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LETTRES
sépulcre; qu'avant d'y entrer ils ótoient la laisse de
leur turban ( c'est chez eux une marque d'ignominie–
quand on le fait par force , et une marque de respect
quand on le fait volontairement); qu'ensuite ils se
prosternoient
#;
qu'ils faisoient des inclinations pro–
fondes, et qu'ils frappoient de lt:ur tete le pavé. Ce
spectacle, ajoutoit-il, m'a toujours édifié , et m'a
quelquefois attendri jusqu'aux. larmes. Le Grand–
Seigneur
lui-m~me,
parmi tous les titres pompeux
et magnifiques qu'il prend dans les ordres qui éma–
nent du tróne, se fait toujours gloire de prendre
celui de protecteur et de conservateur de la cité
sainte de
J
érusalem. C'est une consolation bien sen–
sible, pour de pauvres Chrétiens captifs, de voir
leurs
or~:neilleux
ma'itres• faire tant d'honneur au
Dieu qu'1ls adorent: aussi croient-ils fermement tous
les articles de la foi, tandis que des Chrétiens d'Eu–
rope se font quelquefois un malheureux plaisir de
se tourmenter par des doutes éternels et affectés. Je
m'écarte un peu de mon sujet, mon révérend pere;
mais pardonnez
a
mon zele cette petite digression.
Je reviens
a
la maniere dont nos Chrétiens célehrent
la
paque.
Ils appellent le jour de la Résurrection, le jour de
la grande fete, ou simplement la grande fete. Les
Grecs, les Suriens, les Arméniens , les Maronites,
tous enfin , soit hérétiques , soit schismatiques, soit
catholiques, tous observent les
m~mes
pratiques;
tous font trois jours de fete consécutifs comme en
Europe , et comme en Europe la solennité com–
mence des
le
samedi-saint ; ils ne jetl.nent pas la
veille de Paques, parce que jamais ils ne jefment le
samedi. Les Arméniens commencent meme
a
man-:–
ger de la viande des ce jour-la, ap1·es le soleil cou-:–
ché. 11
y
en eut un qui s-'étant confessé
a
notre su-:–
périeur, apres avoir abjuré son schisme, lui prumit
.qu'iJ n'
en
mangeroit que le
len.demain ,
pQur
se