ÉDIFIANTES
ET
CURIEUSES.
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l!t
satis V'erser des ]armes; el quand on lui reprochoit
cet exces de tendresse comme une espece de foihlesse
=–
tous les Chrétiens sont mes freres, disoit-il; n'est-il
pas naturel que je partage leurs peines? Oui, ajoutoit·
il ,
je
les porte tous dans mon <:reur; et dans
ma
mai~
son je i·essens , n1algré
l'
éloignement des lieux, tous
les coups qu'ils
re~0ivent
dans le bagne de
Constan~
t~op~ .
·
Les Jésuites n'ont jarnais eu d'ami plus sincere:
son amitié étoit foRdée sur l'estime singu]iere qu'il
faísoit
de
1-,.otre compagnie. Outre les grandes cha–
rités qu'il nous a faites, il n'a pas peu contrihué au
respect qu'ont les gens du pays pour la parole
da
Dieu,
etpour les missionnaires qui l'annoncent. L'exemple
d'un homrne de ce caractere et de ceLte autorité ,
étoit une
lo~
pour toüt ce qui l'environnoit. Sa de–
rneure étoit ordinairement
a
Agelton, d'ou il des–
cendoit quelquefois
a
A.utoura ' pour avoir le plaisir
. de converser avec nos peres, et de se mettre au fait
de l'état et des progres de la religion. Il nous auroit
honorés plus souvent de ses visites ; s'il eút suivi son
inclination ; mais il n'osoit que rarement qaitter les
montagnes, de peur de tomber entre les mains des
Turcs, qui sont ordinairement les plus forts dans les
villes , et qui sachant qu'il étoit le p1·btecteur du
christianisme, lui auroient peut-etre fait un mauvais
parti.
Comme tout le pays retentissoit du nom du grand
Abunaufel , un Turc puissant qui demeuroit dans
le voisinage des Drus<>s, eut envie de voir cet
ho1nme si célebre parmi les Chrétiens; il lui envoya
un expres pour Je prier de ne lui pas refuser cette
satisfaction, et de se trouver
a
un rendez-vous qu'il
lui.assignoit. Abunaufel craignit qu'on ne lui tendit
un piége;
íl
étoit trop sur ses gardes pour y tomber :
en homm.e
d'~s-prit,
il se défendit avec politesse de
c~tte
entrevue' .et il chargea l'envoyé de la lettre
,