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566

ARI

fource des prophltie!; mais il s'accomlllode

a

I~

di(–

porition de celui qu'il infpire,

&

a

I'arrangement des

corps céleOes; or ¡'ordre des cieux varie perpéruel–

lemen! ,

La fanté rendue

a

un 'malade miraculeufement, vient

de I'imallination du ,malade

~

c,'eO pourq,uoi fi ,des os

répurés ctre d'un famr, 6rOlent cenI d un chlen

1

le

malade n'en feroi! pas Q'loins guériJ il arrive

mcm~

fouvent que les rel iques qui operent le plus de prodi–

ges, ne font que les triOes débris d'un humme dom

I'ame brule en enfer, La guérifoll vient aum qllelque–

fois d'une difpofirion parriculiere du malade ,

Les prieres faires avec ardeur pour demander la pluie,

cm eu fouven! leur eltet, par

I~ forc~

de I'imaginarion

de ceUlr qui la dcmandoient; car les venrs

&

les élé–

m ens om une cerraine

allalo~ie,

une

c~rtaine

Cympa–

thie avec un tel degré d'imagmarion ,

&

ils lui obéif–

fen!. Voila pourquoi les prieres

n'operen~

poin¡ qu'eJ–

les ne partent du fOlld du cceur,

&

qu'elles ne ((¡ien¡

ferventes ,

Suivant ce fentiment,

iI

n'eO pas incroyable qu'un

homme né fous une telle conOellatiol1 , puilT'e comman–

,der

:IUI

vents

qc

a la mer,

chaa~r

les qémons,

&

opé–

rer en un mot

toute~

forres de prodiges ,

Nier que Dieu

&

les efprirs foient caufe de tous les

maux phyliques qui arrivent, c'eO renverfq I'ordre qui

confiOe dans la diverfité,

.

Comme Dieu ni les corps c"leOes t)e

p~uven!

forcer

la volonré :i fe porrer vers un objet; aum ne peuvem–

i1s pas

~rre

la caufe du mal moral,

Cerraines difpofitiolls des corps inAuen! pourrant fur

le mal moral; mais alors il celT'e d'etre mal moral,

&

deviem vice de narure ,

Les AOrologues difen! tuujours des chofes confor–

mes

a

la raifon

&

au bon fens; I'homme par la force

de ce qu'il renferme, peur

~rre

chc,ogé en loup, en

pOllrceau, prendre en un mor roures forres de formes,

Tout ce qlli commence doit avoir une fin; il n'eO

donc pas furprenant que les oracles ayen! ceOé,

L'ancienne loi, fel on I'ordre, demandoit des oraeles:

la nouvelle n'en veut poinr, paree que c'ea un autre

arraagemem; il falloir faire conrraéter d'autres habitu–

des ,

Cornm~

iI

eO forr diffieile de quiner une aneienne

habirud~

pour en prendre une llouvelle,

il

s'enfuit que

les m iraeles étoienr nécelT'aires pour faire adopter la nou–

yelle loi,

&

abandonner I'aneicnnc,

L orfque I'ordre des cieux eommencera

3

changer,

'tour ehaligera ici, bas ; nous voyons que les mlracles fu–

~el1!

d'abord foihles,

&

la rel igion aufTi ; les miraclc:i

<levinrenr plus furprenalls,

la

religion s'acerut; les mi–

raclcs om ceOe, la reljgioll dimilluc ; tel

di

I'ordre des

-aieux;

il

v~rie

&

il variera fi forr, que cerre religion

-celTera de convenir aux hommes,

MoyCe

a

fair des miracles, les payens aufTi , avec cux

1YIahomer

& ]

eCus-Chrill, Cela ell nécelTaire. parce

<Ju'il ne fauroit y avoir de changement confidérable dans

le

monde, fans le fecours des miracles.

