EXERCICIOS SPIRITVALES DEL B: P. IGNACIO DE LOYOLA
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distribuées les méditations de Cisneros. Ce–
lui-ci assigne achaque jour son sujet et fait
reprendre les memes sujets de sept jours en
sept jours; il ne prescrit d 'ailleurs qu' une
méditation par jour. Les quatre "semaines"
des Exercices de sai_nt Ignace peuvent avoir
plus ou moins de sept jours; chacune dure
aussi longtemps qu 'il est nécessaire pour
que le retraitant obtienne le "fruit" spiri–
tuel cherché, et les heures de méditation,
chaque jour, sont multipliées de maniere
que la méditation soit aussi contin ue que
possible, jusqu 'a ce q u'elle ait produit tout
l'effet voulu.-En ce qui concerne le choix
et l'ordre des di verses exercices, en particu–
lier des méditations, il est a noter d'abord
que la considération sur la fin derniere, par
laquelle comence Ignace, cette considéra–
tion vraiment "fondamentalt:" chez lui et
qui sert de lumrere et de regle, constam–
ment rappelée par le saint, dans tout le
reste de ses .exercices, manque totalemen t
chez Cisneros.- Les deux auteurs s'accor–
dent ensuite tres sensiblement quant aux
exercices de la "voie purgati ve" ou de la
''premiere semaine". La divergence reprend
lorsq'on arrive a "la voie illuminative", se–
conde "semaine" de saint Ignace. Dom Gar–
cia indique ici comme but
a
sont
exerci'tant,
en général, de s'exciter a l'amour divin, et
pour cela il lui prescrit de méditer les bien–
faits de Dieu. Quant
a
la méditation de la
vie et des exempl es de Notre-Seigneur Jé–
sus-Christ, elle est recommandée, mais elle
est loin d'avoir chez Cisneros la place et
surtout la forme pratique qu'elle aura chez
Ignace. L'abbé de Montserrat semble meme
laisser entendre que cet exercice convient
sµrtout aux ames parfaites, deja parven ues
a la "voie uniti ve'', et il le préconise prin–
cipaJement comme moyen de s'élever
a
la
haute oraison. I gnace, au contraire, met
l'homme, purifié par les exercices de la pre–
miere semafoe, immedi atement en face du
Verbe incarné, et le lui fait étudier
a
fond
comme le modele dont il doit prendre une
"connaissance intime", pour l'aimer ardem–
ment et l'imiter le plus parfaitement po–
sible.-Est- il besoin d'ajouter qu'il n'est
question nulle part chez Cisneros des
regles
de l 'election,
pas plus que des
g~andes
mé-
TOMO IV.
ditations sur
les deux étendarts,
sur les
trois
classes,
sur les
trois degrés d'ltumilité,
par
lesquelles saint Ignace dirige son retraitant
dans !'importante affaire du choix d'un
état ou de la réforme de sa vie?-On ne
trouve pas davantage, chez l'abbé de Mont–
serrat, rien qui puisse avoir suggéré ces
autres regles si pratiques sur
le discerne–
ment des esprits,
sur les
scrupules..,
sur la
diº–
stributi"o1z des aumónes,
sur
la tempérance,
etc., non plus que les instructions sur les
trois manieres de prier, etc.-Mais nous
pourrions allonger beaucoup la liste des
poi nts, réellement importants d'ailleurs,
qui n'appartiennent qu'a Ignace. Conten–
toos-nous, pour finir, de signaler encorece
qu'on peut appeler daos son livre
la partt'e
dtt
niaitre.
Le saint, qui veut que les Exer–
cices soient
donnés,
a deposé dans ses
An-
11otatt"ons
et ses
Notanda
une sorte de di–
re:.:toire abrégé, ou il apprend
a
celui qui
donnera les Exercices comment
il
devra
guider son disciple, selon ses aptitudes d'es–
prit et de tempérament, selon ses besoins
s¡:iirituels et corporels, selon les mouve–
ments qu'il éprouvera de la grace ou les
tentations de l'ennemi. R ien d'analogue
chez Garcia de Cisneros.-Les différences
qde nous avons relevés-et l'on pourrait
encore en signaler d'autres-sont tellement
essentielles et s'étendent si loin dans les
deux ceuv res comparées, qu'il ne reste plus
de place pour les ressemblances qu'en des
poi nts secood aires. Et ainsi, quelque nom–
breuses que puissent etre ces ressemblances,
elles laisseroot entiere l'originalité d'Ignace
et son indépendance par rapport a Cisne–
ros, dans toutes les parties essentielles des
Exercices.
Par le fait, les coincidences se
réduisent a un fort petit nombre et, si on
les discutait rigoureusemeot, a elles seules
elles suffiraient difficilement
a·
établir que
le saint a conn u et utilisé le Ji vre de Cis–
neros.-Cependant nous admettons le fait,
au moins sur la foi des moioes de Montse–
rrat, chez qui c'ét'ait une tradition, que leur
confrere Dom Chanones avait communiqué
l'Exercitatorio
a son pénitent. Le P. Riba–
deneira, l'un des premiers disciples et le
premier historieu de saint lgnace, l'avait
deja admis pour le meme motif. Nous con-
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