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LETTRES
Nous vimes dans ce champ le puits d.e Joseph,
ou
ses frcr<'s le jelereut: le 1wm luí en est demeuré.
11
.est cou ert d'un petit dóme soutenu par quatre pe–
tites colonnes de rnarhre. Nous continuames notre
marche en chel·cbant Capharnaüm. A peine pumes–
nous reconno'itre la place de cette malheureuse ville,
qui est presque rez-terre. On n'y voit que des
mor–
ceallx de co}ounes, des restes de frises, et des cha–
pi
teaux,
qui
paroisse11 t avoir é té bien travaillés.
Ce sont autant de témoins de la colere de Dieu
contrc cette ville dont les crimes excitoient continuel–
lement la vengeai1ce du Ciel. Son malheur vint de sa
trop gruid.e prospérité. Tout y contrihuoit. Sa situa–
tiou étoit
d .
plus he11reuses. Elle étoit sur les bords
agréable de la
m
r de Tibériade, et s'étendoit
a
son
orieut sur
1
pen
hant d'une belle campague. Elle
avoit en abondance tuut ce qui étoit nécessaire
a
la
vie: car la mer d'un coté lui donnoit des poissons
de
toute espece et en grand nombre, et de l'autre, le
plat pays lui fourni ssoit tout ce qu'elle pouvoit sou–
haiter de plus délícienx. Elle voyoit arriver conti–
nuellement chez elle des voyageurs. de diverses
na–
iions,
qui
s'y rendoient pour jouir de ses douceurs
et
de
ses agréme11s. Tant d'avantages rendirent les
creurs de ses habitans si m ous et si sensuels , qu'ils
c;leviurent inseusibles aux
paro
les du Sauve'ur et
a
ses
mirad s , qui auroient converti les villes de Tyr et
de Sidon (
1 ).
Je m'arretai plusieurs fois
a
considérer les eaux
de.lamer de Tibériade. Je me représentois avec une
joie que je ne puis exprimer, cette heureuse barque
úu
Notre-Seigneur étant avec ses disciples, calmoit
les flots de cette Iner orageme , et leur faisoit faire
une peche si abondante, qu'ils en furent
étonn~~·
Cette mer peut avoir trois lieues de largeur, et hmt
ou neuf de longueur.
(1)
S. l\fathieu, XI,
.21.