La nature du miraclc ne coaliOe pas en ce qu'il eO

bors <le

I~

fphere des chofes ordinaires, mais eh ce que

c'~O

un elfer rare , dOll! on ne connolr pas la caufe,

quoiqu'elle fe rrouve réclle\nenr dans la nature,

Voil:i I'impiété de Pomponace dans Con entier; il

croit I'adoucir, en diCanr que ]efus-ChriO doit erre pré–

¡,ré

¡¡

Ariflote

&

a

Platon, " Et quoique, dit-il, rous

.. les miracles qui font arrivés puilT'ent s'expliquer lIa–

" rurellement, il fnur pourrant croire qu'ils ont éré

., fairs furnaturellemem en faveur de la religiol1, paree

", que l'Eglife veur qu'on le croye",

11

avoit pour ma–

);Ime de parlcr COI)1tT)e le vulgaire,

&

de penfer com–

I1)e un phjloCophe; c'en-a-dire , qu'il étoit chrétien de

h ouche,

&

impie

dan~

ll!

c~ur,

" Je parle, dir-il en

" un endroir, pour des philoCophes qui fOn! les feuls

"

~ommes

qui foiem fur la terre; car pour les nutres,

" Je les, regaroe , comme de fimples ligures propres

a

;, remphr les vUldes qut fe trouvent dans I'univers ,

Qu'eO-il befoin de réfurer ce qu'on vienr de líre

~

't;e

fuffir-il poinr de I'avoir mis fous les yeux?

Pomp~na­

cl! eut plufieurs difciples, parmi lefquels fe trouve Her–

cu~e

de

Gon¡.agu~,

qui fut

cardi~al

dans la fuite,

&

G,ut eut ram d'el1lme pour fon mame, qu'il le lit in–

humer dans le tombeau de feS aneerres,

11

parolr par

une leme de ] ules Scalígcr, qu'il a éré difciple de Pom–

ponace ,

AuguOin Nillhus fut l'adverCaire le plus redourable

de Pomponaee; ce

fUI

un des plus célebres Péripaté-

1i¡;ieus de fOil fiecle, II

n~quit

d)lOS

la

~~Iabre,

quoi-

ARI

~ue plutl~ur!

l'ayent cru SuilT'e, 1I ell vrai que Niphut,

lui-meme donne occafion a cene erreur; car il fe di–

foit SuilT'e, parce qu'il avoit vécu long-tems dans ce

pays-Ia,

&

qu'il s'y étoit marié , -Son pere fe remaria

apres avoir, {'erdu la ¡nere de N iphus; fa mar5tre élO!t

crutlle

&

IOJI!Oe; elle poulT'a Ca haine

Ij

lojn, qlle NI–

phus, quoique f'on jeune, fut obligé d'abandonner I:¡

¡naifon de fon pere ,

11

s'enfl~it

:i N aples , ou il cut le

ponheur de rencontrer un SUllT'e

i

qui

il

plut: il le re–

garda comme un de fes cnfans ,

&

lui donna la me–

me éducarion, On I'envoya faire fes érudes :\ Padoue

¡

iI Y

érudia la Phjlofophie des Péripatériciens,

&

s'adon–

na

a

la Medecinc , Selon la coutume de ce rems-hl

dans I'ltalie, ceu! qui n'ernbralT'oicnr pas I'étar cecJéfia–

Oique, joignoienr I'étude de la Medeeine

iI

I'étude de

la)'hilofopnie; e'eO pourquoi N iphus

fU!

dans fon fie–

eJe aufTi bon medecin que célebre phllofophe,

11

avoit

eu pour maltre un Péripatédeien forr arraché aux opi–

nions d' Averroes, fur-tuut :\ cclle de l'exiOenee

d'un~

feule ame; il avoit apporré tant d'argumens pour prou–

ver ce feorimenr, que le peuple

&

les perits

philolophe~

I'adoprerenr :lvec lui; de forre que cerre opinion fe ré–

pandit dans route I'ltalie,

II

avoir encore enehéri fur

A

verro~s;

il foutenoit entr' autres chofes, qu' il n'

l'

avoir q'autres fubOances immatérielles que celles ql1i

faifoicnr mouvoir les fpheres céleOes, N iphus u'exami–

na poin¡ dans la fuire fi ce que fon mn1rre lui avoit ap–

pris étoit bien fondé; il ne chereha que les moyens

le~

plus propres .\ bien Mfendre les opinions de ce malrre_

11

écrivit dans ce delT'ein fon livre de I'enrendcmenr

&

des démons, Cer ouvrage lit beaucoup de bruir ; lelO

moines fe récrierenr hauremenr fur les erreurs qu'il con–

tenoir ; ils exciterent cOlme lui une fi violente tempe–

rc, qu'il eut routes les peines du monde

¡¡

ne pas fai–

re naufrage,

ela le rendir plus fage

&

plus prudent

<lans la fuite,

11

cnCeigna la Philo[ophie dam les

plu~

célebres académies de l'lml ie,

&

ou Aehillinus

&

Po

m–

ponace éroienr en grande réputation; comme

~

Pife.

