ACTE II, SCENE III.
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J 'ai pleuré de nos rois les disgraces affreuses ;
~bis par quelles fureurs, encor plus douloureuses,
Veux-tu, de ton épouse avan<;an
t
le trépas,
Livrer le sang d'un fils qu'on ne demande pas?
Ces rois ensevelis , disparus dans la poudre,
Son t-ils pour toi des dieux dont tu craignes la foudre ?
A ces dieux impuissants, dans la tombe endormis,
As-tu fait le serment d'assassiner ton fils?
Hélas
!
grands et petits, et sujets, et monarques,
Distingués un moment par de frivoles marques,
Égaux par la nature, égaux par le malheur,
Tout rnortel est chargé de sa propre douleur ;
Sa peine lui suffi t, et, dans ce grand naufrage,
Rassembler nos débris' , voila notre partage.
Ou
serais-je, grand Dieu
!
si ma crédulité
Eut tomb,é dans le piege
a
mes pas présenté?
Aupres du fils des rois si j'étais demeurée,
La
victime aux bourreaux allait etre livrée:
Je cessais d'etre mere ;·et le mem~ couteau
Sur le corps de mon fils me plongeait au tombeau.
Graces a mon amour, inquiete, troublée,
A
ce fatal berceau l'instinct m'a rappelée.
J'ai vu porter mon fils a nos cruels vainqueurs;
Mes mains l'ont arraché des mains des ravisseurs.
Barbare, ils n'ont point eu ta fermeté cruelle.
J'
en ai chargé soudain cette esclave fidele,
Qui soutient de son lait ses misérables jours,
Ces jours qui périssaient sans moi, sans mon secours ;
J'ai oonservé le sang du fils et de la mere,
Et
j'
ose dire encor de son malheureux pere.
ZA•MTI.
Quoi
!
mon fils est vivant
!