R:elations commerciales précolombiennes entre J'Océanie et I'Amérique.
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n'ont jamais été occupées par l'homme d'une
la~on
permanente" . De toute é'<idence,
il
ne peut s'agir que d'iles océaniennes.
Une tradition des Mangaréviens, citée par
f.
W.
CHRISTIAN,
permet de
supposer, si toutelois elles es! conlirmée ", que l'archipel atteint par l'Inka serait
J'archipel des Gambier: voici en elle! ce que rapporte ce! auteur:
«
The Mangare–
vans have a tradition o! a chiel called Tupa, a red man, who came lrom !he east
with a lleet o! canoes o! non-Polynesian model, more like rafls>>
(20,
525).
ll es! bien di!ficile de ne pas reconnaib·e dans le Tupa mangavérien, te!
qu'il
est
décrit ici, I'Inka Tupa-Yupanki.
11 n'y a aucune impossibilité
á
admettre que I'Inka ait pu atteindre ces ites
en neuf om douze mois. La
balsa
n'était certes pas un insb·ument de navigation
aussi remarquable que la pirogue
a
balancier ou que la pirogue double, mais les
bonnes qualités nauiques que tes anciens auteurs li reconnaissent devaient permettre
de
longues traversées dans une mer calme, comme l'est le plus souvent le Pacifique
dans la région des tropiques '
0
La relation de
SARMIENTO
donne une indication qui me parait capitate,
a
savoir que les données, que I'on possédait sur ces iles lointaines du Pacifique,
provenaient de marchands. Encare que le texte ne soit pas tout-á-fait explicite, il
semble bien que le chroniqueur ait voulu parler de marchands originaires de ces
íles, interprétation conforme
a
la tradition recueillie par
CiEZA
DE
LEóN
et
ALONSO
DE fUEN.TES,
que j'ai rappelée plus haut (p. 595). Quoi qu'il en soit, la relation est
formelle sur la nature commerciale des relations qui existaient entre l'Oeéanie et le
Nouveau-Monde
á
ce~
époques lointaines, et les documents que j'ai passés en revue
semblent démonh·er qu'elles s'effectuaient dans les deux sens
31 .
~
6
j
e dis intentionnellement «d'une fac;on permanente», car j'ai rappelé plus haut
(p. 595) qu'on avait trouvé dans les iles Galápagos des traces d'occupation temporaire.
"
Cette réserve s'impose paree que
la tradition relative
a
Tupa recueillie par
CAILLOT (J3bis, 173-J76) differe de la tradifion citée par
f.
\Y/. CHRISTIAN.
30
Sans prétendre établir aucune comparaison entre
les
bolsas
et les bateaux
espagnols, il n'est pas sans intérct de rappeler que l'expédition de SARMIEXTO
DE
ÜA:-.moA,
partie du Callao le 19 novembre 1567, arriva le 15 janvier 1568 aux iles Ellice
(95,
XXXII-XXXIII). Le lonnagc des
balsas
atleignait parfois 30 tonneaux
(JOB,
196).
Les
navires de P1zt.RRE pour la découverte du Pérou ne jaugeaient que 40 et 60 tonneaux
(JOB,
193).
31
On a sou\·ent objecté a cette these que, si les Polynésiens étaient venus en Amé–
rique, le souvenir de leurs bateaux ne se serait pas perdu parmi les indigenes de ce con-
1inent et qu'on aurait dú trouver parmi eux des survivances, soit du canot double, soit
de la pirogue 3 balancier; or, ajoute-ton, ríen ne rappelle ces précieux moyens de navi·
gation dans le Nouveau-Monde. Le fait n'est exact que pour la pirogue
il
balancier. Pour
le
canot double,
il
n'en va pas de méme, comme !'a établi G. fn mnERICI
(41,
20). Sur
la cóte pacifique de 1'Amérique centrale,
les indigeues savaient unir deux canols pour
résister plus efficacement au gros temps
(54,
ICre dCcade, livre
X,
chap. 111, 266;
17,
IV, 115).
JI
en était de méme de certaines tribus de la cóte nord-ouest
{11.1
bi s, 38), des
indigtnes des archipels de la floride méridionale
(J4,
365) et du Yucatán
(76
bis,
11~
446),
et
il est bien probable que les Espagnols ne firent que s'ínspirer de ces exemples,
iorsqu'ils jumeJerent des barques, notamment pour le transport de Jeurs chevaux (fig, 3),