Table of Contents Table of Contents
Previous Page  408 / 542 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 408 / 542 Next Page
Page Background

ÉDIFIANTES ET CURIEUSES.

381

qnand il le dénonce et l'accuse d vant le cadi, cet

équitable juge répond

a

l'accusateur

a

peu pres en

ces termes:

«

Il est vrai qu'il t'a maltraité , mais le

pauvre homme jeune. Voís son visage , il fait pitié ;

il <::st si foible qu'il mourroit

ati

premier coup de

Mton. Le jeune nous aífoiblit le corps et l'esprit,

je ne '5ais presque oú j'en suis moi-meme: la défail–

lance nous fait tourner la

t~te;

il étoit apparemment

a

demi-fou quand il t'a

fait

ce manvais traitement.

Que veux-tu que je lni fasse? Je t'en fais toi-meme

le juge

:

le voil:l sans forces et presque pret

a

tomber

de fuiblesse. Veux-lll que je le fasse expirer sous les

coups ? Ce seroit une cruauté.

n

L'accusateur , si

c'est un Chrétien, fait semblant d'etre persnadé par

ces raisons, et s'il n'est pas satisfait de ce procédé,

il a du moins la consolation de s'etre plaint. Si c'.est

un Musulmam, il est plus que convaincu de la soli–

dité des raisonnemcns du cadi , parce que lui-meme

joue dans la comédie le personnage de jetmeur. Ainsi

se terminent communément les proces dans ce temps

de pénitence , surtout si l'accusé trouve le moyen

de faire passer secretement quelque somme d'argent

entre ]es mains de son juge : cette somme attire

infailliblement la compassion sur son épuisement et

sa prétendue foiblesse. Il se trouve cependant queJ–

quefois des gerrs de mauvaise humeur , qui ne se

contentent pas de ces raisons, et qui veulent abso–

lument une satisfaction proportionnée ; mais qnel–

quefois aussi ils en sont mauvais marchands, et c'est

ce qui arriva le careme passé.

.

Un Tmc traduisit devant le tribunal public un

autre Ttuc , dont il avoit re9u un affront sanglant.

Le juge gagné penchoit vers la clémence ; et pour

~Lre

autorisé

a

ménager le coupable qu'il protégeoit

et qu'il vouloit sanver , il

fit

beaucoup valoir la

raison tirée du jeúne. Elle ne parut pas

a

l'accu–

sateur une raison suflisante, il s'obstina

a

soutenir