ARI
arr ter feulement
a
~CUI
qui fe font le plus diningués .
Les Prordbns om eu les Jeurs ainfi que les Carholi–
ques . 11 fembloit que Luther edt porté daos ce paró
le dernier eoup
i\
la philofophic périparériciennc, en l'en–
veloppant dans les malédiél:ions qu'il donnoit
a
la Théo–
lo~ie
feholaaique: mais Luther lui-meme femit qu'il a–
VOlr lré trop loin. La fcél:e des Anabaptiaes lui fir con·
noitre qu'il ayoit ouven la porte iUI emhou(jatles
&
.ux iI1uminés. L es armes pour les réfuter manquoiem
SUI
Luthériens,
&
il fallut qu'ils empruntalrem eelles
qu'ils maudilroiem dans la maio des Catholiques • Mé–
lanél:hon
fu
t un de ceux qui eomribua le plus au réra–
blilremem de la Philofophie parmi les Protellans _ On
ne fa voit erre dans ce tems-la que Péripatétieien. Mé–
Ianél:hon étoit trop .éelairé pour donncr dans les Crreurs
gromeres de cette feae;
iI
crur done devole réformer
la
PhiloCophie Gafts que1ques-1Jlles de
f~s
parties,
&
en
conCcrver le fond qu'i1 jugea néeelraire pour repoulrer
les traits que lant,:oient r les 'Carholiques,
&
en meme
tems pour arreter les progres de eertaines [eaes qui al–
loiem bcaucoup plus loin que les Proteaaos. Cer hom–
me cc!lebre naquit
a
Schwarzerd, d'une famille honne–
te; il
rc~ut
une forr bonoe éducarion. Des fes premie–
res
annc!~s
on découvrit en lui un defir inCatiable d'ap–
prendre; les plai(jrs ordillaires ne l'amuCoicm point ; fon
applieation conrinuelle le rcndoit grave
&
rérieu!: mais
cela n'altéra jamais la douceur de fon caraaere. A I'a–
ge de douze ans , il alla cominuer [es érudes
a
Hei ·
delberg;
il
s'attira biem6t I'eaime
&
I'amirié de tout
le mnnde; le comre L ouis de Lowenflein le choilit
pour ¡:!re précepteur de fes enfans . C'ell avee rairon
que BJillet I'a mis au nombre des enfans qui fe fom
diflingués dans
Ull
ige peu avancé, oti I'on polrede
raremem ce .qui efl nécelraire pour etre ravant. Mé–
lanahon
~toir
naturellemem éloquenc , comme on le
yoit par fes éerits;
iI
cultiva Q1iea grand foin les
ta–
lcns naturels qu'il 3voit en ee genre. II étudia
la
Phi–
lofophie comme les autres , car on n'étoit rien fi on
De fa voic Ariflote. 11 Ce diflillgua beaueoup dans les
folutions qu'il donna aux diffieultés fur les propo(jtioos
m odales. 11 parut un
aigl~
fur les univerCaux . On fe–
ra fans doute furpris de voir que je loue M élanélhon
par ces endroits; on s'en moque aujourd'hui
&
avec
raifon: mais on dqit louer un homme d'avoi; ér!! plus
loio que tout Con (¡eele.
C'étoien~
alors les queflions
a
la m de, on ne pouvoit donc fe diCpenrer de les
étudier;
&
loriqn'on excelloit Plr-delrus les autres, on
oc pouvoit manquer d'avoir beaueoup d'cCprit; ear les
premiers hommes de tous les (iceles font tnOjours de
grand hommes, quelques abfurdités qu'ils ayent dites .
11 faut voir, dit M. de Fontenelle, d'ou ils fon t par–
t is: un homme qui grimpe fur une momagne efearpée
pourra bicn etre aum leger qu'uo homme qui dans la .
plaine fera
(jI
fois plus de ehemin que lui. Mélanélhou
avoit poureant trOp d'efprit POUt ne pas feotir que la
philofophie ' d'Ariflote éteodnit trop loin
Ces
droits; il
defapprouva ces queflions épineuCes , difficiles
&
inuti–
les, dom tout le monde
Ce
tourmentoit I'efprit ;
iI
s'ap–
perl(ut q u'une intinité de folies étnieO[ ¡:achées fou de
ttrands mOlS,
&
qu'il n'y avoit que leur habit philoCo–
phique qui pOt les faire reCpeéler. II
ea
ue
-évident qu'
a
force de
m~ttre
des m ts da s la
r~re,
on en ehalre
toutes les idées ; ou fe trouve fort ravant ,
&
00
ne Cait
rien; on eroit avoir la tete pleine .
