ACTE 1, S CE NE III.
339
( Un de ceux: qui sontentrés dans le café, frappant sur l'épaule
de Frélon qui écrit. )
Eh bien! tu étais hier
a
la piece nouvelle; l'auteur fut
bien applandi; c'est un jeunc homme de mérite, et sr~ns
fortune, que la nation doit encourager.
UN AUTRE.
Je me soucie bien d' une piece nouvellc. Les affaires
publiques me désesperent; toutes les denrées sont
a
bon
marché; on nage dans ·une abondance pernicieuse; je
suis perdu, je s11-is ruiné.
F R ÉL O N,
écrivant.
Cela n'est pas vrai; la piece ne vant rien; l'auteur est
un sot, et ses protecteur5 aussi; les affaires publiques
n'ont jamais été plus mauvaises; tout reochérit; l' Etat
est anéanti, et je le prouve par mes feuilles.
UN SECOND.
Tes feuilles sont des feuilles de chene; la vérité est
que la philosopbie est bien dangereuse, et que e' est elle
qui nous a fait perdre l'isle de Minorque.
1
M O N Ros E ,
toujours sur le devant du théatre.
Le fils de milord Murrai me paiera tous mes mal–
heurs. Que ne puis~je au moins, avant de périr, punir
par le sang du fils toutes les barbaries du pere !
UN TROISIEME INTERLOCUTEUR'
dans le fond .
La piece d'hier m'a paru tres bonne. ,
FRÉLON.
Le mau vais got1t gagne ; elle est détestable.
LE TROISIEME INTERLOCUTEUR.
ll n'y a de détestable que tes critiques.