOfablc inftuence des aClres dans leur naifT"ancc? cro–
" yez-vous meme qu'ils ayem vécu juCqu'i pré[ent ?
" Voilil M. de Villeroy; ceux qui fom nés [ou la me–
" me planetc , onr-ils fa
r.~ge!fe
en partage? Conr-ils com–
" me lui honorés de la faveur du prince ? Et ceux qui
font nés dans Ic
m~me
inflam quc vous, font-ils
IOUS
,. Aflrologues, pour lle rien dire de pis?
Que
fi
quel–
" qu'un périt par
la
main d'un voleur, fon Cort, ditcs–
" vous exigeoit qu'il fUt tué par la main de ce mifé–
" rabie? Quoi donc
ces
memes aflres qui avoiem de–
" {lillé le voyageur dans le momen! de fa naiffullce,
¡¡
" etre un jour expofé au fer d'un atraffin, ont auffi don–
" né
a
I'affaffin, peut-"tre long' tems avant la
naia:~n" ce du voyagcur, I'imention
&
la force pour vouloir
" &
Pouvoir cxécuter ron mauvais de!fein? car les a-
flres,
i\
ce que vous prétendez, concourenr également
" a
la cruauté de cclui qui tue,
&
an malheur de
celui
" qui efl tué . Quelqu'un cl! accablé fous les ruines d' un
" bíltiment; efl-ce donc paree qu'il efl condamné par
" fa dcflinée
it
etre .i¡fevelí dans fa propre mai[on, que
les murs en foO! tombés? On doir rai[onner de me-
" me
a
I'occafion des dignités on I'on n'efl élcvé que
par fu flrages . La planete ou les a{lres qui ont pré–
¡idé
a
la nai!fancc d'une per[onne ,
&
qui dans vos
príncipes lui Ont deCliné des grandeurs, om-ils píl
" aulfi étendre leur pouvoir jufque, Cur d'autres hom–
mes
qul n'éroient pas encore nés, de qui dépendoi–
cm routefois rous les etfets de ces heureufes influ–
" enccs?
" Ce qu'il pourroit y avoir de vrai, en fuppofant la
réalité des influences des corps' céleCles, c'efl !jue com–
" me le foleil produit .des effets différens fur les cho-
fes difleremes de la terre, quoique ce foit toujours
" les memes rayons
&
la meme lumiere, qu'i1 cchantre
" &
entretient quelques femences, qu'il en fait moucir
" d'autres; 'lu'il de!feche de petites herbes, tandis que
" d'autres qui ont plus de [uc réliClem
dav~mage;
de
mcme auffi plulieurs enfans qui naiff\lm en meme
tems refT"emblem
a
un champ préparé de différentes
" manieres, felon la différence du namrel, du tempé–
" rament
&
des hobitudes de ceux
a
qui ils doivent le
" jour. Cette puiOimce des aflres qui cfl une pour totlS
" ces enfans, ne doit point daos touS produire les
me–
" mes effets. Si le naturel de I'enfam a quelque rapport
" avec ceue pui!fance, elle
y
dominera : s'i l efl oppoCé,
" je doute meme qu'elle le corrige . De
fa~on
que pour
"juger Cainemenr que! doir etre le caraétere d'une en–
" fant,
iI
ne faut pas s'arreter feulement
a
conJidérer
" les aflres,
il
faut cnCOre remonter aux parens, faire
anention
a
la condition de la mere pendant qu'elle
éroit enceitlte,
&
a
beaucoup d'autres choCcs qui fom
inconnues.
" Enfin, je vous demande, Chaldéen, li cette in–
fluence que vous regardez comme la caufe du bon-
" heur ou du malheur, demeurera tolijollrs au ciel juf–
qu'au tems marqué, pour de[cendre enCuite fur ter–
" re,
&
Y faire agir des inClrumens propres
a
ce que
les aClres avoient arreté ; ou
(j
renfermée dans I'en–
" fam, entretenue
&
croilfam avec lui, elle doit en
c~r" taines occalions fe faire jour eour accomplir les de–
" crets irrévocables des aClres? Si vous prétendez qu'
" elle demeure au ciel, il Y a dans vos principes une
" contradiaion manifeCle; car puífque le bonheur nu le
" malheur de celui qui vienr au monde , dépend de la
" manier.e dom les aClres étoiem joims dans le momcnt
" de fa nailJance, le cours de
ces
m2mes aClres femble
" avoir détruir cene premiere forme,
&
en avoir don–
" né une autre peut-ctre entieremcot oppofée. Dans
quell~
partie
d~
ciel fe fera
.conferv.éc:. cene
prel~ie"
r~
pUIfT"ance, qut ne doit paroltre
&
J?ner) pour alllfi
" dlre, Con rÓle que plulieurs années apres , comme lor[-
que
1
'eofam aura <¡uarante ans? De
~roire
d'u!, autee
" cÓté que le deClin, qui nc
dOt~
avqtr fon ctlet, que
" quand cet enfaO! fera parvenu a
UI1
age plus avancé,
" lui foit aUlché des fon enfance, e'efl une imperti.
" neme rc: verie . Quoi done, ce fera lui, qui, dans un
" naufrage
ou
il aoir périr) Cera caufe que les verits
s'éle-