TÉMOlGNAGt DU
SENTIMENT
INTIMt:
199
fur quoi
je
raifonne ainíi. Ces denxFous avoient fans do~te
le
f
entiment
intime, l'n·n de fon
érat
de
mon;
l'~rnt_re ·
de
fon
état
de poiífon;
&
cependam. ils
fé
m~mpoient l'un
&
l'autre
=
done
le fentiment intime ne do1me
pa&
toujours
fur .
fon
ob-j"et , une certitude infaillihle.
RÉPONSE.
Les
F
ous
ne
fe tromp~nt
pas plus
que
les Sag~s; .
fu~
l'objeú du fenüment intime:
~ir.dila
propofi.-tion
.précé-
,
dente eíl en tout
po,int
générale ,.
&ne
fouff¡"re aucu~,e ref-.
trié1:iop q:uelconque..
l~.
Le Fou qui
fe
croyoit un,
ho~me
vraiment
&
réelle–
ment mort,. n'avoit certainement pas un fe~timent in,time
d'un,
état
de
mort
qui
füt
en
lu-i
:
pu,ifqu'ün
tel
etat
exd,ut
n.éceífairement tour- fentimen.t,
~
,par
confeqqe1.1t, le fen–
timent intime. Ce Fou avoit au comraire un femit:i;iel\t i_n•
time <le
fa
vie, q.u'il pla~oit
_follement
ou qans une régiott
ou
parmi
urLC
nation
de
morts.
·
11 fentoit q.u'íl étoit vivant:
v.oila.?l'obj"et
du¡feQ;time,Q.t in~
time,. for lequel il ne fe trompoit po1nt. Mais ,. abufé par·
les vapeurs
d'un
cerveau.
dérangé, par \es.
dél_ires
,d'une
imagination
déréglée ,
&
d'un
j
1.1:gement
altéré
&
dé1t,at.uré ~·
il
fe
perfuado.it,
fí!ns
aucun.
motif
qn.i
_pur·-fonderfa Rerfu,a-–
íion, qu'il vivoit daos des tom-beaux , féwré· <l'u commerce.
des vivans ,. envelopp-é· de
draps
fuuebres-, entoure f~m ...
bres
&
de
cadavres : voila fur quoi
i-1
fe trompoit:.
Qr
tout:
cela n?a rien de commun avec
Pehi~t·
cln ·fentimen-t in_ti~e :–
puifque 1-'objet du fentiment intime,
n'e{l
&
.ne
peµt
etre
que
e.e.
qui exifie
immédiatemem
dans-la-..ful;>fia.ncé
penfante·
&
fenfible.
ll~.
Le
Fou qui
fe.
croy0itu.n-
poiífon
~e ~mer,
µn.'J'.hon;._
avoit aufii. le fentiment intime
de
fon. exi:íl:ence propre,
&~
non
de
l'~xí.~nce d'un.Thon;
&
<lans fon
dblire,
il
fe
figu–
roit fon exiíl:eGce, com1µe .femblable
a-
l'exillcnce .du
poi("":'
fon qui 1ui
avo~c
frappé fim.a-gination.
Son
exifience,
voil~ d¡rns \ui,l'obj:et
du.-f~ntimen,t
imime ;:.
objet fur
leq_uel
il-
n-e .fe
iroffi!POÍt
point.
La
,reüérobl;i~c;e
de fon exifience
&
de
fa
natur·e , ¡¡vec l~exiíl:en~e
&
_a,.vec·
la nature
des
Thons; voila. un objec to(alcment étranger au:
íenciment intime
&
au jug.~ment. e_x,périmental de l'ame•.
C'efi l'objet d'un
Jugementfpéc,ulatif,
qµi n.e donne
aucune
cenitude, quancl
il
n'efi fondé fur aucun motif folide;
8c.
tel étoit le jugement
f
péculatif du F ou dont il eft i1ci quef~–
tion , quand il affimiloit fon e?Ciílence
&
fa
nature
,
a
l'cxi~-
tence
&
a
la nature d'un Thon~
·