Bologae, Salerne, Padoue,

&

enlio a Rome, dans lo

collége

d~

la Sapience, Niphus nous alTOre que la vil–

le de Bologne

&

celle de Venife lui avoieor olfen mil–

le écus d'or par an pour profelT'er la Philofophie

dao~

leur viIIe , La m,aifon de Medicis le protégea beaucoup,

&

en parriculier L éoa

X,

qui le combla de biens

&

d'honneurs, JI lui ordonna de réfutcr le livre de Pom–

pOI1Ree fur l'imn:JOrtalité de I'ame

&

de lui prouver

que I'immorrali¡é de I'amc n'éroir pas comraire aUle

fenrimeus d'Arinore; ce que PO!1lpollace prérendoit_

C'eO ainfi que la barbarie, du Jieele rendoit mauvai–

fes les meilleures caufes, Par la

f~«on

ridicule de ré–

futer Pomponace, ce philofophe fe trouvoit avoir rai–

fon; car il en eerrain qu' Arinore ne croyoir pas I'im–

morralité de I'arne, Si N iphus s'éroit atraehé

a

prou–

ver

que I'ame étoir immorrelle,

iI

auroit fair voir quo

Pompollace avoir ron, avec AriOote, fou malrre

&

fon guide, N iphus eur beaucoup d'ád verfaires, paree que

Pomponace avoit beaucoup de difciples , Tous ces écrits

COIHre lui

n'emp~cherenr

pas qu'il ne fUt fort agréable

:i Charles V,

&

mcme aux femmes de fa cour; car

ce philofophe, quoiqu'alTe'l. laid, favoir pourranr fi bieD

dépouiller la rudelT'e philofophique,

&

prendre les

~irs

de la cour, qu'il éroit regardé comme un des hom–

mes les plus aimables,

I1

contoit agréablement,

&

avoic

une imagination qui le fervoit bien dans la converfa–

tiOll , Sa voix étoit fonore; il aimoit les femmes,

&

bcaucoup plus qu'il ne convenoir a un philoCophe; ir

poulT'a quelquefois les aventures fi lain, qu'il s'en

fit

méprirer,

&

rifqua quelque chofe de plus, Bayle, eOlD–

me on fem bien, s'étend beaucoup fur

~et articl~;

il

le fuit dans roures fes aveutures, ou nous croyons de–

voir le lailT'er, N ous De faurions trop nous élever con:

[re fes mceurs,

&

contre fa fureur de railler indiOin–

étcmem rout le monde, fur que Ique mariere que ce fUt ,

II

Y

a beaucoup de Iraits obfccnes dans fes ouvrages,

Le public fe vellge ordill3irement ;

iI Y

3 fort peu de

perfonnes fur qui on falT'e des comes aum plaifans que

[ur Nipl!us , Dans cerraios écrits on lit qu'il devint fou;

mais nous ne devotls pas faire plus de cas de ces hi–

Oorienes que des fiennes , On peut alTurer feulement

que c'étoir un homme de beaucoup d'efprit; on le voie

airément dans fes ouvrages,

II

a fait des commclltaireS'

[ur prefque tous les livres d'AriOore ql1j regardent la

Philofophie; c'eO meme ce qu'il

a

fair de mieux; ear

ce qu'il a écrir fur la Mprale n'en pas,

a

bcaocoup

pres"

{j

bon: Son

~rand défa~r

étoit la

~iffufion;

lors–

qu'

¡J

a

une Idée ,

iI

n~

la qume pas

qU'11

ne

vQus, l'air

préfeQ~ée

de

!oute~

les

fa~oDs. '

'

Par-