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DISCOURS
gré les efforts de quelques Fran<¡ais jaloux qui ne
voulaient pas absolument que la France eut un
poeme épique. II y a toujours un petit nombre
de
lecteurs qui ne laissent point empoisonner leur
jugement du venin des cabales et des intrigues_,
qui n'aiment que le vrai, qui' cherchent toujours
I:hoinme dans l'auteur : voila ceux devant' ~ui j'ai
trouvé grace. C'est
a
ce petit nombre d'hommes
que j'adresse les réflexions suivantes ; j'espere
q.u'ils les pardonneront
a
la n:écessité ou je suis de
les faire.
Un étranger s'étonnai~ un jour
a
Paris d'une
foule de libelles de
tou.te .espece, et
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d'un déchai–
nement cruel par lequel un homme était oppri–
mé. II faut apparemment, dit-il, que cet homme
soit d'une grande ambition , et qu'il cherche
a
s'élever
1
a
quelqu'un de ces postes qui irritent la
cupidité humaine et l'envie. Non, hii répondit~on;
c'est un citoyen obscur ' retiré' qui vit plus avec
Virgile et Locke qu'avec ses compatriotes, et dont
la
figµre n'est pas plus connue de quelques uns de
ses ennemis que du graveur qui a prétendu gra–
ver son portrait. C'est l'auteur de quelques pieces
qui vous ont fait verser des larmes, et 1e quelq_ues
ouvrages dans lesquels, malgré leurs défauts, vous
aimez cet esprit
1
d'humanité , de justice, de liberté
qui
y
r egne. ···Ceux qui le ,calomnient, ce sont
des hommes pour la plupart plus obscurs que lui,
qui prétendf,!nt lui _dísputer un peu de fumée, et