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PRÉFACE.

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l'en aime davantage. Il n' y a guere que les ames

vertueuses de sensibles. Cicéron , qui aimait

t ant

1a

gloire, n 'a point ambitionné ceHe de

vouloir paraitre ce qu'il n'était pas. Nous avons

vu des hommes ~ourir de douleur pour avoir

perdu de tres petites places , apres avoir affecté

de dire qu'ils ne les regrettaient pas; quel mal

y

a-t-il done

a

avouer

sa femme et

a

son ami

qu'on est f~ché d'e tre loin de Rome qu' on a ser–

vie, et d'etre persécnté par des ingrats et par

des perfides? 11 faut fermer son creur

a

ses

ty–

rans, et l'ouvrir

a

ceux. qu' on aime. ·

Cicéron était vrai dans toutes ses clémaJ'ches ;

, il parlait de son affiiction sans honte , et de son

gout pour la vraie gloire sans détour. Ce carac–

tere est

a

la fois n aturel , h aut et humai.n. Pré–

férerait-on la politique de César, qui dans ses

Commentaires

dit qu' il a offert la paix

a

Pom–

pée , et qui dans ses lettres avoue qu'il ne veut

pas la lui donner? César était un grand h ommc ·

mais Cicéron était un homme vertneu .

Que ce consul ait été un bon poete , un phi–

losophe qui savait douter, un gouverneur d

p rovince parfa it, un général habi]e ; que son

ame ait été sensible et ·vr aie , ce n'est pas

la

l

mérite dont il s'agit ici . Il s:mva Rome ma1gr ~

le sénat, dont la moitié 'était animée contre l ui