ÉDIFIANTES ET CURIEUSES.
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vice <;les catholiques romains. Ses paroissiens , ins–
truits de notre arrivé.e, vinrent nous saluer chez leur
curé. Ils nous
re~tuént
tous avec beaucoup de bonté
et de charité.
·
Ilsnouspárlerent de la mission que le pere Jacques–
Xavier Portier leur avoit faite il
y
a quelques am;iées.
Nous en aurions besoin d'une seconde
~
nous difent–
ils;
s'i°l le savoit
~
il n:endroit bientot
a
notre se–
cours; car il avoit un grand zete pour notre salut.
Nous nous engageames
a
leur procurer la nouvelle
mission qu'ils désiroíent. Nous leur dimes
la
messe
le lendemain matin. Ils
y
assisterent en grandnombre,
et avec une dévotion qui nous charma. Comme nous
ne savions ni le grec vulgaire , ni leur italien cor–
rom:pu , nous ne púmes leur faire aucune instruc–
tion. Nous leur dimes seulement quelques mots par
interprete.
Apres vingt-quatre heures de séjour dans cette
ile, uous primes congé du curé, qui voulüt nous
conduire avec ses paroissiens jusqu'a notre vaisseau,
en nous conjurant de revenir bientot dans leur He.
Nous nous embarquames en leur présence, avec
un si bon vent, que nous fimes quarante lieues en
moins de douze heures. Nous arrivames le
16
fé–
vrier aux Hes de. Spalmadori , apres nous
~tre
trou–
vés
a
\me portée de canon de l'lle de Scio. Mes
deux compagnons jésuites avoient une aussi grande
passion que moi de voir cette lle , pour
y
étre té–
moins de tout ce que nous avions appris de la fer–
veur des catholiques qui
·y
habitent. Mais nos désirs
ne pu:tent alors f!tre satisfaits. Nous continuames
notre route pour sortir de
l'
Archipel, et pour entrer
dans la Natolie en Asie.
Jusqu'a présent j'avois cru qu'en quittan.t la France
nous trouverions au Levant un été continuel , et
des chaleurs qui ne seroient que trop grandes; mais
l'expérience nous_convain.quit du contraii::e, cal' nous