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606

ART

t'ouvrage de la main quc de I'efpri! . Telle en

m

P"l-–

tic

I'origine de la préémincnce que I'on a

~ccordéd

cer–

u ins

art!

fur d'autres,

&

de

la

diflribution qu'on

3

fui–

te des

arll

eu

are! libéralix

&

en

art! m¿chan;r¡:ltJ.

Cette diflinéHon " Guuique bien fondée,

a

produit un

roauvais etfct , en :wiliff.111t des gens trcs-efl imables

&

eres-utiles,

&

en fort ifiant en nous jc ne fai quelle pa–

..eae Il3lurelJe, qui ne nous portoit déjii que trop

a

croi–

ce

que donner une .pplication co nllante

&

fuivie

ii

des

c xpériences

&

a

des obJets particuliers , fenribles

&

ma–

cériels, c'étoit d¿roger

i

la dign.ité de I'efprit humain;

&

que de pratiquer ou mCllle d'érudier les

art! mécha–

PI;r¡lIer,

c'étoit s'abailfcr

a

des chofes dom la rccherche

efi

laboriellfe , la méditation ignoble, I'expolition diffi ·

cile , le commcrce deshonorant, le nombre inépuif.ble,

& 13

valcur minutielle;

Minai maje(latcm mentÍ! hu–

m aUrf

,

ji

in

txptrim~ntiI

&

rebllJ particlllaribuJ

1

&c.

Bac.

" {JV.

org.

PréJugé qlli tendoit a remplir les viHes

d'orguilleux raifonneurs

&

de contemplateurs inutiles ,

&

les campagnes de petits tyrans ignorans, oifif1

&

dédai–

gneux. Ce n'ell pas .inri qu'ont penfé Bacon, un des

premiers lJénies de l'Angleterre; Colbert, un des plus

grands mllliflres de la France ; entin les bons efprits

&

les hommes fages de: tous Ics tcms . Bacon regardoit

l'hifloire des

arU méchani'flle!

comme la branehe la

plus importante de la vraie Philo fophie;

i1

n'avoit done

g~rde

d'en méprifer

la

pratique. Colbert regardoit I'in–

duflrie des peuples

&

I'établilfemen! des manufaaures,

comme la richelfe la plus rare d'un royaume. Au ju–

gement de ceux qui om 3ujourd'hui des idées faines de

la

valeur des choles, celui qui peupl3 la Frallce de Gra–

venrs, de Peintres, de Sculpteurs

&

d' Artifles en tout

genre; qui Curprit au! Anglois la machine

a

f.,ire des

has,

le velours au. Génois , les g laces au! V énitiens ,

ne

tit

guere moins pour I'état que cenx qui banirem

fes enoemis

&

leur enleverent leurs places fortes;

&

<IUX

veux do philofophe il y a pel1l-etl'e plu de méri–

re réel

a

avoir fait naltre les le BI'UIlS, les le Sueurs

«

les

A~drans;

peindre

&

graver les batailles d'AIe–

x andre,

&

exécuter en t2piUerie les viaoires de

1I0S

génémux, qu'il n'y en a

a

les avoir rempon ées. Mel–

te'/. dans un des e6tés de la balance les .vamages réels

des fciences les plus fublimes

&

des

art!

les plus ho–

norés,

&

dans I'autre d,té ceux des

a,'e! m¿chanir¡ua,

&

vous trouvere'/. que I'efiime qu'on

3

f.,ite des uns

&

eelle qu'on

a

faite des autres, n'on! pas été dillribuées

dans le Jufle rappon de ces avantages,

&

qu'on a bien

plus loüé les hommes occupés

a

faire croirc que nous

étions heureux, que les hommes occupés

¡¡

f.,ire que nous

le fumon s en etfet . Quelle bifarrerie dans nos jugemells

!

nous exigeons qu'on s'oeeupe utilement,

&

oous mé–

p'riCons les hommes miles .

But da Ares en g/nlral .

