,
,
la di(lance les uos des nutres de
180
degrés, ou de la
moitié. de ce
m~ridien,
font
antipodes ,
c'e(l-a-dire ont
les piés diamétralement oppo és ,
Les
af1úpodu
foufteem a-peu-pres le méme degré de
cbaud
&
<le froid; ils om les jours
&
les nuits égn–
lement longs, mais en des tems opposés, 11 di midi
pour les uns, quand
iI
e(l minuir pour .les autres ;
&
lorfque c'eux-ci ont le jour le plus long, les autres om
le jour le plus court.
Voye..
CH
A LE
U
R,
J
O U R,
N U IT,
& c,
N ous difons que les
antipodu
foufITent ¡'-peu-pres,
&
non exaaemcnt, le meme degré de chaud
&
de froid ,
Car
1",
il y a bien des circonflances par¡iculieres qui-peu–
vent lTiodifier l'aaion de la chaleur Colaire,
'&
qui font
fOtl vent que des peuples fitués fous le méme cl imat, ne
joüilfent pourtant pas de la- meme température , Ces cir–
con(lances font en
~enéf!\l
la pofition des montagnes ,
le voifinage ou I'élolgnement de la mer, les vcnts ,
&c,
2' ,
Le foleil n'eft pas durant toute l'année
a
la meme
di(lance de la terre;
íI
en eft fent1blemem plus
éloi~né
:lU
mois de
J
uin, qu'au mois de Janvier: d'ou il s en–
fuit que, toutes choCes d'ailleurs égales , nor;re été en
France doit etre moins chaud que celui de nos
antipo–
¿es ,
&
notre hyver moins froid, Aufli trouvé·t-on de
la
glace dans les mcrs de I'hémifphere méridional
a
une
di(lance beaucoup moindre de l'équateur, que dans l'hé–
m ifphere fcptenrrional,
L'horiCon d'un lieu
étant
éloigné du 7.énith de ce Jieu
de 90 degrés , il
~'cnCuit
que les
an¡ipodes
ont le m2-
me horiCon .
V o)'e..
H
o
R I S
o
N..
11. s'enfuit cllcore qué quand le foleil fe len pour les
uns , iI fe couche pour les autres,
V oyez
L
E
v
E R
&
C OU CHER ,
Platon palIe pour avoir imaginé le premier la poili,
bil i,é des
antipodeJ ,
&
pout elre I'inventeur de ce nom ,
C omme ce pllilofophe concevoir la terre Cphérique, il
n 'qvoit plus qu'un pas
a
faire pour conelure l'exillence
des
antipodu, V oyez
TER RE,
La prapart des anciens ont traité cetre opinion avec
IIn fouverain mépris ; n'ayam jamais pll parvenir
:1
con–
cevoir comment les hommes
&
les arbrcs fub(iftoient
fufpendus en l'air les piés en haut'; en un mot , tels qu'ils
paroilfem devoir etre dans l'autre hémifphere ,
lIs n'ont pas faie réflexion que ces termes
en-hallt,
en-ha!,
font des termes purement relatifs, qui fignifi enr
feulement
plus loin
ou
pltl! prts
du centre de la ter–
re, centre commun ou tendent [ous les corps
per.~ns ;
&
qu'ainfi nos
an¡¡podo
n'om pas plus que nous la tc–
te en-bas
&
les piés en-haut , puifqu'ils Ont comme nous
les piés plus prcs du centre de la terre,
&
la tcte plus
l oill de ce meme centre, Avoir la tcte en-bas
&
les
p iés en-haut, c'dl avoir le corp pincé de nianiere que
la
direétion de la pefanteur fe ralT'e des piés vers la tc–
te ; or c'e(l <¡e qui n'a point lieu dans les
antipodes ;
car ils fQnt pouffés comme nous verS le centre de la
terre , Cuivam une direaion qui va de la tete aux piés ,
, Si nous en croyons A ventinus, Boniface archeveque
de M ayence
&
1
égat du , pape Z acharie , dans le hui–
tieme ficele , déclara hérétique un éveque de ce tems ,
nommé
Virgile ,
