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PÉROU ET BOLIVIE.

469

meur

mena~ante.

Chacun , estimant ses

services au dela de leur valeur, cría

a

l'injustice et fi t entendre d'amere ré–

criminations. Ceux qui avaient

re~u

peu, parce qu'i ls ne méritaient pas

davantage, s'i ndignerent en voyant

qu elques-uns de leurs compagnons

plus t•ichement récompensés. On mur–

mura surtout de voir Hinojosa grati –

fié de tous les Jnd iens que possédait

Gonzale Pizarre clans la province des

Charcas, et, en outre, d' une mine

d'argent dont il pouvait tirer des sorn–

mes inca lcu lables. D'autres capitaines

égalcment bien pnrtagés furent eu

bulle aux observations malveillantes

et uux ressentirnents ele leurs cama–

rades. Tontes les mau vaises passions

qui éLaient res lées un moment assou–

pi es, se rl:veill erent furi euses; on

chargea le président de mal édictions;

on l'accusa d'ingratitude, d'injusti ce ,

decriminell cpartialité. Une nouvelle in–

surrection aurait infailliblement éclaté

si les mécontcnts avaient trouv é un

drapea u quelconque auquel ils pussent

se rallier; mais

il

leur manq uait un

chef, et ne s¡¡chant

i.t

qui obéir, décon–

certés d'a ill eu rs par la fermeté du pré–

sident, ils finirent par renoncera lenrs

pi·ojets de révoltc.

~I s

continucren t

cependant

ii

réclamer ; mai Gasea ,

<1ue ses habitudes d'inqui iteur avnient

fac;;onné a la dissimulation, les berca

des plus séduisantes promesses, et pa'r–

vint, par d'lwbil es cajoleries, a leur

faire prendre patience; en meme temps

iI

travaillait

raffermir

l'autorité

ébranlée dans tout l'empire du Férou.

JI

régularisa et simplifia la perception

des revenus publics:

il

décréta des re–

glements sur le traitement des

lo–

diens, afin de les soustraire a la tyran–

nie de leu rs maítres et de les instrui re

dans la religion chrétienne. En un

mot' il rétablit l'ordre, apprit a faire

respectr r le pouvoir et fac ilita ainsi

les voies du gouvernement

iJ

ses suc-

ce seurs.

.

Cependant on apprit qu e le nouveau

parl age des terres et des Ind iens don–

nai

t

li eu

a

des conflil déplorables en–

tr

le chef jaloux les uns de autres.

Le présiclen t avait réservé toutes- ses

fa~e~rs,

ou du moins

se~ don~

les plus

prec1eux, pour ceux qui avaient con–

tribué

a

lui li vrer la flotte ele Pizarre ·

c'est ainsi que Hinojosa, chef de

cett~

escadre, avait été si magniíiquement

réc?mpensé, tandis

qu~

d'autres, qui

ava1ent rendu des serv1ces non moíns

réels a la cause impéri ale, a1•a ient été

oubliés ou dédaignés. Diégo Centeno,

par exemple, malgré l'empressement

avec lequel il avait mis son infl uence

· et sa petite armée

iJ

la disposiLion de

Gasea, s'étai,t vu complétement éli–

miné de la li ste des copar tagea nts , et se

retroul'ait apres la guerre dans le

meme état de fortune qu'auparavant.

II résolut de se rendre en Espagne,

pour porter ses plaintes au pi ed du

trone et demand er rép¡¡tation de cette

criante injustice. L a ·nouvelle de ce

projet s'étant répandue dans le pays ,

quelqucs oflfoiers , qui avai ent cu une

grosse part du butin, craignant que

Centeno ne cherchftt

a

leur nuire dans

)'esprit de l'empereur ou des minis–

tres , ourd·rent un complot .infllme

contre leur ancien camar<!de : ils l'a t–

tirerent

iJ

un banquet solennel, et

l'empoisonnerent. Ce fait seul peut

donner une idée de l'exaspération ct·es

esprits et du déchainemeot de passions

qu'a1•aient provoqué les irrégularités

du partage des l:ii ens.

.

JI

y avait dix-sept mois que le pré–

sident était il Lima, et il songeait a

retourner en Espagne pour se reposer

de ses

fati~ues.

J\Jais la mort de Cen–

teno, de Gabriel de Royas, du licen–

ci é Carvajal, et de quelques autres

personnages aussi ricbes qu ' influents,

aynnt rendu vaca nts des bi ens consi–

d.érabl es , force.ful

a

Gasea de procé–

der

a

une nouvelle répar tition. J\Ja l–

heureu ement

il

avai t promis bea ucoup

plus qu'il ne pouvait donner; il prévit

done un nou vel orage se111blable

iJ

ce–

lui qn'il avnit déjil c;.onjuré; rhais il

résolut de s'y soustraire par la fuite .

Tout étant pret pour son départ, il

s'embarqua, apres avoir enjoint.aux

membres de l'audience de Lima de

n'ouvrir le décret que huit jours apres

que le vaisseau aurait levé l'ancrc. 11

avait tellement peur de la colere des