L'homme n'ell que le mi–

niflre ou I'imerprete de la nature; il n'entend

&

ne f.,it

qu'autant qu'il a de connoilfance ou expérirnentale ou

réRéchie des etres qui I'environnem. Sa main nue,

quelque robulle, infatigable

&

Couple qu'elle foit, ne

peut fuffire qu'ii un petit nombre d'etfets; elle n'aehe–

ve de grandes chafes qu'a I'aide des inflrumens

&

des

regles:

iI

en faut dire autam de I'entcndement. L es ill–

ílrumens

&

les regles Com comme des muCcles fura–

joutés au x bras,

&:

des relforts accelfoires

a

ceux de

I'efprit. L e bur de tout

tire

en général, ou de tout fy –

fieme d'inllrumens

&

de reg les confpiran! :\ une me–

m e 6n , ell d'imprimer certailles formes déterminées Cur

une bafe dounée par la nature;

&

.enc bafe el1 ou la

matiere, ou I'efprit, ou quelque fouaion de I'ame ou

quelque produaion de la llature . Dans les

art! ml:ha–

";que!,

auxquels je m'anacherai d'autan! plus ici, que

les

auteurs.en

, om moins parlé ,

le p01lvoir de

l'

hom–

me fe rld:ut a rapprochtr

O"

tlo;gner. le! corp! na–

IHr~/J.

L hommc

p ellt tOltt DIt

ne peut

r/~n,

Jc/on filie

ce

rapproehemmt

0"

Cee Ilo;g>Jement

-ji

.u

n'.jI pm

p oJlible.

( Voye'/.

nov. org,)

Projet

,d''''~

traiel

,g~n(ral

,de! Are! mlchanir¡I"!.

~ouve~t

I on Ignore

1

o~lgll1e

d un

art méchanir¡"e,

ou

I

0!1,

n a que, des cOl1nollfances vagnes fuI' fes progres:

valla les fultes Ilaturdles du mépris qu'on a eu dans

tons les tems

&

che'/. toutes les natioDS favames

&

bel–

Jiqueufes, pour ceux qui s'y fom Iivr6. Dans ces oc–

ca(jons il faut recomir

a

des fuppofilions philofophiques

partir de

quelq~'hypothefe.

vrailfemb!able , de

quelqu'é~

vénement premler

&

fortUlt,

&

s'avancer de-la jufqu'otl

l:art

a été

~oulfé .

] e m.'explique par un exemple que

J

emprunteral plus volol1t1ers des

art! m¿ehanique!

qui

fom moins COntlUS, que des

art! liblraux,

qu'~n

a

.pté[entés fous mille formes ditférenres . Si I'on igno-

ART

roi! I'ori¡¡ine

&:

les progres de la

Vtrrtr;(

ou de la

p ,,–

pe/eri"

que feroit un philofophc qui fe propOrer"il d'é–

crire I'hifloire de ces

arlJ?

11

fuppoCeroit qu'un mor–

cean de linge ell tomoé par halard dans un "aiaeau

plein d'cau, qu'il y a féjoumé alfe', long·tems pOllr s'y

diflaudre;

&

qU'3u lieu de trouver au fond du vail–

fcau, quand

iI

a été vuidé , un morceau de Iinge,

011

n'a plus

apper~íl

qu'une e[pece de fédimem , dom on

auroit eu blcn de la peine

¡¡

reconnoltr. la nalure Cans

quclques tilamcns qui relloiem,

&

qui indiquoienr que

la mutiere premiere de ce fédiment avoit été aupara–

vam fous la forme de Iinge. Quan!

i

la

V"rer;e

il

filppoferoit que: les

premie~es habit~tions

folides que' les

hommes fe [olenr conllrultes , étolent de terre cuite ou

de brique:

01'

il efl impoffi ble de faire cuire de la bri–

que

a

grand feu, qu'il

n~

s'en vitritie quelque panie

c'ell fans cene forme que le verre s'efl préCelllé la

pre~

miere fois. Mais quelle dillanee immenCe de ceUe

é–

caiJle fa le

&

verdatrc , jnfqu'. la matiere tranfpareme

&

pure des glaces?

&c.

Voil:l cependant I'expérience

fortuile, ou quelqu'alltre Cemblable , de laquelle le phi–

lofophe partira pour arriver jufqu'otl

l'Art

de la Ver–

rerie ell maintenant parvenu .

A vantage! de ceete m¿thode.