pour avoir ofé foütenir qu'iI y avoit
des
""'tipodes
,
C ommc quelques perfonnes' employoienr ce fa it, quoi–
que mal-ii-propos, pour prouver que l'EgliCe n'étoit pas
infaillible , un anonyme a crll pou voir le révoquer en
doute dans les
Mlmoires de T rlVOllx ,
,
Le
Ceul
monument, dir I'auteur allonyme , fur lequel
ce fait foit appuyé , ainfi que la tradition qui nous I'a
t ranfmis, cft une lettre du pape Z acharie
a
Bonifacc :
" S'j¡ en prouvé, lui die le Couverain pomife , dans cet–
" te lettre , que Virgile fOlltiem qu'i1
y
a un autre mon–
" de
&
d'autres hommes Cous cetre terre , un autre
Co–
" leí!,
&
une autre lune ; alfemblez un concile ; con–
" damoez-Ie ; chalT'e7.-le de l'Egtife, apres l'avoir dé–
,,' pouill é /le la
pr~triCe ,
&e ,
" L'auteur que nous ve–
Jlons de citer , prétend que cet ordre de Zacharie de–
¡ncura fans effet, que Boniface
&
Virgilc vécureot dans
la'
fuite en bonne intelligenee,
&
que Virgile fut me–
me canoniCé par le pape ,
Mlmoirts de Trl vollx
,
Janv.
1708,
L'anonyme va plus loin:
iI
folltiene que, quand ml:–
me cette hirloire feroit vraie , on ne pourroit enc ore ae–
cuC~r
le pape d':!voir agi contre la vérité
&
contre la
J~rllce ;
car , dir-il , les ootions qu'on avoit alors des
an–
flpodes
étoiem bien différentes des ntmes , " L es dé–
" monrlratioos des Marhématicieos donnerem tieu aux
cODjeétures ,des Philofophes : ceux-ci arr:ü roient que la
" mer formoa autour de la terre deux grands cercles
Ton..
1,
ANT
" qui la diviroient en quatre parties; que la va(le éteu–
" due de l'Océan,
&
les chaleurs exceffi ves de la
20- '
" ne torride
emp~choient
toute communication entre ces
" parties; enforte qu'il n'cítoit pas poffi ble que les hom–
" mes qlli les habitoient, fulT'ent de la meme efpece
&
provinlT'em de la méme tige que nous, Voila, dit
" cet auteur, ce que l'on entendoit alors par
nntipo–
)l
de¡
".
Ainfi parle l'anonyme , pour jurlificr le pape 2;ac!J:t–
ríe : mais toutes ces raiCons ne paroi(fent pas fon con–
cllIantes . Car la lettre du pape Z ac1)aric pon e , felon
l ~anonyme
meme, ces moes:
S'jl elf proltv l '1"e Vir–
gile f o¡¡timt '1"'il
y
a
SI1l
"lttre monde
&
d'
A
U T R E S
H
O M M E S S O U S
<ctte t erre , condamnet.-Ie .
L e pape
ne reconnoilT'oit donc point
d'antipodeJ,,&
regardoit eom–
me une' hérél;e d'en foatenir l'exi(lcnce, 11 e(l vrai qll'j(
ajollte ces mots ,
'" n
" ftt re fo l';l , un< tlutre "l1Ie ,
M ais
l · ,
quelqu'uu qui C011tiem I'exi(lence des
anufodes ,
peut
tres-bien folltenir qu'il ont UD autre Coleil
&
une au–
tre lune que nous; comrne nous difolls tOUS les .I0urs ,
Que le foleil d'Ethiopie n'o(l pas
le
Olé
me que eelui de
France, c'efl-a-dire que I'aai?n du la leil eft dlfléren–
te
&
agit en difrérens tems (ur ces deux pays ; que la
lu~e
de Mars
&
celle de Septembrc fom différentes ,
&e,
Ainfi ces mots
un alltl·e fo/eil, une altere IHne ,
pouvoient bien ,
&
Celon Vi!gil.e ,
&
dans, la lcure du
pape meme, avoir un fens tres-limpie
&
treS-v~al ,
Ces
mots ,
tln
alltre f oleil f ous nolre terre,
ne
figl1lfiel~t
pas
plus
dmx fo lúls ,
que ces mots ,
un "" tre monde ,fOIU
nolre terre,
