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LETTR:P:S
suivante. La heauté de son génie, et l'amabilité
rle
son caractere
s'y
<léveloppent parfaitement.
«
Seigneur, vous pouvez av<?ir envie de
lll.e
voi~,
>>
parce que vous ne me conn01ssez pas : mais m01,
»
parce que je me connois, je ne dois point avoir
»
envíe d'etre vn, et je vous proteste que je nP. mé–
>>
rite pas l'honncur que vous voulez me faire. Je
»
suis cependant si flatté du désir empressé que
)) vous me témoignez, que ne pouvant contenter
»
entierement votre curiosité, je veux du moins la
,, contenter en partie : si vous ne me voyez pas en
>>
réalité , vous aurez du moins la satisfaction de me
>
voir -en peinture. Voici rlonc au naturel le por–
»
trait du personnage qu'on vous a tant vanté. Ma
>>
taille est un peu au-dessus de la médiocre; j'ai la
»
tete grosse et le cou fort court. Mon regard est
»
fier; j'ai les yeux un peu plus qu'a fleur de téte,
»
le front large, la barhe épaisse, les couleurs vives,
»
le nez court et gros, mais il ne sied pas mal
a
»
mon visage. Ceux qui veulent un peu me flatter,
>>
disent que j'ai dans l'air et dans le port qnelque
»
chose de grand, et que je suis assez vénérable.
»
Ce que je puis dire avec vérité, c'est que mon
»
visage tient beaucoup de ces médailles antiques
»
que les Romains nous ont laissées sur nos mon–
))
tagnes, et ressemble fort
ta.
ces vieux rois qu'il me
»
souvient d'avoir vus peints sur les tapisseries. Me
»
voila trait pour trait tel que je suis. Jugez main–
»
tenant, Seigneur, si l'on peut avoir la curiosité
>>
de voir un homme
biti
de la sorte, et s'il doit
»
avoir lui-meme la passion de se montrer. Je crois
>>
vous servir en vous épargnant la peine de faire
>>
un voyage pour voir un pareil objet; nous
y
per–
»
drions vous et moi. ,,
Ce
fot
ainsi que le sage Ahunaufel élu<la la
pro–
position. On voit par cette lettre, qu'a la soli<lité de