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608

ART

machines limpies; que les machines limpies fon! en pe–

tir nombre ; & que dans I'expolilioll d'une mamEUVre

quelconque , toUS les mouvemens foOl réduéHbles fans

aucunc errem cOllíidémble,

311

mouvement reéliligne &

au mouvemellt circulaire ?

JI

feroit donc

ii

fouhaiter

qu'un bOIl Logicien

a

qui les

ñrtJ.

fero;ent familicrs ,

entreprlt des élémells de la

$r.nmmair, des Arts.

L e

premier pas qu'il auroit " falre, ce feroit de ti,;er la

valeur des correlatifs,

g rand, gros , moyen, minee

'.

épaú,

foible, petit, le)!.tr, pe[ant,

&c. Ponr cet effet 11 fau–

droit chercher une me(ure conOame dans la nature, ou

évaluer 13 grandeur, la grolfeur & la force moyenne

de I'homme, & Y rapporter toutes les expreffions ill–

déterminées de quamité, ou du moins former des ta·

bies auxquelles on inviteroit les ArtiOes

:i

conformer

leurs langues. L e fecond\ pas, ce feroit de déterminer

fur la ditférencc & fur la reUemblance des formes &

des ufages d'un jnOrumem & d'un autre inOrumem ,

d'une maneeuvre

&

d'une autre maneeuvre, quand'il

faudroit leur laitTer un meme nom & leur donner des

noms différens. Je ne doute point que celui qui entre-o

prendra cet ou,'rage , ne rrouve moins de termes nou–

veaux

a

introduire, que de fynonymes

a

bannir; &

plus de difficulté

a

bien définir des chofes communes ,

relles que

grace

en Peinture,

nreud

en PatTememerie,

ueu"

en pluCieurs

ArtJ ,l

qu':l. expliquer les machines

les plus compliquées. C'eO le défaut de définirions exa–

tres,

&

la multitude, & non la diverCiré des mouve–

mens dans les maneeuvres, qui rendem les chofes des

A rtJ

difficiles

a

dire c1airement. 11 n'y a de remede au

fecond inconvénienr, que de fe familiarifer avec les

objets: ils en valem bien la peine, foir Cju'on les con–

lidere par les avamages qu'on en tire , ou par l'honneur

qu'ils fom

ii

I'efprir humain . Dans quel fyOeme de

Phytique ou de Méraphyfique remarque-r-on plus d'in–

rel ligence, de fagacité , de conféquence, que dans les

m achines

ii

filee I'or, faire des bas, & dans les mé–

tiers

d~

Pa(fememiers, de Gaziers, de Drapiees On d'ou–

vriers en foie? Quelle démonOration de M athématique

eO plus compliquée que le méchaniCme de certaines hor–

loges, ou que les différemes opéeations par lefquelles

On fait patTee ou I'écorce du chanvee, ou la coque du

vee , avam que d'en obtenir un fil qu'on puilfe emplo–

yer

a

I'ouvrage? Quelle proj eélion plus belle, plus dé-

~licate

&

plus tinguliere que celle d'un delfein fue les

coedes d'un (1mple,

&

des cordes du f.mple

Cur

les fils

d'une, cha1ne? qu'a·r-on imaginé en quelque geore que

ce folt , qui momre plus de rubtilité que le chiner dcs

velours? Je n'aurois jamais fait Ci je m'impofois la ra–

che de parcourir toutes les merveiJles qui frapperont

dans les manufaél ures ceux qui n' y porteront pas des

yeux prévenus ou des yeux Oupides.

