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R:elations commerciales précolombiennes entre J'Océanie et I'Amérique.

601

n'ont jamais été occupées par l'homme d'une

la~on

permanente" . De toute é'<idence,

il

ne peut s'agir que d'iles océaniennes.

Une tradition des Mangaréviens, citée par

f.

W.

CHRISTIAN,

permet de

supposer, si toutelois elles es! conlirmée ", que l'archipel atteint par l'Inka serait

J'archipel des Gambier: voici en elle! ce que rapporte ce! auteur:

«

The Mangare–

vans have a tradition o! a chiel called Tupa, a red man, who came lrom !he east

with a lleet o! canoes o! non-Polynesian model, more like rafls>>

(20,

525).

ll es! bien di!ficile de ne pas reconnaib·e dans le Tupa mangavérien, te!

qu'il

est

décrit ici, I'Inka Tupa-Yupanki.

11 n'y a aucune impossibilité

á

admettre que I'Inka ait pu atteindre ces ites

en neuf om douze mois. La

balsa

n'était certes pas un insb·ument de navigation

aussi remarquable que la pirogue

a

balancier ou que la pirogue double, mais les

bonnes qualités nauiques que tes anciens auteurs li reconnaissent devaient permettre

de

longues traversées dans une mer calme, comme l'est le plus souvent le Pacifique

dans la région des tropiques '

0

La relation de

SARMIENTO

donne une indication qui me parait capitate,

a

savoir que les données, que I'on possédait sur ces iles lointaines du Pacifique,

provenaient de marchands. Encare que le texte ne soit pas tout-á-fait explicite, il

semble bien que le chroniqueur ait voulu parler de marchands originaires de ces

íles, interprétation conforme

a

la tradition recueillie par

CiEZA

DE

LEóN

et

ALONSO

DE fUEN.TES,

que j'ai rappelée plus haut (p. 595). Quoi qu'il en soit, la relation est

formelle sur la nature commerciale des relations qui existaient entre l'Oeéanie et le

Nouveau-Monde

á

ce~

époques lointaines, et les documents que j'ai passés en revue

semblent démonh·er qu'elles s'effectuaient dans les deux sens

31 .

~

6

j

e dis intentionnellement «d'une fac;on permanente», car j'ai rappelé plus haut

(p. 595) qu'on avait trouvé dans les iles Galápagos des traces d'occupation temporaire.

"

Cette réserve s'impose paree que

la tradition relative

a

Tupa recueillie par

CAILLOT (J3bis, 173-J76) differe de la tradifion citée par

f.

\Y/. CHRISTIAN.

30

Sans prétendre établir aucune comparaison entre

les

bolsas

et les bateaux

espagnols, il n'est pas sans intérct de rappeler que l'expédition de SARMIEXTO

DE

ÜA:-.moA,

partie du Callao le 19 novembre 1567, arriva le 15 janvier 1568 aux iles Ellice

(95,

XXXII-XXXIII). Le lonnagc des

balsas

atleignait parfois 30 tonneaux

(JOB,

196).

Les

navires de P1zt.RRE pour la découverte du Pérou ne jaugeaient que 40 et 60 tonneaux

(JOB,

193).

31

On a sou\·ent objecté a cette these que, si les Polynésiens étaient venus en Amé–

rique, le souvenir de leurs bateaux ne se serait pas perdu parmi les indigenes de ce con-

1inent et qu'on aurait dú trouver parmi eux des survivances, soit du canot double, soit

de la pirogue 3 balancier; or, ajoute-ton, ríen ne rappelle ces précieux moyens de navi·

gation dans le Nouveau-Monde. Le fait n'est exact que pour la pirogue

il

balancier. Pour

le

canot double,

il

n'en va pas de méme, comme !'a établi G. fn mnERICI

(41,

20). Sur

la cóte pacifique de 1'Amérique centrale,

les indigeues savaient unir deux canols pour

résister plus efficacement au gros temps

(54,

ICre dCcade, livre

X,

chap. 111, 266;

17,

IV, 115).

JI

en était de méme de certaines tribus de la cóte nord-ouest

{11.1

bi s, 38), des

indigtnes des archipels de la floride méridionale

(J4,

365) et du Yucatán

(76

bis,

11~

446),

et

il est bien probable que les Espagnols ne firent que s'ínspirer de ces exemples,

iorsqu'ils jumeJerent des barques, notamment pour le transport de Jeurs chevaux (fig, 3),