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LETTRES
..il
porta la lettre du consul an hacha , et lui parla
pour nous avec tant de force , qu'il obtint qu'on
nous mettroit en liberté , si le kai'kié
y
consentoit:
celui- ci exigea une ran9on considérable , que nous
n'étions poiut
en
état de payer ; et tout ce que notre
protecteur put lui dire sur notre pauvreté , sur les
risques qu'il couroit d'offenser notre ambassadeur ,
et le Grand-Seigneur
lui-m~me,
n'apaisa point une
colere que l'avarice animoit.
M.
l'ambassadeur nous avoit recommandés au
Ba–
zerghan Bachi
~
c'est -
a-
dire, au marchand qui
fournit au hacha des étoffes.
11
vint nous voir dans
notre prison. Je vous ferai délivrer, nous dit-
il ,
des aujourd'hui ; une cinquantaine de pieces de drap.
seront le prix de votre liberté. Vous n'
e
tes pas en
état de faire cette dépense ; on
y
suppléera: ce
n'
est
point en votre nom , c'est sous le mien que cette
ran~on
sera payée. Nous ne sommes point coupables,
répond1mes-nous aussitot , et nous ne pouvons ac–
cepter un service qui demande une reconnoissance
que notre pauvreté ne nous permet pas d'acquitter;
d'ailleurs
M.
l'ambassadeur n'approuveroit pas cette
libéralité déplacée. Nous parlions encore , qn'il étoit
déja sorti, et deux heures apres la prison nous
fut
ouverle.
Nous croyions étre redevables a sa libéralité; mais
elle n'étoit point gratuite , et nous filmes obligés
dans la suite de nous retrancher ce qui nous étoit
le plus nécessaire
, pour lui payer cent cinquante
piastres qu'il nous
d.itavoir distribuées pour nous.
Nous sommes actuellement un peu plus tran–
quilles; le calme durera - t-
il
long - temps? Nous
l'1'osous nous en flatter: Dieu est le ma1Lre,
et
crnx
qui
pr~chent
la croix de Jésus-Christ doivcnt erre
disposés
a
porter celles
qu'il
leur euvoie' ou dont
~l
pennet
qu'
on les charge. Demandez-lui pour nons
dans vos
saints sacrifices le courage
~ui
nous est