ÉDIFIANTES ET CURIEUS.ES.
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tandis qt1'ils avoient vécu parmi les Turcs. Ils comp–
toient qu'en les faisant passer dans un pays catho–
lique, nous les mettrions en situation de rentrer dans
le sein de l'Eglise, et de professer lihrement leur
ancienue religion. Ils se disoient tous deux Polo–
nois ; mais le nom dt: Chrétien qu'ils avoient porté,
suffisoit seul pour 1?'engager
a
travailler avec ardeur
a
leur salut et
a
leur délivrance ' et
a
mon retour?
j'eus le bonheur d'y réussir. Dieu jeta sur ces pauvres
misérahles un regard de compassion; il seconda ma
boune volonté , et me présenta un moyen facile de
ks sauver. Desvaisseaux véuitiens mouillereutalarade
voisine; les officiers vinrent chez nous par occasiou;
nous leur proposames de les recevoir sur leur bord;
ils accepterent la proposition, et les transportereut en
ltalie. Depuis que je suis
a
Antoura, Dieu m'avoit
déja fait la grftce de se servir de moi pour rprocurer
la liberté
a
sept
huit autres esclaves de différentes
nations.
Nos peres trouvoient autrefois de grandes facilités,
quand il s'agissoit d'exercer ces reuvres de charité;
ils avoieut une ressource assurée dans la générosité,
les aumónes, le crédit, les libéralités du fameux Abu–
naufel.
C'
étoit le Tobie de ces cantons : son nom
gravé par les mains meme de la reconnoissance, dans
tous les creurs de ses concitoyens, ne mourra jamais,
et toujours sa mémoire sera en béuédict.iou dans ce
pays. 11 est juste de faire couno'itre
a
l'Occident ce
Chrétien incomparable, dont l'Orient a si long-temps
admiré les vertus , et dont apres plusieurs années
il
pleure encore aujourd'hui la perte.
Ce grand homme étoit le plus riche et le plus con–
sid ahle des Maronites de nos montagnes. Né <laus
une condition privée , il avoit des sentin:1ens dignes
du tróne ; il étoit noble dans ses
fa~ons
, libéral au–
dela
de tout ce qu'on peut dire, et une magnificence
sans faste le dist.ingu9it de tous les autres grnnds. Il