56S
ARI
dont
il
étoit accufé; car le pape Glément VIII. le fit
fon premier Mcdeein,
&
lui douna une chaire de Me–
necine au collége de Sapienec : ce fut
¡a
qu'il tie con–
Jloiere tome fa f.1gacieé.
11
fe tie un grand nom par
les différ.eos ouvrages qu'il donna,
&
fur-toue par la
découverte de la circulaeion du. fong; car il paroít en
",ela .avoir prévenu Harvei . La jUl tiee demande que
nous rappon ions fur quoi I'on fe fonde pour difpmer
ii
H arvei la gloire de cene ·décou reree . Voici eomme
parle C:cfalpin:
Ideirc. pulmo per vmmn orteriiJ jimi–
lem ex dextro eordiJ v m triCfJlo fervidHm houriens fan–
g ll,iner;; ,
el1m,r¡~te
per anaf!omofim. art erilf! ve'!tJli red–
({oJS.
'1~tá!
in,
finif!rt~m
,co.rdn
'Ucntncu/¡tm
ten,dlt,
t ranJ–
mijJo li1tCTlm lure
frtgl do
pe,. afperc1!
arte'/~
caniJleJ,
!!óÚ
/lIxtll
(Irt~r!am
'llena/cm prot.endltntur, non
tarden
ofmlis eommf"'teantes,
lit
pflMvlt Calenus , fol. taélu
teYllperllt. ¡-luie fang niniJ circlllationi ex
dextro
,or–
d͡
'VentriueJo per pIlIY/lQ;'1a in finiftrJ!.m
ej ufdem 'l/en–
-triettlum, optime refp ondent
et.
t¡'U
in diffeélione IIP -
-parent : nam duo [/lnt
7.1aftl
in
d~xtrltm
vcntricltlum
definelltia,
duo
etiay/t
in jiniftrltm ; duorum
autem
It–
num rn:ro'mittit tant,}m, alterum eduert, membranj¡
e. ingenio c'1'If1it"tis.
J e JaifTe aux Medecins • jugor
11
ces paroles ne prou vent pas que Grefalpin a connu
la
circulaeion du fang. La philofophie efl ce qui nous
i neérefIe le plus daos la perronne de Cref.1Ipin; puiCq ue
c'efl ici de la philofophie feulemem qu'il s'agie.
lJ
s'é–
toir propofé de fuivre Ariflote • la rigueur; aucun com–
mentateur o'éeoie une amorieé fuflirante pour lui . H eu–
reux s'il avoie pft feco üer cclle
d'
Ariflote m e mc ! mais
il étoie donné
i
la France de produire ce génie, qui
devoie tirer d'efcllvage tous les efpries du monde. L orf–
qu'il trouvoit quelque
chof~ d~!lS
Arillote qui lui pa–
roi(Join eontraire aux dogmes de la religion Chrétien ne ,
cela ne I'.rretoie point: il pourfuivoie toujours fon che–
m in,
&
lai/Toit au x Théologielis
:l
fe eirer de ce mau–
vais
pa~.
lJ
parolt meme qll'il a prévenu Spinofa dans
plulieurs de fes príncipes im pies ; c'eCI ce qu'on peue .oir
dans Ces queflions péripatérkiennes fur les prem iers prin–
c ipes de la PhiloCophie naeurelle . N on-feulemem il a
fui vi les impiérés d' A riflore; mais on peut dire de plus
qu'il a beaucoup encheri fur ce philoCoJ1he. Voil' pour–
quo; plulleurs perfonnes diflinguées dans leur /iecle par
leur mériee, l'om accufé d'arhéiCme. Nous allons dire
en peu de mots ce qui doit elre repris dans C :cfalpin .
·11
fam auparavam
Ce
rappcller ce que IlOUS avons dir
fur le fytleme de la ph)"fiologic d'Ariflote; car fans ce–
la il feroir diffieile de nous fuivrc. Pour m ieux faire
avaler le poifon , iJ prenoir un palTage
d'
Ariflore,
&
J'ineerprétoir
iJ
fa
fa~on
, lui faifam dire ce <]u'il vou–
loir ; de Cone qu'il pdroir fouvent
a
ce phiJofophe ce
qu'i1 n'avoir jamais penfé. On ne peue lire fans horreur
ce qu'iJ die de D ieu
&
de I'ame humaine; car
iJ
a
furpaCsé en cela les impiéeés
&
les folies d'Averroes .
