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LETTRES
qui y avoient
été
inhumés ; je ne trouvai qui que
ce soit , et je ne découvris aucun vestige qui pút
m 'en donner connoissance.
Le temps du départ de la caravane approchant ,
je profitai de ma derniere journée pour aller visiter
le célebre monastere de saint Sahas. L'amour
qu~
ce saint solitaire avoit pour la so]itude et la péni–
tence
~
lui
fit
chercher un lieu de retraite. Les déserts
les plus affreux étoient ceux qu'il ainioit ; c'est ce
qui lui
fit
choisir pour sa demeure la montagne oú
est aujourd'hui son monastere.
Cette montagne est
a
trois lieues de Bethléem,
-et
a
cruatre de .Jérusalem. Elle est
fort
Jongue et
pl.eine de rochers qui s'ouvrent en une infinité d'en–
droits ; ces rochers creux avoient déja serví de cel–
lules et d'oratoires
a
plusieurs anachoretes avant
saiut Sabas. ·
Le torrent de Cédron , cou]e au pied de cette
montagne. La
vi,ie
du torrent qui rappelle Je sou–
venir du commencement de la passion du Sauveur,
J>arut tres- propre
a
ce saint solitaire pour entretenir
dans son cceur l'amour de la pénitence.
Il n'avoit que dix-huit ans, lorsqué le désir de'
se donner
a
Dieu lui
fi.t
prendre la résolution de
quitter son pere et sa mere qui l'aimoient unique–
ment , et d'entreprendre le pélerinage de
J
érusalem.
11 se retira dans le monastere de saint Elpide. J.Jes
vues que Dieu avoit sur ce jeune homme,
parure1~t
si claires au saint ahbé ' qu'il jugea
a
propos de l'en–
voyer
a
saint Euthime , qui avoit reyu du ciel le ta–
lent
de
conduire les ames
a
la perfection ou le Sei-
gneur les appeloit.
·
Saint Euthime reconnut bientot dans le jeune
Sa–
has de grandes dispositions pour s'avancer dansJes
voies de Dieu. 11
fit
en e.ffet sous un si bon ma!tre
de grands progres dans la vertu. Elle croissoit
a
pro-
• p ortien que son amour pour la solitude, pour l'ahs-