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ARI
.iiroir, il étudioit une planete ponr ea1culer fes révo–
lutions. Ce qu'on dit de lui en prefqu'illeroyable. Apres
fa théologie il quieta l'Efpagne,
&
palfa dans les Pays–
Bas; il Y éronn3 tour le monde par fon Cavoir. Son
cCprit aétif s'oeenpoit toOjours,
&
toOjours de ehofes
nouvelIes; ear la nouveauté .avoit beaueoup de ehar–
mes pour lui . Son rare mérite le tit cntrer dans le
~onCeil
aulique; mais I'éclat de la cour ne I'ébloüit
pas. 11 aimoit l'élUde, non préciftiment pour s'avan–
cer, mais pour le plailir de Cavoir: auffi abandollna-t–
il
la eour;
il
Ce retira
a
Bruges,
&
tit bient6t apres
fes vreux dans l'ordre de C1teaux. 1I alla enCuito
a
Louvain,
001
iI
palfa mattre-es-arrs ,
&
en
1630
iI
Y
prit le bonnet de doél:eur. Les études ordinaires ne fuf–
tiCoient pas
a
un homme comme Caramuel; il apprit
les langucs orielltales,
&
Cur-tout eelle des Chinois;
fon dellr de Cavoir s'étendoit beaueoup plus que tout
ce qu'orl. peut apprendre; en un mot, iI avoit réColu
de devenir une eoeyclopédie vivante . 1I donna un ou–
vrage qui avoit pour tirce,
la 'I'hlologie dOlltertfe;
il Y
mit toutes les objeél:ions des athées
&
des impies. Ce
Jivre rendit Ca foi fuCpeél:e; iI alla aRome pour fe
junitier . 1I parla
ti
éloquemment,
&
tit paro?tre une
ti
vane éruditiol1 dev31lt le pape
&
tour le faeré eol–
Uge, que tout le monde en fut eomme interdit. /1 au–
COlt peut·
~tre
été honoré du chapeau de cardinal, s'iI
n'avoit pas parlé un peu trop librement des vices qui
régnoient 3 la eOur de Rome: on le tit pounant
év~que. Son delir immodéré de favoir tit tort
a
Con ju–
gement;
&
eomme Cur toutes les Seienees
iI
vouloit fe
frayer de nouvelles roures, il donna dans beaucoup de
tra~ers;
Con imagination forre I'¿garoit fouveot . /1 a
éem
Cur
toines forres de matieres;
&
ce qui arrive
ordlnairement, nous n'avons pas un Ceul bon ouvrage
de lui: que ne faiCoit·iI deuI petits volumes ,
&
fa ré–
putation auroit été plus alfurée!
La foeiélé des
J
éfu;:es s'en extremement dininguée
fur la Théologie feholanique; elle peut Ce vanter d'a–
'Voir ell les plus
g~
théologiens. N ous ne nous ar–
r eterons pas long - tems fur eux, paree que s'ils ont
eu de grands hommes,
iI
'j
en a parmi eux qni oor
éró oeeupés
a
les loüer. Ceue foeiété étend fes vaes
fu r tOut,
&
jamais
J
é!iJite de mérire n'a demeuré in–
connu .
VaCqués en un des plus fubtils qu'ils ayent jamais
~u ,
3 I'age de vingt-einq ans
iI
enfeigna la PhiloCophie
&
la Théologie.
li
fe tit admirer aRome
&
par-tont
ou il tit eonnottre la facilité de fon efprit; les grands
talens dont la natnre
l'~voit
doüé paroilfoient malgré
lui. Sa modenie naturelle
&
eelle de Con érat
n'emp~cherent point qu'on ne le reeonnut pour un gralld hom–
me : fa réputation étoit tel le, qu'i1 n'oCoit point fe nom–
mer) de pellr qu'on ne lui 'rendlt trop d'honneurs;
&
on ne eonnoiaoit jamais fon nom
&
Con mérite, que
par le frere qui I'aeeompagnoit par-tout.