Seloll
Ca:f.~lpin
il n'y
a
qu'u ne ame dans le monde ,
qui anime toUS les eorps
&
D ieu m ':me ;
iJ
paroie m e–
m e qu'il n'admeeeoir qu' une feule rubflan<:e: cene ame ,
(el ol1 lui, ell le Dieu que nous adorons;
&
fi on lui
demande ce qu e font les hommcs , il vous dim qu'ils
cnrrenr dans la compoorion de ceete ame. Comme D ieu
ell un
&
fi"lnpl e ( car
tour
cela fe crouve réuni daos
cetee doéhine)
iI
ne fe comprend que
lui-m~me;
il
n'a aucune relation avec les chofes <!xeérieures,
&
par
conféqucnr poine de Provideoce. Voilil les fruies de la
philofophie d' Arilloee, eo partie, il ell vrai, mal en–
tendue,
&
en parrie non corrigée. C ar A rilloee ayam
enCeigné que rouees chofes partoient de la maeiere, C re–
fillpin ,In conclur qu'il n'y avoir qu'une fu bllaoce fpi–
rimel le. Er co mme il voyoir qu'i l y avoie plufieurs corps
animés , il prérendie que c'étoie uoe partie de cene a–
m e qui aoimoir chaque corps el1 particulier.
11
fe fer–
' ·oir de cer axiome d'A riflote ,
1t1.d in fe Qptimum , id
Ieipfllm intelligere,
pour nier
fa
providence . D ans la
ph)'fique il en encore rempli d'erreurs . Selon lui, il
n'y ·a aucune difrérence Cntre la modificaeion
&
la fu b–
{lance:
&
ce qu'il .y
a
de fingulier, il veur qu'on dé–
fíni/Te la l!laeiere
&
les di!lcrens corps , par les dittcrens
accideos
&
les qualieés qui les affeél:ellL
11
ell fans dou–
te dans tour cela plein de cootradiél:ions : mais on ne
fauroir lui refuter d'avoir défendu quelques-uoes
de
fes
propofirio¡l"s avec beauco,up de Cubeiliré
&
fon iogéoicu–
femem. (9n ne fauroir erop déplorer qu'ull rel génie
fe foie oecupé rouee fa
vi~
ii
des cho fes
fi
inuti les. S'il
avoie enerevu le vrai, quels progres n'auroit· il poim.·
fair? P rcfquc rous les f"v ans , comme j'ai déja remar–
qué, repro<;benr le SpinoGfme a C:cf.1Ipin.
11
fau e pour–
lanr avoücr qu'jl.
y
a
quelquc diffórencc e/TemieJle en-
ARI
Ire lui
&
ce célebre impie . L a fubliance unique d3lJS
les princip:s
~e
Crefulpin , ue regardoit que l' ame;
&
dans les pnnclpes de Spioofa elle comprend auffi la
mn–
eiere: f!1ais qu'importe ? .I'opinion de C",f.'llpin ne délruit
pas molOS la
ll~rure
de Dleu, que eelle dc Spioofa . Selon
Ca:f.~lpin
,Dieu cll la fubflance du monde c'et1 lui qui
le conlllme,
&
il n'efl pas dans le mond;. Quelle ab–
furdieé
I
il confidéroil D ieu par rappon au monde com–
me une poule qui couve des <.eufs.
11
n'y a
p~s
plus
d'aél:ion du e/Iré de Dieu pour faire alJer le monde,
qu'il y en a du córé de cerre poule pour faire éclor–
re ces reufs: comme
iJ
dl
impoffibl e, die-iI ailleurs
qu'uoe puilTauce foie fans fUJer, :mili efl-iI
impoffibl~
de erouver un efprit fans corps. II efl rempli de pa–
reilles abfurdités qu' il [eroir fuperflu de rappener.
Crémonin fue un impie daos le gOUI de C:cfalpin
leur impiéeé
~roie
formée fur le m éme modele ,
c'eCl~
a-dire fur AriClo eé . Ces efpeces de philofophes ne pou–
voient pas s'imaginer qu'il fUe poffible qu' Arilloee fe
fUe erompé eo quelque chofe ;
tOur
ce que ce philofo–
phe leur mal tre avoie prononcé leur paroi/Toie irréfra–
gable: voil' pourquoi tous ceux qui faifoiem profellion
de le fuivre • la rigueur, nioient I'immortalité de I'a–
nie
&
la Prov idence ; ils ne croyoiem pas devoir pro–
fíeer des lumieres que la Religion chréeieDne avoie ré–
paodues fur ces deux poines. Ariflote ne I'avoit poiot
penfé; pouvoit-on m ieux penfer apres lui? S 'ils avuiellt
un pcu retléchi fur Icm eÓllduiee, ils fe feroietH apper–
~lls
qu'Arillote n 'éloie poim leur maiere, mais leur dicu;
car il n'eCl pas d'un homme de découvrir toue ce qu'
on peut Cavoir ,
&
de oe fe rromper jamais. Avec une
eeJle v¿nérae;on pour Arillote, on doie s'imaginer aifé–
mene a'vec quelle fureur ils dévoroiellt fes ouvrages .
