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ART

noncer qu'une parcille poulliere en

chim~rique;

&

qu'il

n'y a que la foudre ou la caufe qui produit

les

trem–

blemens de terre,

&

doO( le

m~chanifme

efi inimita–

ble, qui foit capable de ces prodiges effrayans. C'efi

ainli que le grand philo[ophe parloit

a

fon tieele,

&

a

tous

les

lieeles

a

Yeni:. Combien (ajoaterOns-nous

a

fon exemple) le proJet de la maehine

a

élever I'eau

par le feu, telle qu'on I'exécuta la premiere fois

a

Lon–

dres, n'auroit-i1 pas oecaliooné de mauvais nifonne–

mens, fur-tout

Ii

I'auteur de la machine avoit eu la

modefiie de fe donoer pour un homme peu verfé dans

les méchaniques? S'il o'y avoit au monde que de pa–

reils efiimateurs des inventions, il ne fe feroit ni gran–

des oi petites chofes. Que ceux donc qui fe Mtem de

pronon'cer fur des ouvrages qui o'impliquent aucune con–

Iradiaion, qui ne font quelquefois que des additions

tres-Iegeres 11

des machines connues,

&

qui ne demao–

dem tout au plus qu'un habile ouvrier; que ceux, dis–

je, qui font aITh bornés pour juger que ces ouvrages

fom impollibles, fachent

qu'eux-m~mes

ne foO! pas af–

[ez infiruits "our faire des fouhaits convenables. C'efi

le ehaLlcelier Bacon qui le leur dit:

'Iui fllmpta

,

ou ce

qui efi encore moins pardonnable,

'{u i negleéU ex hiJ

'lila!

pr",jlo funt ,""jeélura, ea aut impo/Jibilia, atlt

mima verifimi/ia, plltee; eum (eire debere fe no" fa–

tis doélum, ne ad opea"d1lm 'ltlidem <ommode

&

ap–

pofite effe.

/Jlltre motif de recherehe.

Mais ce qui doit encare

nous encourager dans nos recherches,

&

nous détermi–

ner :l regarder avec attenrion autour de nous, ce font

les lieeles qui fe font écoulés fans que les hommes fe

foiem

appeL~as

des chofes importantes qu'ils avoiem,

pour ainli

di~_>Jous

les yeux. Tel

ea l'Are

d'impri–

mer, celui de graver. Que la condition de I'efprit hu–

main efi b)farre!

S'agit-il de dleouvrir, il fe dlfte de

fa f.rce, il s'embarraffe dans In dijfieultls '{u'il fe

faie; les chafes lui paroiffent impoiJibln

a

trol/ver:

font-elles trol/vt!es? il ne eonfoit pllls <omment il

ti

fal–

/"

les ehereher fi long-tems

,

&

i7

a pitil de Itli-mime.

DiJflrer.ce

fingllliere entre les ma.-hines.

Apres avoir

propofé mes idées fuc un

t~aité

philofophique des

Arts

en généra! , je vais pa1Ter :l quelques ob[ervalions uti–

les fo[ la maniere de traiter certains

Ares

,méchaoiques

en particulier. On emplo)'e" quelquefo:s une machiDe

tres-compofée pour prodUlre un effet aífe7. fimple eD

apparence;