En s'y prenant ainri,

les progres d'un

Art

[eroient expof¿s d'une maniere plus

inflruaive

&

plus elaire, que por fon hifloire véritable ,

quand on la lauroit. Les obllacles qu'on aurojt eu

iI.

furmonler pour le perfeaionuer fe préfenteroient dans

un ordre entierement na!urel ,

&

I'explication fynthéti–

que des démarches fuccemvcs de

l'Are

en faeiliteroit

I'imell igence aux efprits les plus ordinaires,

&

memoit

les Artilles Cur la voie qu'ils auroient

a

fuivre pour

approcher davantage de la perfeaion ,

O"dre qtt'il ¡alldro;t f"ivre dan!

1m

pareil traiel.

QlInnt

:i

I'ordre qu'i1 Caudroit fuivre daos un pareil

traité, je crois que le plus avantageux feroit de rappe!–

ler les

Are!

aux produélions de la nature . Une éllu–

mération exaae de ces produaioos donneroit naiffill1ce

:\ bien des

ArU

inconnus . Un grand nombre d'nutres

naltroicnt d'un examen cireonflancié des dilte remes fa–

ces fous Icfquelles la meme produaion peut etre con–

lidéréc. La premiere de ces eonditions demande une

connoilfanee tres-érelldue de I'hifloire de la naTUre ;

&

la feconde, une tres-grande dialeaique. Un traité des

Art! ,

tel que je le

con~ois

, u'efi donc pas I'ouvrnge

d'un homme ordinaire. Qu'on n'aille pas s'imaginer

que ce COnt ici des idécs vaines que je propoCe,

&

que

j e promets aux hommes des déeouvcrtes chimériquc5.

Apres avoir remarqué avee un philoCophe que jc ne me

lalfe pojnt de loüer, par ce que je ne me fuis jamais

lafié de le lire , que I'hifloire de la nalure ell incom–

plete fans cclle des

Aru :

&

apres 3voir invité les na–

turalifles

ii

couronner leur travail fuI' les regnes des

végétaux, des minéraux, des aoimaux,

&

e.

par les

expériences des

Art! mlchani,!lIe!,

dom la eonnoilfan–

ce importe beaucoup plus ;\ la vraie philofophie; j'ofe–

rai ajoüter

i

fon exemele:

Ergo rem r¡'{flm ago,

110>1

opinioncm

1

fed

01"1

effe ;

cnmt¡lIe

non [cllte

IlliUÚflJ ,

a/tt placiti, red lte;litaeÍ! e¡¡e

&

amplieudin;! ;mmen–

¡'"

fundamenta.

C e n'ell point ici un fyfleme: ce ne

[om poim les fantai(jes d'un homme ; ce fOn! les déci–

rions de I'expérience

&

de la raiCon ,

&

les fondemens

d'un éditiee immenfe;

&

quiconque penfera

diff~rem­

ment, cherchera:l rétrécir la fphere de nos connoilTan–

ces,

&

a,

décollrager les elprits.

N

ous devons au ha–

fard un grand nombre de connoilfances; il nous en

3.

préCenté de fort importantes que nOlls ne cherehions

pas: ell-il

a

préfllmer que nous ne trouverons rien,

<¡uano nous aJou lerons nos etforts

ii

fon caprice ,

&

que

nous memons de I'ordre

&

de la méthode da liS nos

recherches? Si nous poífédons • préfem des Cecrets qu'on

n'efpéroit poim auparavant;

&

5'il nous ell permis de

tirer des conjeames du palfé , pourquoi I'avenir ne nuus

réferveroit-il pa des richelfes fur lefquelles nous lIe

comprons guere aujourd'hui? Si I'on eut dit, il

Y

3.

quelques (jecles,

¡¡

ces gens qlli mefurent la poffibililé

des chafes fllT la portée de leur génie,

&.

qui n'ima–

ginent rien au-dela de ce qu'ils connoilfen!, qu'il elt

une pouffierc qlli brife les roehers, qui renverfe les mu–

raiÍles les plus épailfes a des diflanees étonnantes, qui

renfermée au poids de quelques livres dans les entrail–

les profondes de la terre, les feeoüe, fe fait jour

a

Ira–

vers les malTes énormes <¡ui la couvrent,

&

peut ou–

vrir un gouftre dans lequel une ville emiere difparoi–

troit ; ils n'auroient pas manqué de comparer ces etlers

a

I'aaion des roues, des puulies, des' leviers , des con–

trcpoids ,

&

des autres machines connues ,

&

de pro-

noo-