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LETTRES
Le pere Joseph de la Thuillerie
fut
I'alné: sa dou–
ceur, sa patience inaltérable, sa charité, sa modestie,
son humilité , jointes
a
un caractere de sainteté, pa–
roissoient sur son visage , avec un certain air gracieux
qui lui étoit naturel. Toutes ces vertus le faisoient
aimer, révérer et rechercher de ceux qui avoient le
honheur de le connoitre; chacun vouloit l'avoir dans
sa máison pour y faire <les conférences; les catholiques
avoient grand soin de s'informer des
li~ux
ou
il
de–
voit aller , pour s'y rendre ; les assemblées étoient
t~mjonrs no~breuses.
Il avoit un talent rare pour cou–
cilier les esprits et entretenir l'union dans les familles;
il avoit meme le don de se rendre agréable aux maho-–
métans , de les porter aux vertus morales , et de
leur donner de la vénération pour notre sainte loi. 11
établit lacouturne que nous observons encóre aujour–
d'hui, de précher dans notre maison les fetes et les
dimanches.
·
C'est aux instructions de ce fervent missionnaire,
que nos catholiques sont redevables de l'usage édifiant
ou
ils sont d'approcher souventdes sacremens depé–
nitern¡e et d'eucharistie. Il cultiva cette mission pen–
dan
t
l'
espace de ·dix ans , avee un zele et une'charité
universelle qui luí gagnoit tous les creurs, dont
il
faisoit
ensuite ce qu'il vouloit.
Enfin, ayant été choisi pour etre supérieur-général
de nos missions en Syrie, il tomba malade en arrivant
a
Seyde. Les fatigues de son travail continuel
a
Da–
mas, eurent beaucoup de part
a
sa derniere maladie ,
qui nous priva d'un si excellent homme et d'un si bon
supétieur. 11 mourut en odeur de sainteté ; ceux qui
l'ont connu nous en parlent encore tous les jours
comme d'un saint , qu'ils ont vu et qu'ils ont eu lo
honheur d'entretenir.
Dieu lui accorda avant sa mort la consolation de
voir et d'embrasser son cher frere J acques-Joseph de
la Thuillerie , qui vint de France pour partager avoc