· ÉDIFIANTES ET CURIEUSES.
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déclare que je ferai pendre le premier Arménien qui
se fera Franc. Il n'
y
a pas long-temps que vous etes
ici,
et
vous n'y serez plus long-temps:
les-
religieux:
vouloient se justitier' mais ils íureut
a
peine écou–
tés , et se retirerent.
Le
'lendem.ari.n matin
trn.
toukadar vint les cher–
cher. Le religieux de la Terre-Sainte a'Voit disparu;
le supérieur des Capucins , le pere de Leme notre
supérieur , et le frere David furent saisis : on les
conduisit devaut le kai'kié.
Il
étoi' d'autant plus
irrité contre nous
~
que te hacha avoit pan1 l'étre
davantage contre lui de ce qu'il avoit laissé les chni–
tiens Francs pénétrer jusque dans son palais.
Quel–
ques-uns
de
nos amis nous ont assuré depuis , qu'un
motif
d~intéret
, et
l'
espoir de tirer de notts quelque
somme considérahle,
F
engagerel'lt
a
la violence dont
il
usa.
Quelles que fussent ses vues ,
il
fit mettre en
prison les trois 1·eligieux ; je fus substitué
a
la place
du quatrieme qui manquoit ; on nous chargea des
charnes les plus pesantes , et on y joignit un douhte
collier de fer. Nous fü.mes vingt jours entiers dans
un cachot affreux , qni
ne
recevoit qu'un faux
jtmr
par une espece de lucarne pratiquée dans le toit. Le
pere 4,e Lerne , que son grand age et .ses infirmités
avoient re1'ldu t,rop foible pour soutenir ces incom–
modités ,
y
fut pris d'une fieVre violente qui le mit
pendant plusieurs jours dans un grand danger.
La
cruauté des gardes ne diminuoit point , et ces cceurs
plus durs que les fers dont ils nous avoient chargés
1
ne s'ouvroient
a
aucun sentiment <le compassion et
d'humanité.
On
apprit
a
Seyde la nouvelle de notre emprison..
nement.
M.
Martín , consul
de
cette échelle, écrivit
une lettre tres - forte au defterdar ;
il
connoissoit
notre innocence , et de son propre mouvement
il
avoit agí pour notre délivrance aupres du ka1kié
~
3o .•