411 / 542
384
LETTRES
Nous sommes ici presque aux portes de la -fameuse
Antioche oú saint Pierre établit d'abord et la Chaire
de vérité et le SiégP. apostolique. Vous savez
que
cette ville
fnt
la premiere de toutes les villes de
l'univers qui eut le. houheur et la gloire de voir na1tre
dans son sein des adorateurs fideles , et de renfer–
mcr un peuple chrétien dans l'enceinte de ses murs.
Docile
a
la voix des apótres, ils luí u·ansmirent
leur
esprit, elle en snivit les reglemens ; ce fut d'eux
qu'elle apprit la maniere de céléhrer les fe tes , et
toutes les autrcs pratiques de la religion. Bientót
toutes les villes d'ale.ntour se formerent sur elle; et
comme Alep ( autrefois appelée
Hiéropolis
et en–
suite
Béroué)
en est la plus proche, c'est de toutes
les villes d'Asie celle qui s'est conformée le .plus
exactement et le plus religieusement
a
ses traditions
et
a
ses coutumes.
Elle a
meme cet avantage sur
toutes les autres , que jamais l'exercice de la reli–
gion n'y a été interrompu ; c'est ce qui rend ses
tra<lition plus sftres et ses pratiques plus respec–
tahles. Qnoi qu'il en soit , on
y
obsen·e un jeune
fort austere, et l'on
y
fait
un
carerne
fort
rigoureux.
Les Nlaronites suivent l'usage de 'église romaine;
mais les Grecs, les Arméniens, les Suriens ne com–
menc nt
a
manger ou
a
boire qu'a trois heures apres
mi
di ;
ils ne mangen
l
ui
poisson , ni fromage , ni
beurre ' ni lait '
ni
huilc' et
a
l'abstinem:e de
ces
mets , les Arménie11s ajoutent encore celle du vin.
Au reste ,
ou
ne parle jamais de dispense : les en.fans
de dix
a
<lom.e ans ' les vieillards de soixaute-dix
a
quatre-vingts ans , jcl'ment comme les autres ;
les
nourrices et meme les femmes enceintes se croient
assujetties aux
m~mes
lois , et l'on ne voit point
qu'il en arrive aucun accideut facheux. Enfin , ils
sont persuadés que nnlle incommodité ne peut dis–
penser de cette ohligation. Malades
a
l'extrémité,
s'ils sont obligés de prendre
quelqi~e
nourriture pour
se