ÉDIFIANTES ET CURIEUSES.
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anglais, zélé pour sa secte,
fit
imprimer
&
grands
frais un catéchisme de sa
fa~on
: il prétendoit faire
~
couler, dans l'esprit et le creur de tous
les
Chré–
tiens , le poison dont
il
étoit rempli; mais ou le
foula aux pieds, on le déchira, on le bríHa , sans que
les missionnaires fussent obligés de se donner pour
cela le moindre mouvement. Les Chrétiens de toutes
les nations de l'Orient ne savent ce que c'est que de
douter de la réalité du corps de J ésus-Christ dans
l'eucharistie; et ils ont un si grand attachemeut pour
lcurs jeí'mes et leurs caremes, qu'ils mourroient plu–
tót que d'y manquee. Ils ont aussi re!fu d'Antioche,.
leur voisine et leur ma1tresse dans la foi, la coutume
de prier pour les morts.
J.
..'invocation des saints, et
en particulier de saint
Geor~e,
leur est si chere et
si précieuse , qu'ils se fer01ent plutot hacher en
pieces que d'y renoncer. On ne peut ríen ajouter
a
la vénération profonde que les Turcs memes ont
pour Marie : ils l'appellent la mere du grand pro–
phete Jésus, et en cette qualité, ils la réverent jus–
qu'a
faire empaler les Juifs qui osent blasphémer
contrc elle. Qucl étrange contraste! Des hommes nés
dans le sein du
christianism~
refusent
a
Marie des
honnenrs que lui rendent les plus implacables enne–
mis du nom chrétien.
Au reste, le respect des Musu]mans ne se borne
pas
a
la.mere de notre Dieu; le sépulcre du Messie
est un des termes de leurs pélerinages de dévotion :
on regarde ceux qui ont visité les sépulcres des deu.x:
propl1etes, comme des hommes d'une piété extraor–
dinaire; et
a
ce double pélerinage sont attachées des
marques de distinction: c'est uu saint, dit-on, il a
été
a
Jérus3:lern et
a
la
Mecque. Un de nos mar–
chands qni a demeuré long-temps dans la cité sainte,.
et qui avoit vu plusieurs fois de ces pélerins turcs,
m.7a raconté qu'ils. alloient sur leurs genoux, et se
tra'inoient
a
terre depuis la porte jusqu'au saint
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