&
on n'y a rien.
C e fut un moiue qui acheva de le
eonvain:r~
du mau–
vais gOllt qui tyrauniCoit tous les hommes : ce moine
un jour ne Cachant pas un fermon qu'i1 devoit pre–
c her, ou ne I'ayam pas fait, pour y fuppléer imagina
d'expliquer quelques queflions de la morale d'AriUare;
iI
fe fervoit de tous les termes de I'art: on fent aifómem
combien eettc exhortaríon fut uríle,
4
quelle ooélion il y
m it . Mélanélhon fut indigné de voir que la barbarie al–
loit jufque-U : heureux
(j
daos la Cuile, il n'avoit p:¡s fait
un crime
a
l'EgliCe entiere de la' folie d'un partioulier,
qu'elle a déravoüée dans touS les tems, comITle elle dé–
[avoüe toUS les jours les extravaganees que fom des zé–
lés! 11 tinit fes études
a
l'áge de dix-Cept 3ns,
&
fe
mit
a
expliquer, eo particulier aux enfaos, Tétcnce
&
Virgile: quelque tems apres on le chargea d'one haran–
gue, ce qui lui fi r lire auenrivemem Cicéron
&
Tite–
L ive;
il
s'en aequitta en homme de beaucoup d'eCprit,
&
qui s'étoit uourri des meilleu'rs auteurs. Mais ce qui
[urprit le plus Mélanahon, qui étoit , comme je I'ai
déja dit, d'un caraélere fort doux, o' efl lorfqu'
iI
vic
pour la premiere fois les difputes des dilféremes feéles;
alors celles des Nominaux
&
des Réels fermemoient
~e:lUOOllP..i
apres plulieurs mauvaiC\!i raifoDs de pan
~
-¿
./NI
J.
ARI
o'autre,
&
cela parce qu'on n'eo Cauroít 'avoir de bon–
nes 1i\-deirus , les mcil1eu rs poigRetS refloien! viétorieuI;
tous d'un commun accord dépouil1oiem la gravité phi–
lofophique,
&
fe batwiem il1déeemmenr: heureux
(j
dans le tumulte quelque eoup bien appliqué avoit pl1
faire un ehangemeru dans leur téte ; CRr fi, comme le
remarque un .bomme d'eCprit , un coup de doigt d'uno
nourrice pOllvoit faire de Pafcal un fot, pourquoi U[l
fot trépaoé ne pourroit-i1 pas devenir un homme d'ef–
prit? L es Aceoueheurs de ce tems-Ia f1'étoient pas fao$
dome
(j
habiles qu" préfent,
&
je erois que le long
triomphe d'Ariflore leur efl dl1 . M élanahon fut appclló
par I'éleaeur de Saxe, pour etre profelreur en Grec.
L'erreur de Luther faiColt alors beaucoup de progres;
Mélanélhon eonout ce dangereux héréfiarque;
&
com–
me il eherchoit quelque chore de nouveau, paree qll'il
femoit bien que ce qll'on lui avoit appris o'étoit pas co
qu'i1 falloit Cavoir ,
iI
avala le poiCon que lui préfentl
Lurher; il :¡'égara . C'efl avee raifon qu'iI cherchoit quel–
que chofe de nouveau : mais ce ne devoit etre qu'
en PhiJoCophie; ce n'étoit pas la religion qui deman–
doit un changement; on ne fait point une nouvelle re–
ligion comme on fait un nOllveau fyfleme. 11 ne peue
meme
y
avoir une réforme Cur la religion ; elle ¡>ré–
feme des chofes
(j
exrraordinaires
a
eroire, que
(j
Lu–
ther avoit eu droit de la réformer, je la réformeroi,
eneore, parce que je me perCuaderois aiCément qu'i1 a
oublié bien des chofes: ce n'ell que paree que je fai qu'
00
nc peut
y
toucher, que ¡e m'en tiens
a
ce qu' on
me propofe . Mélanahon, depuis fa connoilf.1nee avec
Luther, de'Vim feélaire
&
un feaaire ardent,
&
pae
conféquent Con eCprit fut enveloppé du voile de l'er–