&

d'aur.res

foi~

une machine tres- limpIe en

ettet Cuffit pour produire une aaion fort compofée: dans

le premie[ cas, l'eftet

a

produire érant con\u facile–

mem ,

&

la connoiífance qu'on en aura n'embnrraífant

poim I'efprit,

&

ne chargeant point la mémoire, on

commeocera par l'aDnoncer ,

&

I'on paífera enCuite

ii

la defcription de la machine: dans le fecond cas au

courraire, il ea plus

a

propos de defcendre de la def–

críption de la machine

a

la connoiOance de I'eftet. L'ef–

fet d'une horloge efi de divifer le tcms en partíes éga–

les,

a

I'aide d'une aiguille qui fe meut uniformément

'&

trcs-Icntement fur uo plan ponaué . Si donc je mon–

tre une horloge

¡¡

quelqu'un :l qui cette machine étoit

inconnue, je I'inaruirai d'abord de

[00

effet,

&

j'en

viendrai enfuite au méchanifmc. Je me garderai bieD

de fuivre la meme voie avec celui qui me demandera

ce que c'ea qu'une mailJe de bas, ce que

c'ea

du

drap, du droguet, du velours, du fatin. Je commen–

cerai ici par le dérail de metiers qui ferveut

a

ces ou–

vrages. Le développement de la macnine, quand

iI

ea

clair, en fait fenrir I'eflet tout-d'un-coup; ce qui feroit

peur-ctre impoffible fans ce préliminaire. Pour fe con–

,>aincre de la verilé de ces ob[ervations, qu'on dche

de définir

cxaa~mel1t

ce que c'

ea

que de la

ga:u,

fans fuppofer aucune notion de la machine du Gazier.

D e la Glomltrie dtI Ares.

On m'accordera fans pei–

ne qu'il y a peu d' Artifies

a

qui les ¿Iémens des Ma–

thématiques ne foieRt nécefEires: mais un paradoxe

donr la vérité ne fe préfelltera pas d'abord, c'efi que

ces élémeos leur feroient nuifibles en plufieurs 'occa–

lions,

Ii

une multitude de connoicrances phyfiques n'en

corrigeoient les préccptcs dans la pratique;

conno;lT.~n­

ces des Iieux, des pofitions, des figures irrégulicres, des

matieres, de leurs qualités, de 1'"lafiicité, de la roi–

deur, des froltemens ) de la confiaance, de la durée,

des effets de I'air , de l'eau, du froid, de la chaleur,

de la fcchrrecre,

&e.

iI

efi évident que les élémcns de

la G éométrie de l'Académie De font que les plus lim–

pIes

&

les moins compofés d'entre ceux de la Géo–

métrie des boUtiques.

11

n'y a pas un levier dans la na–

ture, tel que celui que Varignon fuppofe dans fes pro–

politions;

iI

D'y a pas

UD

levier daDs lá Dature dollt

\

ART

607

tOUles les conditions puiITent entrer en calcul . Entre

ces conditions il y en a ,

&

en grand Dombre,

&

de

tres-ecrcnrielles dans I'ufage, qu'on ne peut meme f011-

meme

a

cene partie du calcul qui s'étend jufqu'aux dif–

férences les plus infel1fib!cs des 'l uanrités , quand

elle~

[ont

apprétia~lcs;

d'ou il arrive que celui qui n'a que

la Géométrie imelleauelle, efi ordinairemem uo hom–

me aITc7.-mal-adroit;

&

qu'un Artiflc qui n'a que la

Géométrie expérimemale, ell un ouvr:er tres-borné.

Mais il efi, ce me femble, d'expéricuce qu'un Artifie

fe pacre plus facilement de la G éométrie intellrétuelle .

qu'un homme, quel qu'i! foit, d'une certaine Géomé–

trie expérimentale. Toute la matiere des frottemens efi

reaée malgré les calculs, une affaire de Marhématique

expéri mentale

&

manouvriere. Cependant jufqu'ou cet–

te connoi{f.,nce feule ne s'étend -elle pas ? Combien de

mauvaifes ma:hines ne nous fom-elles pas

propofée~

IOUS les jours par des gens ql1i fe font

imagin~s

9ue

les leviers ,

les

roues , les poulies, les cables , agiílent

daos une machine comme fur un papier;

&

qui faute

d'avoir mis la main

ii

I'oeuvre, n'om jamais fa la dif–

féreuce des effets d'une machine meme, ou de fon pro–

fi I? Une feconde obfervation que nous ajoaterons ici,

pl1ifqu'elle efi amenée par le fuier, c'efi qu'il

y

a des

machines qui rélilliHem en petit,

&

qui ne réulli crent

poinr en grand,

&

réciproquement d'autres qui réuf–

filTcm en grand,

&

qui ne réulliroient pas en petit .

