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LETTRES
du matin. Nous cotoyai:nes la Morée,
d'oi1
nous
n'étions éloignés que ele trois ou quatre lieues.
N_ous passames assez pres de Coron; nous dou–
blames le cap de Nfatapan; le
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nous nous trou"7
vames ala pointe du jouF entre Cerigo et le cap Saint–
Ange; et quelque temps apres
nou~
découvr1mes
Malvoisie, que l'on dit etre la meilleure place de la
Morée.
.
Cette ville s'appeloit autrefois
Epidaurus.
Elle est
située sur un grand rochér , au pied duquel com...
menee le golfe de Napoli de Romani. La cote orien–
tale par ou l'on descend du rocher jusqu'a lamer,
produit cet_ excellent vin de j\llalvoisie, dont le nom
fait l'éloge.
Nous sortimes enfin de la Morée pour entrer d<Q'ls
_l'
Archipel , laissa11
t
a
notre droite le royaume de
Candie.
,
Jusqu'a présent nous avions eu un temps presque
aussi chaud qu'en été; mais tm grand vent de bise
s'étant élevé tout a coup , nous
fit
sentir un froid
extreme.
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fallut chercher nos capotes et nous en
couvrir. Les cotes <l.e
la
Morée qui é.toient couvertes
de.neige, nous envoyoient le froid que nous sentions:
mais au froid pres , nous nous trouvions hien de ce
vent , qui nous devoit faire débarquer le lendemain
m~.
port de Paros,
a
une lieue de Naxie.
Par malheur pour nous,
il
ne continua pas. Notre
capitaine. se crut oblige de relacher
a
Argentaría ,
petite ile del'Archipel, située entre Milo et Siphanto.
Son port est assez bon ;
a
peine y e11mes-nous jeté
l'ancre, que deux Grecs de l'ile nous ahorderent
<\'un air gracieux. Ils nous dirent qu'ils venoient nous
faire coinpliment de l"' part du consul de France sur
notre arrivée , et nous offrir des rafraichissemens.
Nous
re~
1lm.escette politesse avec les remerdmens
qu'elle méritoit, et nous crúmes qu'elle nous obli–
geoit d'aller
.nous-m~mes
remercier le consul dans