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Pf:ROU ET BOLIVIE.

.C67

espérait s'ouvrir une ronte

a

Ja ri–

che se et au pomoir par les memes

moyens.

" l\lais ces troupes, servant ainsi

sans paye rrguliere, ne se Jevaient

qu'avec de. frais immenses. Parrni des

l10tnmes acroutumés

a

partager les dé–

pouillt'S d'un si ri1be pays, Ja soif des

richesses devenait chaque jour plus ar–

den te,

a

proµortion meme de l'espoir

du su

rcl's.

Tous étant entra1nés par le

ml!11 1e

bl.Jt

et dominés par la meme

pass1

on, · i

l n'y avait qu'un moyen de

gagner de porti 'ans et de se les atta–

cher. Les officiers connus par leurs

talrnts, 0t1tre la prornPsse de grands

étnblissements, recevaient encore du

chef auqu

1

ils se donnaient des som–

mes considP.rablcs.

II

en coilta cinq

cent mille pesos

a

Gonzale Pizarre

pour lever mille hommes.

Ga~ca

en

dépensa neuf r.ent mille pour former

le r.orµs qu'il conduisait contre IPs re–

belles Les r.oncessions Je tPrres et

d'foctiens qu'on accordait aux vain–

queurs comme récompense apres le

succes, étaient encore plu exorbitan–

tes. CépPda, pour l'adresse et la per–

fidie qu'il uvait monlrP.e

a

persuuder

a

l'audii•nce royale ele do1111er a anc–

tion

a

l'u urpation

de

P1zarre. obtint

une concession qui lui valait cent ,.¡n–

_qnante mille pesos de revenu annuel.

Hinojosa, qui se detaoha un des pre–

miers de Pizarre , et livra

a

son en–

nerni la Ootte qui décida du destin du

Pérou, oblint en terres un revenu de

deux cent mille pesos. Tandis qu'on

tra1tait les principaux officiers avec

cette magnilicenoe, on récornpensait

les simples so.dats en proportiun.

• Des

changt'ments de fol'tune sira–

pides produisHient les effots qu'on de–

vait en atterrdre, donnaient naissance

a

dt nouveaux besoins et

a

de nou–

veaux désirs. Des vétérans, accout'.l·

mP.s aux plus grandes fatigues, ac-

' quérai ent to11t

iJ

coup le

~oilt

de la

profusion, Pl s'abandonna1ent

a

lOUS

les excc de la licPnce militaire. La plus

basse crapule occupait les uns, IPs au–

tres se lil'l'aient

au

lu xe

fe

plus di -

pendleux. Le dernier soldat, au Pé–

rou, se seraitcru dégrlidé en marchant

a

pied. Malgr.é le prix exorbitant des

chevaux en A111érique,

a

cette époque,

chacun voulait en avoir un avant de

se rnettre en campagne. Mais quoique

devenus alors rnoins capables qu'au–

paravant de supporter les fati¡mes du

service, ils affrontaient les dangers et

la mort avec la míime intrépirlité, et,

animés par

l'cspoir

de nouvelles

récompenses, ils ne manquaient ja–

rnais, en un jour de bataille, de dé–

ployer toute leur ancienné valeur.

u

Avec leut'"Murage, ils conserve·

rent toute leur ancienne férocité.

En

aucun pays In guerre civile n'a été faite

avec plus de fureur qu'au Pérou. L'a·

varice se joignait aux passions qui ren·

dent les querelles •atrores entre con–

citoyens, et donnait

a

leur inimitié

plus de violence et de durée. La mort

d'un ennemi entralnait la confisca–

tion de ses biens; on ne faisait point

ele quartier dans les . oombats apres la

victoir~;

tout homme riche était ex–

posé aux accusations les plus terribles.

Sur les plus égers

soup~ons,

Pizarra

oondamna

a

mort plusieurs des riches

habitants du Pérou. Carvajal en

fit

1)1ouri · un plus grand nombre, sans

chercher meme de prétexte pour justi·

lier sa cruauté.

II

périt presque autant

d'hommes par la main du bourreau

que dans -les batailles ("), et presque

tous furent condamnés sans aucune

for1m de p.roces.

• La violence avec laquelle les par·

tis se trnitaient n'était ml!me pas ac–

compagnée, comme il est assez or–

dinaire, de fidélité et d'attaehement

au chef auquel on s'était dévoué. Les

sentiments d'honneur auxquels les mi·

litai res tiennent le plus fortement,

et

la droiture qui domine dans le carac–

tere espagnol, autant que dans celui

d'aucuneautre nation, semblaientavoir

été entierement oubliés. On trabissait

(') Pendant la révoll e de Gonzale Pizarre,

sept cenls hommes furenl tues en combat·

tanl, et trois ceut q•rnlre-vingts furent pen·

dus ou dérapilés (Herrera,

Décnd.) .

Plus

de lrois

C('nls

forent taillés

en

pieces par

Carvajal (Fernandes). Zarate fait monter

ii

cinq cenls le nombre de ceux qui périrent

sous la

main

d11 hourreau.

30.