II faut, je crois, meme du nombre de ce! deeniers

lOotes eelles donr I'effet dépend principalemem d'une

pefameur conridérable des parties memes qui les com–

pofem, ou de la violence de la réaaion d'un fluide,

ou de quelque volume conlidérable de matiere élafii-

que

ii

laquelle ces machines doi vem etre appliquées : )

exécute7.-les en petit, le poids des parries fe réduit

a

rien; la réaaion du f1uide n'a preCque plus de lieu;

le~

puiífances fur leCquelles

011

avoit compté difparoiífent.

&

la machine manque fon effet. Mals s'il ya, rela–

tivement aux dimenlions

des

machines, un point, s'il

efi permis de parler ainli , un terme ou elle ne pro–

duit plus d'effet, il Y en a un autre en-deJa ou en-de-

~a

duquel elle ne produit pas le plus grand effet done

fon méchanifme éroit capable. Toute machine a, felon

la maniere de dire des Géometres, un

maxirAtlm

de

dimen{ions;. de meme que dans fa conaruétion, cha–

que partie conlidérée par rappor! au plus parfait mé–

chanifme de cene

par!i~,

ell d'une dimenrion détcrmi–

née par les autres parties ; la matiere entiere el! d'une

dimention déterminée, relativemel1l

a

fon méchanifme

le plus parfait, par la maticre donr elle efi compoCée,

l'uCage qu'on en veut tirer,

&

une infinité d'autres cau–

fes. Mais quel efi, demandera-t-on, ce terme dans le5

dimenlions d'une -machine, au-delil ou

en -de~'

duquel

elle efi ou trop grande ou trap perite? Quelle efi la

dimenfion véritable

&

abfolue d' une montre excellen-

te, d'un moulin parfait , du vaiITeau confiruit le mieux

qu'il efi pollible? C'efi

a

la Géométrie expérimenta-

le

&

manou"riere de plufieurs liceles, aidée de

J~

Géo–

métrie inrelleétuelle la plus déliée ,

iI

donner une fo–

lution approehée de ces problemes,

&

je fuis eonvain-

cu qu'il efi impollible d'obtenir quelque chofe de Ca–

tisfaifant l:l-decrus de ces Géométries féparées,

&

tres–

difficile, dI; ces Géométries réunies.

D e la langue des Arts.

J'ai trouvé

la

langue des

Artl

tres-imparfa;te par deux caufes ; ia difette des mots

propres,

&

I'abondance des fyllonymes.

lJ

Y a des ou–

til s qui ont plurieurs noms ditférens; d'autres n'om au

conrraire que le nom génériq ue,

engin, machine,

fans

aucune addition qui les fpéeitie: quelquefois la moindre

petite différence fuffit aux Arrifics pour abandonncr le

Dom générique

&

inventer des noms parriculiers ; d'au–

tres fois, un outil lingulier par fa forme

&

fon ufage,

ou n'a point de Dom, ou porte le nom d'un autee outil

avec lequel

iI

n'a rien de commun.

11

feroit

a

fouhai–

ter qu'on eut plus d'égard

a

l'analogie des formes

&

des ufages. Les GéQmetres n'om pas autanr de nomo

qu'ils

0111

de figures: mais dans la langue des

ArlS,

un

marteau, uoe tenaille, une auge, uoe pelle ,

&

e.

ont

prefque aotan! de dénominations qu'il

y

a d'

Arts .

La

langue change eu grande parrie d'une manufaélure

a

une

autre. Cependam Je fu/s conva!ncu que les manceuvres

les plus

lin~ulieres

&

les machines les plus compo–

fées ,

s'expllqueroie~t

avee un aire7. petit. nombre de

termes familiers

&

conl1US ,

Ii

on

~renolt

le parti de

n'employer des termes d'

Art,

que quand ils offriroient

des idées particul/eres . N e do/t-on pas etre convaincu

de ce que j'avance quand on eonlidere que les ma–

chines compo[ées

~e

foOl que des cOD1binaifons des

ma-