Je m'arreterai avec le philoCophe Aoglois

a

trois in–

ventiOlls,

dont les

anciells Il'ont point eu conno ilfance ,

& dollt

a

la hon re de l'hiOoire & de la poélie moder–

nes, les noms des inventeurs fom pee[qu' ignorés : je

veux parlee de l'

ñrt

d'imprimer, de la découverte de

la poudre

ii

canon , & de la propriété de I'aiguille ai–

m amée . Quelle révolurion ces découvertes n'om-el les

pas occalionnéc dans la répnb1 ique des L enres, dans

l'Art

iniliraire , & dans la Maeine? L'aigui lle aimantée

:l

conduir nos vailfeaux juCqu'aux régions les plus igno–

récs; les caratreres typographiques ont érabli une cor–

refpondance de lumieres entre les favans de tous les

lieux & de tous les rems

ii

venir:

&

la poudrc

ii

ca–

non a fait nalrre touS ces chcfs - d'eeufs d'aechiteélure ,

qui défendent nos fromieres

&

celles de nos ennemis :

ces rrois

Arts

om pre[que changé la facc de la terre.

Rendons enlin aux A n iOes la ju{lice qui leur eO

due . L es

ñrt! IibérallJ(

[e Cont a(fez chantés eu x-me–

mes ; !Is roureoiem cmployer maintenanr ce qu'i1s om

de VOI,X a

cél~br~r

les

Arts mlchani'lueJ.

C'eO aux

Ares

I,bé~a"x

a tlrer les

Arts méchani'l,¡es

de l'avilif–

fement

o~

le peéJugé les a tenus ti long-tems; c'eO :l.

!a pr?reébon des rOlS

ii

les garantir d'une indigence on

I!S

hlllgUltTcnt enCOre. L es Anifans fe font crus mépri–

lables, parce qu'on les a méprif¿s; apprenons' leur

a

m lcux penfer d1eux-mllmes: c'eO le feu l moyen d'en

obtenir des produélions plus parfaites . Qu'il forre du

fdn des Acad.:mics quelqu'homme qui defcende dans

les atteliers, qui

y

recueille les phénomenes des

Arts

&

qui nous les expofe dans un ouvrage qui

détermin~

les ArtiOes

a

lire , les Philofophes

ii

penCer urilement

&

les grands

a

faire enfin un u[age utile de leur

auto~

rité & de leurs récompenfes.

Un , avis que nous oferons donner aux favans c'eO'

de pratiquer ce qu'ils nous enCeignenr eux-meme;, qu'

ART

on ne doit pas juger des autres avec rrop de pn!cipira–

rion, ni profcrire une invcntio n comme inmile, parce

qu'elle n'aum pas daos fon origine tous les avamages

qu'on

pou~roit

en exiger. M ollta¡¡ne, cer hommc.d'ail–

Jeurs

Ii

phliofophe, ne rougiroit-ll pas s'il revenOlt par–

Ini nous, d'avoir écrit

que les arma

ti

[fTt

font de

ji

pelt

dteffe~ ,

falJf l'étonnement

da orcilleJ

a

quo;

cha–

cun e{f dé[ormaiJ apprivoi[/ , 'lu'iJ '¡pere ¡/t'on en ,!,út–

te,.a l'ttJag e.

N 'auroit-il pas montré plus de fagelle 11

encoueager les arquebuCiers de ron tcms

ii

fubOnu er"–

la meche &

:lU

roüer quelque machine qui répondir

a

I'aaivit!! de la poudre , & plus de CagaClté

a

prédire

que celte machine s'inventeroit un jour? Mette? Bacon

:i

la place de Momagne,

&

vous verrez ce premier

conlidércr en philoCophe la narure de 1'3gent,

&

pro–

phéliCer, s'il m 'eO permis de le dire, les grenades, les

m ines, les canons, les bombes, & tout l'appareil de la

P yrothecnie militaire . Mais Montagne n'eO pas le feul

philofophe qui air porté fur la poffibilité ou I'impo!li–

biliré des machines, un jugement précipiré. D e[cartes,

ce génie extraordinaire né pour égarer & pour condui–

re, & d'autres qui valoient bien I'auteur des

Effais,

n'ont-ils pas prononcé que le m iroir d'Archimede éroi!

une fable? cependanr ce miroir eO expofé

a

la vOe de

toUS les favans au Jardin du R oi; & les effers qu'il

y

opere entre les mains de M . de Buffon qui I'a rerrou–

vé . ne nOIlS permettem plus de doutel""de ceux qu'il

opéroit fur les murs de Syracufe entre les mains d' Ar–

chimede. De

Ii

grands exemples fuffifent pour nous ren–

dre circonfpeéls.

