1205 Kay hinñij m-aya uqup11
Mayñijpitaj payta harkan
Ñohaman riqurmanpaj?
Salla.
Ima-Sumaj, willashayk1
Hnhllata; hanm1 if1aha
1210 Imatapas riknspayk1
Pakaykunki, rumi-haha.
!H -
fond de ce jardin solitaire
1
Comment est-elle si bien cachée
queje ne puisse la découvrir
1
SALLIA.
Ma Bella, cette fois, je vais tout
te dire; seulement, quoiqu'il arrive,
quoi que tu puisses voir, tu seras
muette comme une pierre.
qui se trouve dans le texte arrangé par Tschurli, au lieu de
weh1wan-kamalla,
·est incorrecte. Voici le mot-a-mot de ces deux vers:
Qayna
weh1wankamalla
Ainsi
je suis inondée de !armes,
Mana han
Non
toi
willawaspay
k1
me révélant tout
Ce quise dirait en fran9ais :
«
Ainsi, je suis inondée de !armes, paree que tune me
réveles pas tout. )) Le mot
weh1,
larme,
avec ses désinences, renferme toute une
proposition. Analysorrs-le:
Weh1wan,
avec za,•mes,
wehnvanká.ma,
inondeeavec
les
(de)
larmes;
enfin
weluwankamalla
avec la désinence
lla,
qui est la finale, ren–
ferme elliptiquemeut l'idée du verbe
ét1·e,
et veut dire,
je suis inondée
de
lm•mes,
.
<:omme nous l'avons traduit. En outre, daus ce passage, les six j>remiers vers sont
a
rimes' CI'Oisées, ce qui dispara!t avec la variante de Tschudi.
1205.
Le
verbo
htnñ1y,
{aire silence, étre silencieux,
se compose de
hin,
sílence,
et
my,
dire.
ftinñlj,
adjectif verbal de
hinñ1y,
équivaut
a
silencieux
ou
solitaire.
La variante de Tschudi
hiWñlj (clliuñik)
n'est pas un mot quechua, et probable–
ment elle est le résultat d'une faute typographique.
fliWlj,
silfieur, silfiant,
dérivé
de
hiw1y,
silfier,
serait aussi déplacé dans ce passage.
·
1211. On voit dans ce vers les mots
rum1,
pierre,
et
.haha,
roche,
tous deux subs–
tantifs,joints ensemble pour composel' une locution adverbiale dont le sens est:
muet
comme une roche,
a
l'instar d'une roche.
Cet idiotisme, étl·anger au:¡¡ langues roma–
nes, est t1•es-commun en quechua. .Nous avons déja fait observer que la réduplication
du méme mot fvrmait une locutior. adverbiale. Mainteuant,
i1
s'agit de deux mots
a
peu pres synonymcs, dont la réuuion produit le méme effet. Exemple: Daos le.vers
·· 555, on trouve
puny,
marche,
et
r1y,
va,
deux verbes synonymes
a
l'impératif, qni
é1uivalent litléralement
a
va tout de S!tite, va immédiatement.
Cet idiotisme a lieu
méme pa¡•lajonction de deux mots qui ne sont pas syuonymes: ainsi, dans le vers 133,
wayra,
vent,
et
ihn,
paille,
simplement accouplés, siguifient
:A la '1utniere dont la
paille cst emportée par le vent.
Le drame d'Ollanta1 est plein de semblahles exem–
ples. En voici encore un qui nous tombe sous les yeux: au vers 1244, les impératifs
rikny,
vois,
et
baway,
1·egarde,
renferment l'idée de
regarde1• avec une extrdme
attention.
·