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PRÉFACE.
par · l'envie ]a plus violente. II se
fit
des enne–
mi~ de ceux meme dont _il
fut
l'oracle, le ]ibé–
rateur et le vengeur.
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prépar3: sa ruine par le
service le plus signalé que famais hom~ne ait ·
rendu
a
sa patrie. Il vit cette ruine, et il n'en
fut point effrayé. C'est ce qu'on a voulu repré–
senter dans cette tragédie : e·est moins encore
l'ame farouche de Catilina, que l'ame géné–
reu~e et noble de Cicéron ·qu'on a voulu pein~re.
Nous avons toujours cru, et on s'était con–
firmé plus que jamais dans l'idée que Cicéron–
est un des ·caracteres qu'il ne faut jamais mettre
sur le théatre. Les Anglais , qui hasardent tout
sans meme sa.voir qu'ils hasardent; o·nt
fait
une
tragédie de
la
conspiration de Catilina. Ben–
Johnson n'a pas manquédans cette tragédie ~is–
torique ae traduire sept ou huit pages des
Ca–
tilinaires,
et meme il les a traduites en prose ,
ne .croyant pas que
l'
on put faire parler Cicéron
en vers.
La
prose du consul et les vers des au–
tres personnages font ,
a
]a vérité
~
un contraste
di'gne de la barbarie du siecle de Ben-.J'ohnson;
mais pour traiter un sujet si sévere , dénué de
ces passions qui ont tant d'empire sur le creur,
il faut · avouer qu'il fallait avoir affaire
a
un
peuple sérieux et instruit, digne en quelque
. s.orte qu'on mit sous ses yeux l'_ancienne Rome.