Suare. a mérité 3 jlllle titre la réputation du plus
grand Ceholaflique qui ait jamais écrit. On trouve dans
fes ouvrages une grande pénétration, beaueonp de ju–
flelfe, un profond (avoir: quel dommage que ce génie
~it
été captivé par le fylleme adopté par la fociété! 11
:1
voulu en faire un, paree que Con eCprit ne demandoit
qU'3 eréer: mais ne pouvant s' éloigner du MoliniCme,
1l n'a fait pour ainli dire que donner un tour ingénieux
iI
l'ancien fyn eme .
Arriaga, plus enimé de fon tems qu'il ne méritoit
jle I'etre, fut Cueeeffivement profe{fem
&
chaneelier de
i'univerfité de Prague. 11 fut député trois fois vcrs Qr–
~ai.n
VIII.
&
lunoeent X. 11 avoit ph1t6t l'eCprit de
chleane
qu~
de métaphyfique;
00
ne trouve ehez lui
que des véulle.s , preCque tOutes difficiles paree qu'on ne
les entend pomt, peu de diffieulrés réelles. 11 a gltti
be~Ue(:lUp
de jeunes gens auxquels il a donné cet erprit
m ll1UtleUI: plufieurs perdent leur tems
a
le lite. On De
reut pas, dire ,de .Iui ce q!l'QIl dit de beaueoup d'ouvra–
ges, qu on n
JI
nen appns en les lifam ' vous apprenez
quelque ehoCe dans Arriaga, qui Ceroit 'capable de ren–
are gallehe l'eCprit le mieux fait,
&
qui parott avoir le
plus de Ju(telfe.
La Théologie Ceholallique en fi Iiée avee la Phi10-
fophie , qu'on ero!t d'ordinaire qu'elle a beaueoup con–
trióué aux progres de la Métaphylique: Cur-tout la bon–
De Moral,c a paru dans un nouveau jour . Nos livres
le
rl~s.
eommuns Cm la Morale,
v~lent
mieux que ceux
du dlVIll Platon;
&
Bayle a eu ralCon de reproeher aux
Protellans , de ce qu'ils bIamoient tam la Th¿ologie
fcho!anique. L'apologie de Dayle en f.vcur de la Théo–
logi~
feholanique
~
efI
le
!l1ei!le~
[(air qu'on puiJfe lan-
ARI
cer contre les h.!rétiques qui I'auaquent. Bayle, dim•
t-on, a parlé ailleurs cootte ceue mérhode ,
& il
a ri de
la
barbarie qui regne dalls les éeoles des Catholiques.
On fe trompe: il en permis de Ce moquer de la bar–
barie de certains feholaniques, Cans blftmer pour cela
la Seholanique en général . Je n'eaime poiO[ ·Arriaga ,
je oe le lirai pas;
&
Je lirai Suarel avce plaitir dans eer–
taios eodroits ,
&
avee fruit prcCque par-tout . On nc
doit pas faire retomber fur la méthode, ce qui ne doi!
íirre dit que de quelqucs partieuliers qui s'en Com Cervis .
Do Philo{opho
'11/;
ont [uivi la vlritable philofophi6
d'
/lrijfote .
00
a déJ3 vil le Péripatétifme avoir un ri-
val daos le PlatoniCme; il étoit mcme vrailfcmblable
que I'éeole de Platon groffiroit tous les jours des de–
ferteurs de celle d' Arinote, paree que les fencimens du
premier s'aeeordent beaueoup mieux avee le Chrifiia–
nifme. 11 Y avoit encare quelque choCe de plus cu Ca
faveur, c'e1i que preCque tous les Peres Cont Platorti–
ciens . Cene raifon n'en pas bonne nujourd'hui,
&
je
fai qu'ell PhiloCophie les Peres ne doivellt avoir aueuhe
autorité: mais dans un tems
001
I'on traitoit la Philo–
fophie camme la Théologie , e'en-a-dire dans un tems •
on toures les diCputes Ce vuidoiem par une autoriré, il
en eerrain que les Per'es auroieot du beaueoup influer
fur le ehoix qu'il y avoit 3 faire entre Platon
&
Ari–
note. Ce dernier prévalut pourram,
&
daos le fiec1e
001
D eCearres parut
011
avoit une
ti
grande vénération
pour les Centimens d'Arinare, que I'évidence
~e r~ute~
les raiCons de DeCeartes eurem beaueoup de peme a IUI
faire des
parriC.~ns.