ne fignifient une
A U TR I! T ER R E S O U·S
NOTR E TERRE ,
E nfi n
iI
eft plus que vrailT'emblable que c' étoit-lií en
elfet le fens de Virgile, puifqu'en admertant la ' terre
fphérique
&
I'exirtencc des
antipodcs,
e'e(l une conCé–
quence
nécerr.~ire
qu'ils ayent le meme foleil que nous ,
leque] les éclaire pend2nt oos nuits , A uffi l'anony me
fupprirnant dans la (uile de Ca dilfertatioo ces mots
f ous
notre terre ,
qu'il avoit pourtam rapportés
d'abor~ ,
pré–
tend que le pape n'a pasomé les
ant'podes ,
mals feu–
lemelll qu'il y eut d'
autres hommes , lIn flulre fo lerl,
Ime nutre
lilac ,
2.' ,
Quand méme Virgile auroir
Coll–
teau I'exi(lence rée lle d'un autre foleil
&
d'une autre
lune pour les
anti¡odes,
il n'y auroit eu en cela qu'une
errcur phyóque, a la vérité alfe. grorIiere , mais qui
ne mérite pas ce me Cemble, le nom d'
hlrljie ;
&
en
cas que le pape eat voulu la
qualifi~r
telle , il ,devoie
encore di(linguer ccue prétendue hérélie de la vénté que
foulenoie Virgile fur l'exirlence des
antipodcs ;
&
ne
pas meler toUl enfemble dans
la
meme phra!e , ces mots ,
d'autrcs hommeJ
JOII1
natre tcrre , fin autre [olel l ,
&
1ItlC
alttre lutlc .
.
A I'égard de I'opinion &énérale OU I'apologiíle ano–
nymc prétend que I'on éeOlt alors Cur les
""" podes ,
que
conelure de-la , finon que le pape éroit comme rous les
autres dans I'erreur fur ce fUJ er, mai qu'il n'en étoit
pas plus eo droit de prcndre pour artic1e de fQi une
0 -
pinion populaire
&
faulT'e ,
&
de vouloir faire condam–
ner Virgile comme hérétique , pour avoir folltenu la
vériré comraire ,
,
Enri n la bonne intelligence vraie OU prételldue , dans
laquelle Boniface
&
Virgile vécurcnt depuis , ne ,preuve
point que le pape Zacharie ne Ce foil pas trompé , en
voulant faire condamner Virgile fur les
aneipodes ,
Si
V
irgile fe retraéta, c'eft pcut-etre tam pis pour lui ,
D ans toutes ces diCcuilions, Je fuppore les faits en–
aement,tels. que I'anonyme les raconte; je n'ignore point
que I'opinion la plus généralemelll
re~ue
e(l que
Le
pa–
pe condamna en eftct Virgile pour avoir folllenu l'exi–
(Jence des
am ipodes;
&
peut-etre cetre opinion eft-eHe
la plus vraie : mais la que(lion dont il s'agit , e(l trop
peu importante pour
~tte
examinée du c6 té du f)¡i t ,
J e dois aven ir au rdle que Celon plufieurs aureurs ,
ce Virgile n'.éroit que pretrc, au moins dans le tems
de cette affaire,
&
qu'il n'a été évcque de Saltzbourg
que depuis . que fe Ion d'autres enfiu , il n'a jama,s été
évcque; querlion tres-peu importante daos le cas dont
il s'agit,
,
Je Cuis fon étouné que I'anonyme n'ait pas pris
'\I1l
pani bcaucoup plus coun
&
plus Cage: c'éroit de paC–
rer condamnation fur l'anic1e du pape Z acharie ,
&
d:a–
Jollter que cette erreur phyfiquc du pape ne prouve nen
contre I'infal libilité de l'EgliCc, N ous foütenons le mou–
vellient de la terre , quolquc les tivres faims
ielllblen~
atrr ibuer le mouvement au foleil ; parée que dans ca qUl
n'efl point de foi , les livres fail1ts, fe conformem, au tan–
gage ordinaire, De meme , qUOlque le pape alr pll fe
tromper fur une que(lion de Cofinol ogie
&
de Ph)'li-
R rr
~
que ,