THÉORIE D'E LA'
CERTITUDE.
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_R O P O S
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T
I
O N.
z74. Le Sentim~nt intime donne Íoujours une certitude infail~
lible fur fon objet ; ou efl toujou-rs
infoiLliblement connexe avec
l'exijlence de
fon objet.
DÉMO?STRATION.
L'objet <lu fentiment iritime, efl: pour
moi , par
ex-ernple,
ce
que
je fens dans mon ame. Or ce
que ,je fens daos mon ame, exifie néceffairement dar:is mon
fl.me: puifqu~il eíl: clair que ce qui n'exiíl:e pas, ae pem pas
etrefenri; que <;e qui n'exifie pas clans mon ame, ne peut pas
étre -fenti dans mon ame. Done ce que je fens dans mon
ame, exifie évidemrnent dans mon ame : done
le
fentirnent
íntime efi évidemment connexe avec l'exiiíl:ence de
fon
oh–
j.ec.C.
Q.
F. D.
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2.75.
ÜBJECTIGN
l.
Mon exiíl:ence. mes penfées , mes
peines ou mes plaiíirs,
font
l'objet du fen-timem intime Or
tous ces objers peuvent abfolument ne pas exifier: done le
fentiment
intime
m'apprend
l'exiílence de
plufieurs objets
qui peuvent ne pas · exiíl:er ;
&
fur l'exifience defquels
ie
,puis
par-la
meme
me
-tromper.
RÉPONSE.
Mon exiílence, mes penfees , mes fen-fario-ns ,·
mes craintes , mes efpérances
2
&
ainfi du reíl:.e, ne font
a
la vérité que des etres contingens , qui peuvent abfoh1ment
ou
exiíl:er ou ne pas exifier,
&
dom rien n'entraine nécef–
fairemenr l'exifience. Mais quand je les fens en moi ces erres
contingens, quand ils font i'objer de mon femirnen.t intime.;
íl
efl:
évident
qu'il faut
néceífairement qu'ils exiíl:enr;
&
que, dans ce cas, leur exifience eíl: n6.ceífaire, ñon d'ün.e
néceffiré abfolue , mais d'une
néceffité lzypothétiqU:e,
qui. me
donne la plus complette cerritude: je ne puis done
aucune–
ment
me
tromper, dans
le
jugement
que j,e porte fur
leu-r ,
exiíl:ence.
·
z76.
ÜBJECTION
II. L'Hiíl:oire fait mention de quelqt1es
. Fous fingulie-rs, dans lefquels femble échouer tout ce
qu'on ,
fonde de certitude for le fentimem intime. Parmi ces fous
fingulier-s, il
y
en a <lenx qui méritent une attention
apart:
parce
que Jeur folie préfenre comme deux claffes
général.es.
ele
folles perfuafions. L'un etoit inrimement pe.rf
uadé qa'iln'étoit
plus
du nombre des
vivans ,
qu'il
étoit vraiment
&
rtellement
mort :
l'autre
prérendoit, d'apres une perfoafion
coníl:ame
&
fout~nue,
erre.
un
poiífon
de mer', un
Tho.n:.