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LETTRES
passoit
da.nstout le pays pom" un fort grand génie.
C'étoit effectivement un homme de tres-bon scns •
qui ne prit jamais aucun travers dans les affaires, et
qui savoit également et l'a1·t de se faire craindre , et
l'art de se faire aimcr. Les Vénitiens qui connoissoient
ses talens, lui rendircnt justice, et le prierent d'etre
leur consul. Ces témoignages d'estime et de con–
fiance que luí donnoient des étrangers , ne le ren–
dirent point suspect
a
son maitre. Au contraire, ils
le lui rendirent plus ·cher encore et plus précieux.
~e
prince des Druses , malgré la différence
d~
reli–
gion, l'honoroit comme son pere , et il le consultoit
comme son oracle : il lui laissoit le soin de lever ses
deniers sur les Chrétiens , et d'exercer
SHF
eux la jus–
tice. En lui les qualités du coour l'emportoient en–
core de heaucoup sur celles de }'esprit. Etabli, par
le choix du souverain, juge de son euple, il en éLoit
le phe par sa bonté. Elevé au-d
s des autres par
ses emplois ,
il
s'en rapprochoit par sa tendresse et
son affabilité ; il avoit le secret de faire respecter l'au–
torité sans la rendre odieuse, et de rendre mf!me
aimable le joug qu'il faisoit porter. Une tendre com.....
passion pour les malheureux faisoit son caractere
propre et particulier; elle sembtoit etre née avec lui.
U tenoit table ouverte , non-seulement pour les per–
sonnes les plus disting_uées du canton , mais pour
tous les passans, et
il
e.x:er~oit
envers eux une géné–
reuse hospitalité, Les pauvres
m~me
n'en étoienl pas
exclus : il les regardoit comme ses plus chers enfans;
il ne pouvoit se refuser
a
leurs hesoins; sa vigilance
les découvroit, sa libéralité les soulageoit, et la bon
té
de son cceur .le rendoit infiniment sensible
a
toutes
Jeurs miseres. Son zele pour tout ce qui intér
oit
la religion étoit inexprimable, et il suffi.soit
d'~tre
chrétien, pour avoirun droitacquis sursa tendresse.
U
ne pouvoit entendre parler des persécutions que les
Mahométans suscit©ient aux catlwliques, saru gé.mir