N ous invitons les Artilles

a

prendre de leur c6té

confeil des favans, &

a

De pas laitTer périr avec eOll:

les découvertes qu'ils ferom. Qu'i ls fachent que c'e{l

fe rendre coupable d'un larcin envers la fociéré, que

de renfermer un fecret ulile

&

qu'il n'eO pas moins vil

de préférer en ces occafions

I'inrér~ r

d'un feul

a

I'in–

térer de tous, qu'en cent autres

011

ils ne balanceroient

pas eux-memes

a

prononcer. S'ils fe rendent commu–

nicarifs, on les débarratTera de plufieurs préjugés ,

&

fur-tout de celui

011

ils fom prefque tous , que leur

ñrt

a acquis le deroier degré de perfeélion . L eur peu de lu–

mieres les expofe fouvent

iI

rejetrer fur la n3IUre des

chofes, un défaut qui n'eO qu'en eux-mémes. Les ob–

Oaeles leur paroiUenr invincibl es des qu'ils ignorent les

moyens de les vaincre. Qu'ils falfent des expériences;

que dans ces ex périences chacun y metre du Cien; que

l'Artille y foit pour la main-d'Q.>uvre, l' Académicien

pour les lumieres & les conCeils, & I'homme opulent

pour le prix des matieres, des peines & du tems;

&

bien-t6r nos

ñ rts

& nos manufatrures aurotU fur celles

des étraDgers toute la Cupériorité que nous defirons.

D e la ji,périorité d'"ne manufallure ji.r une autre.

Mais ce qui donneea la fupériorité

a

une manufaaure

fur une autre, ce fera Cur-tout la bomé des matieres

qu'on y employera, jointe

a

la célériré du travail

&

a

la perfeélioD de I'ouvrage . Quant

a

la bonté des ma

J

t ieres, c'cO une affaire d'infpeélion.

Po~r

la célérité

du travail & la perfetrion de I'ouvrage , elles dépendent

entierement de la multitude des ouvriers ratTemblés.

L or[qu'une manufaélure en nombreufe, chaque opéra–

tion occupe un homme différenr. Tel ouvrier ne fait

&

ne fera de Ca vie qu'une feule & unique choCe; rel

autre, une autre chofe: d'ou il arrive que chacuue s'exé–

cute bien & promptemenr, & que I'ouvrage le m ieux

fait eO encore cclui qu'on a

a

meillellr marché . D 'ail–

leurs le gout & la fayon fe perfeaionnenr nécellO.ire–

mem entre un grand nombre d'ouvriers, paree qu'il

eO difficile qu'il ne s'en rencontre quelques-uns capa–

bies de reRéchir , de combiner,

&

de rrouver enfin le:

feul moyen qui puilfe les meme au-detTus de leurs fem–

blables; le moyen ou d'épargner la matiere , ou d'aJlon–

gel' le tems , ou de fllrfaire I'indu{lrie, 10ir par une ma–

chine nouvelle, foit par une maneeuvre plus commo–

de . Si les manufaélures étrangeres ne l'emportenr pas

fur nos manufaélures de Lyon, ce n'eO pas qu'o n igno–

re ailleurs comment on travailJe-la; on a par-tout les

m~mes

mériers, les memes foies,

&

il-peu-pres les

memes pratiques: mais ce n'eO qu'a L yon qu'il y a

30000

ouvriers ratTembl¿s & s'occupant tous de l'em–

ploi de la meme matiere. Nous pourrions encore al–

longer cet an icle: mais ce que nous venons de dire.

joim

ii

ce qu'on trouvera dans norre D ifcours prélimi–

naire, fuffira pour ceux qui (avem penfer ,

&

nous n'en

aurions jamais atTez dir pour les autres . On y rencon–

trera peut-étre des endroits d'uDe métaphy(jque un pell

forte: mais il étoit impoffible que cela fUt autrement .

N ous avions

a

parler de ce qui concer¡¡e l'

Ar:

en gé-

,

Dé-