reur; Ces viles nc pllrem plus 'érendre cornme elle¡
auroieot fa¡t s' il ne s' éroit pas livré
a
un partí: il pre–
ehoir,
íl
catéehiCoit , il s'lntriguoit ,
&
entin il n'aban–
donna Arillote en quelque chofe, que pour Cuivre Lu–
ther, qui lui étoit d'autam moins préférable qu'll atta–
quoit plus fonnel1emem la religion. Lurher répandit
que ques nuages Cur I'efprit de Mélanahon ,
a
I'oeca–
fion d' Arillote; car
iI
ne rougit pas apres les
le~ol1'
de Lurher, d'appeller Ariflote
un vain ¡.phi{fe:
mais
iI
Ce
réeoncilia bientÓt,
&
malgré les apologies qu'il
fit
du Centiment de Luther, il COntribua beaucoup a ré–
rabiir
la
Philofophie parmi les Proteflans. 11 s'apper–
~ut
que Luther coudamnoit plurÓt la Seholatlique quo
la Philofophie; ce n'étoit pas en elfer aux Phl1ofophes
que cet héréliarque avoit
a
faire, mais aux Théolo–
giCl1;;
&
il fau t ayoüer qu'i1 s'y étoit oiCl1 pris en com–
mell~allt
par rendre leurs armes odieufes
&
méprifabies _
M élaoahon dérelloit toures les autres rca cs des philo–
fophes , le feul Périparéti(ine lul paroilroit follrenable; il
rejettoir égalemem le Sro'icifine, le Seepticifme
&
l'Epi–
curéiCme.
1I
recommandoit
a
rout le monde la kélu–
re de Platon,
¡¡
cauCe de l'abondance qui s'y trouve .
a
.caufe de ce qu'il dit Cur la natllre de D ieu,
&
de
fa belle diélion: mais il préféroit Ariflote pOllr I'ordro
&
pour la mérhode. 11 écrivit la vie de Platon
&
cel–
I~
d'Ariflote;
00
pOllrra voir aifémenr ron fcmimem en
l~s
lifant: je erois qu'oo ne fera pas fil ché que je tran–
fcrive ici
q~~lques
traits tirés de Ces harangues, elle Cont
rares;
&
d
al!le~rs
on verra de quelle
fa~oo
s'exprimolt
cet homme h fameux,
&
dollt les difaours om fait
tam d'impreffion:
Cum .am,
dir·iI,
'{uam totiu Platl1
pr~dicat
m"hod"m, /10n ¡",pe adhibeat,
&
evo}:etu,.
ali'{uando lib.ril/J i" difp"lavdo,
'{,,~dam ~tiam
J'puri$
in1Jo':vat,
.ac
7Jo/{n.r . occultet,
den/que
eltm
raro pro–
n;""ret '{u¡d ji: ¡melmd,,:,,; affmelor adolt¡cmtibl" p._
tI;"
prQPo.n~"d:,m
eff. /1rifloed.m, '{ui artu, '{"al tra–
d.t, o;plreat mtegras,
&
meth.dum jimp/iciorem,fo u
fi!1t1/t
ad regmdum lellorem adhib.t,
&
'{uid jit foH.
.tlmdum p/.rllm'{u. pronrmtiat; hd!c in docentibus "'
re'flurantur mllltte
caltJ~
grave!
[ttpl:
ut enim fati,
dmtibus draCOHis
,j,
Cadmo foges exorta eft "rmatorum .
'fIti
inter fe ipji dimicar-unt; ita, ji '{lIis ¡erae ambi–
gt~aI
opinioneJ, e.xorillnturinde
'lJllri&e
ac
perniciof..~
aiJ!mJlones.
Et un peu apres, il dit qu'en fe fervant
de la méthodo d'Ariflote,
iI
efl facile de rtíduire ce qui
dans Platon leroit eXtremcment long . Ariflote, nou'
dit-il lIi1leurs , a d'autres avamages fur PlatoD
1
il nous
a donné l1n eours emier; ce qu' j( commence, il l'a–
aneve . 11 reprend les choCes d'all(!i haut qu'oo puiifc
aller,
&
vous meoe fort loin. A imoos, conclut-i1, Pla–
ton
&
Ariflote; le premier
¡\
caufe de Ce qu'j) dit fUf
la politique,
&
a
caufe de fon éléganae
1
le recoad
a
cauCe de fa ro éthode:
iI
faut pourtam les ¡¡re
tou~
les deux avee préeaution,
&
bien diflioguer ce qui el!
¡;oDtraire
a
la doétrine que naUi liforu
dani
rE
vangi.
l,.111
l't