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472

L'UNIVERS.

sant qu'il était d'une bonne politique

de se concilier l'affection et le dévoue–

rnent des Indiens ' et que le plus sur

moyen d'y pan

1

enir c'était d'attirer

dans la capitale l'héritier légitime des

Incas,

flt

faire des propositions dans

ce sens

a

Safri Tupac. II lui promit

llécurité complete pour Jui et les siens,

une pension qui luí permettrait de

vivre convenablement, et l'appui du

go uvernement de Lima aupres du roi

d'Espagne. Le prince hésita longtemps,

se méliant des intrigues du vice-roi.

Mais enfin, cédant aux sollicitations de

quelques-uns de ses parents qui étaient

r estés au milieu des Espagnols, il ac–

cepta les offres du marquis. 11 se ren–

dit

a

Lima, puis

a

Cuzco, ou il fut

accueilli avec des transports de joie

par toute la population indigene. Quel–

que temps apres, influencé par les ex–

hortations des pretres, qui

l'enga–

geaient

a

se convertir'

il

demanda

a

recevoir le bapteme. II f9t, en. effet,

ad mis dans le giron de l'Eglise catho–

lique, et requt le nom espagnol de

Diego.

Depuis l'expédition d'O'rellana sur -

I'

Amazone,

personne n'avait

tenté

d'exploret les immenses régions que

parcourt cette grande nrtere de l'Amé–

rique méridionale. Orellana avait· ob–

tenu de l'empereur la concession des

pays qu'il parviendrait

a

conquérir

dans cette zooe; mais il n'avait jamais

pu retrouver l'embouchure du fleuve

et était mort pendaot le voyage. Ce–

pendant on n'avait cessé de parler de

!'el-Dorado

et du royaume des Ama–

zones. Les reves dont cette terre pro–

mi~e

était l'objet s'étaieot propagés

par toute l'Europe, et saos les guerres

qui désolaient le Pérou ,

il

n'est pas

douteux qu'une foule d'aventuri ers,

habitants de ce pays , ne se fussent

risqués, sur la foi de leurs visioos do–

rées, daos ces contrées si dangereuses

a

pnrcourir.

Le vice - roi Hurtado de Mendoza

voyant la tranquillité

a

peu pres réta–

blie au P érou, du moins pour quelquc

t emps, reprit le projet avorté, et cbar–

gea Pedro de Ursoa

(1560),

gentil–

hornme d'un mérite reconnu, de re-

nouveler la tentative d'Orellana. Ur·

soa partit

a

la tete de

500

hommes. Le

but principal de sa mission était de

chercher le fameux lac d'Or de Parime

et la vi lle

d'el-Dorado,

qu'on croyait

voisins de 1'Amazone. L'expédition

s'embarqua sur Je Guallaga et descen–

dit dans le Maragnon. Au milieu du

voyage, Ursoa fut assassiné par quel–

ques-uns de ses compagnons, jaloux de

son autorité. Fernand de Guzman,

l'un de ses meurtriers, se fit procla–

rner cbef de J'expéd ition et roi du pays

fantastique qu'ils cherchaient. Bientot

Jui-meme tomba sous le poignard de

Lope d'Aguirre, qui

~e

livra

a

des actes

inouis de brigandage et de cruauté. Ce

misérable, apres avoir fait périr plus

de

200

hommes de sa troupe, finit par

trouver la punition de ses forfaits:

il

fut écartelé dans l'lle de Ja Trinité.

Nous ne rappellerons que pour mé–

moire l'administration des vice-rois

Diego de Cuniga, Cante de Nieva , et

García de Castro; mais nous nous ar–

rete.rons qu elqu es instants sur le go u–

vernement de Franqois de Tolede ,

parce qu'il Ült marqué par un événe–

ment bi en tristement célebre dans les

fastes du P érou.

Safri Tupac, surnommé Diego, était

mort. Son frere, Tupac Amaru, vivait

toujours au milieu des montagnes. Le

nouveau vice-roi

J'~ngagea

a

venir ha- ·

biter Cuzco, luí promettant tous les

avantages et tous les priviléges dont

son frere avait joui pendant sa vie.

l\Iais le prince, se rappelant que Sairi

n'avait pas vécu longtemps au milieu

des Espagnols, et supposant au vice-roi

qu elqu e arriere-pensée machiavélique,

refusa formel lement de quitter sa re–

traite. Irrité de cette résistance et ré–

solu

a

obtenir

a

tout prix la réalisation

de ses odieux projets, Francois de To–

lede déclara la guerre

á

Tupac Amaru.

Les prétextes ne manquerent pas pour

donn er une apparence de justice

a

ces

persécutions. On prétendit que les In–

di ens, vassaux ou ·serviteurs du prince,

pillaient les marcbands espagnols qui

passaient par le district ou ils s'étaient

établis; on parla de complots secrete–

ment tramés par les indigenes pour