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LETTRES
qui étoient appelés
a
la vie religieuse. 11 préféra
pour
lui la vie des anachoretes , et gouverna ceux qui em–
brasserent le
m~me
genre de vie. 11 choisit pour sa
de~eure
personnelle une grotte qui n'étoit qu'un
creux ou un homme
a
peine pouvoit se tenir dehout.
C'est dans ce creux, qu'il prenoit un peu de repos
pen~
dant la nuit. 11 n'avoit pour lit que la dureté des ro...
~hers,
et des légumes pour sa nourriture: il ne laissa
pas de vivre jusqu'a l'age de quatre-vingt-quatorze
ans , sans avoir jamais adouci
l'
austérité de sa vie. En·
fin sentant sa fin approcher , il assembla ses clisciples.
n
leur.
fit
un tres-pathétique discours pour
exhor~
ter
a
vivre toujours dans une union parfaite' dans la
fuite du monde , dans
la
communication avec Dieu
seul , dans les je{mes , et dans la pratique exacte des
reglemens de la vie solitaire qu'ils avoient embrassée.
Pendan t que le saint abbé leur parloit en termes
plcins de dévotion , ils fondoient en larmes , et la
grotte du mourant , qui étoit couché sur une simple
natte , retentissoit de leurs soupirs. Ils luí deman–
dt:rent sa bénédiction. 11 la leur donna, leur disant
que par la miséricorcle de Dieu , il seroit pour tou–
jours témoin de leur fidélité
a
son service.
Il
se
fit
ensuite réciter des psaumes ; et pendant qu'on pro–
non~oit
ces paroles :
Je dormiraí et je me reposerai
dans le Seigneur
, il rendit paisiblement son
ame
entre les mains de son Sauveur.
Ainsi mourut le saínt abbé Sabas plein d'.années
et de mérites. L 'empereur Justinien, qui avoit pour
lui l'amour d 'un fils pour un pere_, donna de sen–
sibles marques de sa douleur sitót qu'il apprit sa
mor t.
Les miracles qu'il plut
a
Dieu d' opérer. apres
s.ondéces , sont autant de preuves publiques de la sam–
teté de son serviteu.r , pere d'un grand
norobr~
d' anachoretes. On nous
fit
voir une fontaine ,qui
porte son nom,
parce
qu'on prétend que ce
fut
a
sa