Table of Contents Table of Contents
Previous Page  412 / 542 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 412 / 542 Next Page
Page Background

EDIFIANTES ET CURIEUSES.

385

se soutenir dans leur foiblesse, en rompant le jet"me,

jamais ils ne rompent l'abstinence. Si par hasard ils

ont mangé un ceufpendant leur maladie , c'est, selon

eux , un péché presque impardonnable , dont ils

n'osent se confesser, et dont on a bien de la peine

a

lenr donner l'absolution. Un médecin qui, au com–

mencement du careme, viendroit leur défendre de

jeuner , ou lem· ordonner de faire gras pour con–

server leur préeieuse santé , ne feroit pas fortune ;

on le regarderoit , je ne dis pas seulement comme

un prévaricateur , mais comme un rnonstre , et

comme un ministre du démon : on en auroit hor–

reur, et on le fuiroit. Voila jusqu'oú les Orientaux:

portent la sévérité dans les sentimens et dans la

pratique.

Vous me demanderez maintena11t comment font

)es Anglais et les Hollandais. Ici , comme ·en Hol–

lande et en Angleterre , ils n'observent ni jeúne, ni

abstinence , mais on en est scandalisé : les gens du

pays disent qu'ils ne sont pas chrétiens, et les Turcs

eux-memes les regardent comme des gens sans reli–

gion. Ils sont quelquefois sensibles

a

ces reproches,

et ne pouvant les soutenir , plusieurs d'entre eux ,

pendant le careme, ne mangent de la viande qu'en

secret. Ceux qui sont de bonne foi , avouent qu'ils

sont fort étonnés de voi.r que la religion de tous les

Chrétiens d'Orient ne ressemble presque en rien

a

celle dont ils font profession. Cette différence mar–

quée nous donne un grand avantage sur eux. C'est,

leur disons-nous , e' est aux temps heureux du chris–

tianisme naissant que vous voulez qu'on remonte .

pour justifier les traditions ; c'est aux quatre pre–

miers siecles de l'Eglise que vous en appelez : de–

mandez

a

tous ces p euples qui vous environnent '

ils vous répondront que dans toutes leurs pratiques ,

qui

~ont

les nótres , ils ne suivent que les traaitions

apostoliques ; traditions

qu'ilj

ont re9ues de la

fa-

T. l.

25