Par la méthode qu'oo Cuiv?it alors,
iI étoit impoflible qu'on forrit de la barbane
i
00
ne
raifoonoit pas pom déeouvrir de nouvelles vómés,
00
Ce eontentoit de Cavoir ce qu' Arinote avoit penCé . On
reeherchoit le Cens de Ces livres auffi ferupuleuCement
que les Chrétiens eherehent
a
connoltre le Cens des
~er!tures. L es Catholiqucs ne furent pas les Ceuls qUl fUl–
virent Adnare,
il
eut bea.ueoup .de parrifaos parmi ,les
Protenans , malgré les dec1amauons de Luther ; e ell
qu'on aimoit mieux fuivre les Cemimens d'Arinotc, que
de n'cn avoir aueun . Si Luther, au líeu de Mc1amer
eontre Ariflote, avoit donné une bonne philofol,hie,
&
qu'il cut ouvert une nouvelle route,
eom.meDeCear–
tes il auroit réulli
~
faire abandonller Atlflore, paree
qn'~n
ne fauro;t détruire une opinion Cans lui en Cubni-
mer une autre : I'efprit ne veut rien perdre .
.
Pierre Pomponace fut un des plus célebres Pérrpa.
tétieiens du x
V le
liec1e; M alltoue étoit fa patrie. 11
éioir
ti
petit, qu'il tenoit plus du nain que d'un hotn–
me ordinaire. 11 tit Ces études
¡¡
Padoue;
Ces
progri¡s
dans la Philofophie furent fi grnnds, qu'en peu de Icms
il
fe trouva en état de l'enCeigner aux autres. 11 oU"
vrit done une eeole .ii Padoue; -il expliquoit aux jeu–
Des gens la véritable philoCophie d'Arinare,
&
la com–
paroir avec eelle d'Averroes. I1 s'aequit une grande
réputarion, qui lui devint
a
eharge par les ennemis qu'el–
le lui arrira . Aehillinus, profelfeur alors
¡,
Padouc, ne
put tenir contre tant d'éloges; Ca bile Cavante
&
or–
~ueil leufe
s'alluma: il auaqtla Pomponaee, mais en pé–
daot,
&:
eelui-ei lui répondit en homme poli. La
do~eeur de Con earaél:ere rangea tout le monde de fon par–
tí,
ear on ne marche pas volontiers Cous les drapeaux
d'un pédant: la viél:oire lui rena done ,
&
Aehillinus
n'en remporta que la honte d'avoir voulu étouffer de
grands talens dans leur nailfanee. 11 fau! _avoüer pour–
tam que quoique les écrits de Pomponaee fullen! élé–
gans, eu égard aux éerits d'Achillinus , ils Ce relfeo–
tent pounant de la barbarie on I'on éroit eneore.
La
guerre le
for~a
de quitter Padoue
&
de
Ce
retirer
¡¡
Bo–
logne. Comme il profelfoit préeiCément la meme do–
arine qu'Arinote,
&
que ce philoCophe parott s'éloi–
gner en quelques endroits de ce que la foi nous ap–
prend, il s'anira la haine des 'l.élés de COII tems. Tou'
les frélons froqués ehereherent
¡¡
le piquoter, dit un
auteur contemporain; mais il fe mit 3 I'abrí de leur ai–
guillon , en protenant qu'i! fe Coumenoit au jugement
ae .l'EgIiCe,
&
qu'i! n'enrerrtloit parler de la pniloCo–
phie' d'Arinare que eomme d'une ehoCe problématique.
Il
devint fort.riehe; les uns diCent par un triple maria–
ge qu'il tit,
&
les autres par fon Ceul favoir . 11 mou–
rut d'une rétention d'urine, agé de Coixante-trois aos.
Pomponaee fut un vrai Pyrrhonien,
&
on peut dire
qu'il n'eut d'aurre dieu qu'Atinare;
iI
rioit de tout ce
qu'i1 voyoit dans l'Evangile
&
dans les éerivains fa,
erés:
il
raehoir de répandre une certainc obCeuriré CUt
10 US
les dogmes de la religion ehrétienne . Selon lui,
I'homme n'en pas libre, ou D ieu ne eoono1t poinr les
• chofes fut1lfes,
&
D'eOtre en rien dans le cours des évOo>
~