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LETTl\ES
La violence du mal lui ayant oté l'usage de la rai–
son, je mis sur sa tete une relique du hienheureux
Regis, et la présence d'esprit lui revint au meme
moment. 11 l'employa
a
former des actes d'amour de
Dieu, d'espérance en ses miséricordes, avec lesquels
il expira.
Notre frere Jean Marthe mourut avant ce cher
missionnaire , et apres avoir re9u ses derniers sacre–
mens. Ce cher frere avoit obtenu la permission d'ac–
compagner ceux qui assistoient les pestiférés, pour
les soulager. Une mort précieuse fut sa récompense.
Sa vocation aux missions avoit eu quelque chose
,<l'
extraordinaire.
,
11 étoit inarchand jouaillier
a
Paris , et avoit fait
'tm
voyage dans le Levant, pour
y
chercher quel–
ques curiosités. E1ant
a
Damas, il fit connoissance
avec nos missionnaires qui sout en cette ville. Qu'el–
-que temps apres, étant de retour
a
Paris, il s'adressa
au pere Fleuriau pour obtenir la grace d'entrer dans
;notre comp<lgnie , et de venir ensuite en ce pays
servir nos missionnaires. Le pere Fleuriau l'envoy/
a
notre noviciat d'Avignon. Apres
y
avoir doll-né
pendant une année entiere des preuves d'une vertu
solide'
cm
lui permit de revenir ici. 11 a passé sept ou
huit ans avec nous, édifiant tout le monde par l'exer–
cice des vertus de son état. 11 aimoit le travail , ne
se refusoit jamais aux ouvrages les plus durs et les
plus abjPcts. Sa charité le rendoit tres-aimable , et
sa dévotion' jointe
a
son humilité' le faisoit estirqer
de ceux qui le connoissoient.
Nos pretres grecs et maronites, qui se sont pareil–
lement exposés avec générosité
a
la contagion, nous ·
ont fait l'honneur d'assister
a
leurs funérailles. Quel–
q:ues-uns d'eux , et des peres de la Terre - Sainte ,
religieux de l'ordre de saint Fran9ois, ont eu aussi
la gloire de cueillir les palmes du martyre de la cha.–
rité. Je n'ai pas mérité, mon révérend pere; que