'DU
CH'llV.
CRANDISSON.
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r1en ne l'avoit chagrinée. Et moi ,
fi
je
m'étois laiífée engager a lire la lettre , quelle
figure aurois-je fait a mes propres yeux,
1
pendanr un mois entier
!
Mais n'a-t-elle pas
auiii facilemenr oublié la mortification que
fon frere luí a caufée , par la découverte de
fon intrigue ? Des le meme jour ne m'a-t–
elle pas fait la guerre fans p,itié
~
Cependanc
elle a des qualirés charmanres. On ne peut
fe
défendre de l'aimer. Je me fens pour elle
une vive rendreífe. N 'eíl:-ce pas une foi–
bleífe de voir fans refroidiífement , dans
une perfonne, des fautes qu'on trouveroit
inexcufables dans une autre? Non , Lucie •
ne dites pas que c'en foit w1e, dans le cas
de mifs Grandiífon. Quelle différence
a
mes
yeu.'C
!
Cependant, elle vient de n1'avouer
qu'elle s'éroit reproché
fa
démarche, avant
que de m'avoir apporré la lenre; mais qu'elle
avoit e{péré de couvrir
fa
faure, en me la
faifam parrager. Je luí ai dit que c'étoit le
role d'un petit fa.tan. Apres tout, la chere
Charlotte penfoit plus
a
m'obliger qu'a
fe
fatisfaire elle-meme. Il n'y a point d'amitié,
direz-vous qui puiífe jufi:ifier une mauvaifo
aéhon. J'en conviens , Lucie , rien, ríen
n'eíl: moins doureux ; mais
fi
vous connoif–
íiez mifs Grandiífon, voús l'aimeriez mal–
gré vous.
[ N.
La
lettre de fir Charles, qui fait le
fujet
de
la
prlcédente
,
ejl
un long détail