Crémp nin a éré un de ceux qui les om le m ieux en–
eendus.
I1
fe fir uoe grande répurarion qui lui au ira
I'am itié
&
I'e"{lime
des
princes ;
&
voil. ce que je ne
.co mprens. pas: car cetre elpece de philofophie n'avoir
rien d'atrrayant. J e ne ferois pas furpris fi les philota–
phes de ce eems-I a avoicnr élé mus renvoyées dans Icur
école; car je Ceus qu'ils de"oielll cere fort ennnyeux:
mais qu'auJourd'hui ce qu'o n appelle
un
~rand
phi/ofo–
¡he
ne foir pas bien accueilli chez les rOIS, qu'lis n'etl
fa/Tene pas leurs amis , voi!:] ce qui me furprend ; car
qui die un grand philofophe aujourd'hui, die un homme
rempli d'une infioité ·de connoi/Tances utiles
&
agréa–
bfes, un homme qui eCl rempli de grandes vlles. O tl
nous dira que ces philofophes n'enten.dent rien a la po–
Jiriqlje: ne faie-on poinr que le crain des affaires efl une
eCpece de roueine,
&:
qu'il faUI néce/Tairemelll
'j
etre
enrré pour les entendre
?
M ais croir-on ·qll'un homme
qui par fes ouvrages ell reconnu pO,ur avoir un génie
valle
&
érendu, pour avoir une pénétration furprenan–
te , croit-on, dis-je, qu'un rel homme De !eroir pas Ull
grand I1
?inill.refi on I'employoir? Un gralld cfprie efl
toftJours aél:lf
&
fe pone touJours vers quelque objee;
il feroit done quelq·u"e chofe; nous verrions certains fy–
Ilemes redre/Tés, certaines conmmes abolies , parce qu'
eJles fo nt mauvaifes; 0 0 verroie de nouveJles idées é–
clorre
&
rendre meilleme la condieion des cieoyens; la
fociété en un mor fe perfeél:ionneroie, comme la Phi-
10Co phie fe perfeél:ionoe tous les jours . D ans cerrains
états on ell aujourd'hui , eu égard 3U Cylleme du bien
général .
de
la fociéré, comme étoiene ces philoCophes
dont je parle , par rappon aux idées d' Arilloee;
iJ
fau r
erpérer que la nature donnera
a
la fociéeé ce qu'clle
a
déja donné
¡¡
la Philofophie ; la fociété aura {u n De–
fcanes qu¡ renverfera une infiniré de préjugé ,
&
fera
rire nos demiers neveux de rouees les foeifes que nous
avons adopeées. Pour revenir
¡¡
,Crémonin, le fond de
fo o fyfl cme efl le m eme que celui de Ca:falpin. T ous
ces phil ofophes fenro jeO[
le~r
impiéeé, paree qu'il ne
fam avoir que des 'jeux pour vQir que ce qu'ils Co u–
renoicm
ell
comraire aux dogmes du ChriflianiCine:
m ais ils cro'joienr reodre un hommage fu ffifam
a
la re–
ligion, el1 lui donnanr la foi ,
&
réCervant la raiCclll
pour Arillole, partage tres-defa"amogeux : commen e ne
fcnroicnr-ils poine que ce gui ell contraire
a
la raifon,
ce que la rairon prou"e faux, oe fauroie etre vrai dans
la religion? L a vériré efl la m c?me dans D ieu que dans
les hommcs; c'ell la
m~me
fource. J e ne luis plus
furpris qu'i1s ne reoconrra/Tem pas la vériré ; ils ne
f.~voien t ce que c' étoit : manquanr par les prem iers prin–
cipes ,
iI
¿toie bien diffi cile qu'ils forti/Tcm de
1
'erreur
qui les l'ilbJugoir.
L es philofophes done j'ai parlé jufqu'ici fom fortis
du
fein de l'églire R omaine :
iJ
y en a eu beaucoup
d'aurres, faus douee: mais nom
~vons
cru devoir nous
ar-