LETTRES
En voila assez , mon révérend pere , pour faire
sentir la différence qui se trouve entre notre ca–
réme et le ramadan, entre les solennités turques et
les solennités chrétiennes.
A
ne jnger des deux reli–
gions que par cet eAtérieur , la nótre l'emporteroit
de
beaucoup dans
l'
esprit de tout homme sensé et–
raisounable. L'innoceuce, la piété, la décence, tout
parle en sa faveur. Je ne crains point que ces petits
détails circonstanciés vous fatiguent ou vous en–
nuif!nt;
on
est si curieux en France des moinclres
hagatelles qui viennent de
l'étrang~r:
les coutumes,
la rdigion, les mreurs piqueroient-elles moins notre
curiosité?
Nos peres d'Alep ont toujours le meme succes
dans leurs missions; la moitié de la nation surienne
est
déja
caLholique, et nuus nous flattons que dans
peu d'années tous les Suriens
d'
Alep seront réunis
au
bercail de l'Eglise. Les Arméniens et les Grecs
reviennent aussi tous les jours de leurs erreurs. Ne
méprisons point ces
conqu~tes,
mon révérend pere;
elles ne sont quelquefois rares , que parce qu'elles
sont extrememe11t difficiles, et si qnelqu'un 'étoit
tenté de les mépriser, faites-le son enir, je vous en
conjtue,
de
ce que
<lit
un saint docteur, qu'il
est
plus ai é d'éclairer des milliers d'idolatres, et de tou–
cher des milliers de pt<cheurs, que de persuader
un
hérétique , et
~1e
le retour sincere d'un sc..hismatique
est une espece
de
prodige.
Ce prodige se renouvelle cependant tous les jours
~ous
nos yeux, et nous avons la consolation de voir
de nouveanx convertis fermes et inébranlables dans
la
foi,
la confesser pnhliquement et généreusement.
11
y
a
quclques jours qu'un Surien, qui venoit
de
faire son abjuration, fut interrogé sur sa religion
par un patriarche schismatique. N'es-tu pas Franc,
lui dit le prélat? La question ét
sceptible d'am-
higuité et
.d'équivoque : par
le
de Franc on