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LETTRES

de leur o-harité pour nous. Nous étions en

hiver ;

mais l'air étoit aussi doux qu'en été.

Le vent nous étoit favorabl

e. Le so

leil brilloit de

toutes parts , la surface de la mer.en étoit toute lu–

mineuse. Une troupe de dauphins sentant la douceur

de l'air' jouoient ensemble

a

la proue de notre vais.–

sean. Nous les voyions s'élever en l'air sautani hors

de l'eau. Pendantun assezlong ehemin

no~s

jouimes

de ce divertissant spectacle. Uu changement de temps

nous le fit perdre. 11 s'éleva un grand vent ; mais

heureusement le vént étant en arriere, il nous fai–

soit avancer avec une si grande vitesse, que s'il eut

~ontinué

il nous auroit rendus en quatre jours

a

Smyrne.

La. nuit qui suivit nous écarta de notre route ;

bien loin d'approcher de Smyrne; nous fümes obli–

gés de relacher

a

l'ile de Sapienza.

Cette ile est

a

la poiute de la Morée du c0té du

midi.

Elle n'est éloignée que d'une lieue de mer de

la

ville de Modon , capitale de la province de Be–

tuederé dans la Morée.

Cette roer étant souvent infestée de corsaires, nos

gens n'oserent quitter le vaisseau pour aller voir la

ville de Modon. Nous nous contentames de mettre

pied

a

~erre

pour aller prendre un nouvel air dans

l'lle. Nulle curiosité n'y doit attiFer des voyageurs :

car on n'y .voit ni ville , ni villages , ni maisons ;

quelques Arahes gardant leurs chevres sont les _seuls

hommes qu'on y rencontre. Ils ont creusé des rochers

pour y babiter eux et leurs troupeaux , et ils

y

vivent

en sauvages.

·

Me promenant un jour dans cetté ile avec un de

nos voyageurs , nous aper9times deux de ces hommes

qüi vertoient

a

nousavecunevitesse étonnante, per!{ant

des buissons tres-épais, et grimpant des rochers avec

la

légereté de leiú·s chevrés. Lem figure étoit aussi

haxbare que leurs vetemens. Ces d:eux hom1nes étoient