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P. RIYET,
L'identification des iles qu'atteignit l'lnka n'est pas facile. On sait que c'est
pour les chercher que SARMIENTO DE GAMBOA partit, en compagnie de ALVARO
DE
MENDAÑA, pour la grande expédition qui devait aboutir
á
la découverie des
Hes Salomon,
et
!elle était sa certitude dans Ieur existence
et
Ieur position, qu'il
crut les voir au passage, la oú on les lui avait signalées,
ét
garda une vio!etJ!e
rancune
á
Mendaña pour n'avoir pas voulu s'y arreter
(95, 91; 68,
370-372;
JJ6,
XXIII-XXIV). En réalité, le navigateur fut dupe d'une illusion, car les
coordonnées et les distances qu'.il donne corresponden!
á
une zone du Pacifique
absolument dépourvue d'iles.
J1MeNEZ DE LA EsPADA a cherché une indication pour l'identiiication de
Hahuac!zumbi
et
de
Ninachumbi
dans I'étymologie de ces noms, qui sont évidem–
ment kiéua. Se!on lui,
chumpi,
qui a le sens de <ceinture>>, aurait pu prendre le
sens dérivé d'<ile>, bien que cette acception ne figure dans aucun dictionnaire
kiéua.
Nina
voulant dire <<feu>> el
ha/uta
<<en dehors>>,
Nirzadmmbi
signifierait <<ile
du feu>>
et
ne serait autre que l'ile Narborough du groupe des Galápagos, oú il
y
a un volean en activité,
et
flalzuac!uuubi
<<ile qui est en dehors (des autres]>
et
ser·ait l'ile Juan fernández
(68,
375- 376). A vrai dire, le savant américaniste ne
parait pas lui-meme tres sflr ni
tres
satisfait de ses étymologies. De fait, elles ne
résistent pas
á
la critique.
11
convient de rernarquer que SARMIENTO DE GAMBOAn'écrnt jan1ais
lwhua–
cluunbi,
mais
auachumbi (JJ6,
XXIV) ou
avaclzumbi (95,
90- 91),
el que
CAVELLOBALBOAécrit tantO!
haguaclzumbi
(19,
82), tanto!
aguachwnbi
(19,
196).
L'h initial est done loin d'etre sflr. Or,
alma,
en Kiéua, signifie <!issu n·amé>>
(62,
9).
D'autre parl,
nina,
outre le sens que lui donne J IMeNEZ DE LA EsPADA, a celui de
<<fin, précieux>>
(62,
257-258). Dés lors, si on rend au mol
chwnbi
son sens réel",
on peut traduire
alzua-chumbi
<<ceinhu·e tramée>>
et
nin.a-c!zumbi
<<ceinture fine,
précieuse>>. Rien de plus naturel que des
commer~nts
aient désigné des Hes du
nom d'un des articles d'échange qu'ils s'y procuraient.
En tous cas, l'identification proposée par JIMENEZ DE LA EsPADA ne saurait
convenir, puisque le r.écit de SARMIENTO DE GAMBOA, comme ce!ui de CAVELLJ
BALBOA, parlen! d'iles habitées
et
que les iles Juan femández et Galápagos
Touicfois, il semble bien que
] 0 ,\ N DE SANTACnuz P AcH,\CUTI
en ait recucilli quelque
licho. En effet,
aprCs avoir rapporté la visite de J'Inca Pachacut-i-Ynga-Yupauqui, pere
de Tupac-Yr1ga-Yupanqui,
a
la cóte équatorienne et péruvienne et parlé d'un voyage de
ce prince
a
une ile «de los yungas», il ajoute: «Y entonces dizen que metio al Cuzco
mucha suma de plata
y
oro
y
un vallena>>
(116,
274- 275, 279).
Cette «baleine>>
rappelle
les dépouilles d'animaux inconnus que Tupac Inca Yupanqui rapporta, d'aprCs CAVELLO
BALDOA et SARMIENTO DE ÜAMBOA, de son expédition maritime.
2 '
Une erreur d'impression ou de copie fait donner
a
ce mot
clmrnbi
le sens de
<~<massue
de pierre» par CAvELLO BALUOA
{19,
299). En
réalité, il faut tire
champi (62,
85). Détail amusant, alors que SANTA Cnuz
P ACHACUTJ
écrit bien
clznmbi
pour désigner
cette arme, son éditeur jJMÉNEZ DE LA
E sPADA
a cru devoir le corriger en metiant en
note:
clwmpi
<~<macana>>
(116,
286).